Crédits : Richie Boren.

La Société Française d’Ecologie et d’Evolution (SFE2) vous propose le deuxième épisode (R113) du Regard de Harold Levrel, Professeur d’Economie à AgroParisTech et chercheur au CIRED, sur la confrontation entre humains et pinnipèdes dans les socio-écosystèmes côtiers californiens. A la suite du Regard introductif R112, celui-ci expose les premières réponses des gestionnaires au réensauvagement récent de ces socioécosystèmes par les pinnipèdes.

MERCI DE PARTICIPER à ces regards et débats sur la biodiversité en postant vos commentaires et questions sur les forums de discussion qui suivent les articles; les auteurs vous répondront.

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Socioécosystèmes côtiers sous pression:
Quelle cohabitation entre grands mammifères terrestres et marins ?

Harold Levrel,

Professeur à AgroParisTech et à l’Université Paris-Saclay, Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED)

Partie 2 : Premières réponses des gestionnaires
au réensauvagement des socioécosystèmes côtiers

Regard R113, édité par Anne Teyssèdre

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Mots-clés : Pinnipèdes, réensauvagement, Californie, socio-écosystèmes côtiers, conflits, gestion, comportement, communication, organisation.

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Résumé

Ce ‘Regard’ publié en plusieurs parties explore les impacts de l’augmentation régionale des populations de deux espèces de pinnipèdes – le Lion de mer de Californie Zalophus californianus et le Phoque commun Phoca vitulina – sur les socioécosystèmes du littoral californien, distingués selon quatre grands types : les plages urbaines, les ports de plaisance, un fleuve, l’écosystème marin côtier.

Dans cette seconde partie, nous détaillerons les premières solutions, principalement techniques, testées par les acteurs humains ou gestionnaires dans les quatre types de socio-écosystèmes pour faire face à ces nouvelles interactions. Nous expliquerons pourquoi ces initiatives se sont révélées inefficaces, en pointant les capacités d’adaptation des pinnipèdes et la protection juridique dont jouissent ces mammifères marins (à l’échelle fédérale) aux États-Unis.

Étape 2 : Premières solutions expérimentées par les acteurs locaux

1. Premières solutions expérimentées dans les ports

Dans un premier temps, les gestionnaires de ports ont essayé différentes méthodes, souvent inspirées d’expériences d’effarouchement de populations d’oiseaux ou de mammifères menées dans des territoires agricoles. Ainsi au début des années 2000 sont déployés des airs dancers*, des barrières physiques, des systèmes de jets d’eau, des flashs lumineux, des cornes de brume, etc. (Fig.1a et 1b). Si ces méthodes fonctionnent pendant un temps, les lions de mer s’y habituent très vite et en font peu de cas après quelques journées seulement. Ils se déplacent par ailleurs assez rapidement dans le port et trouvent toujours un moyen de monter sur d’autres pontons. Faute de trouver des solutions efficaces, et d’une situation qui continuent à se dégrader, de plus en plus de gestionnaires font appel à des entreprises de sous-traitance mobilisant du personnel dont la seule fonction est de faire fuir, nuit et jour, les lions de mer hors des infrastructures portuaires au moyen de flashs lumineux et de jets d’eau. À 75$ de l’heure le service, le coût à supporter pour les ports devient vite trop élevé.

Du côté des propriétaires de bateaux, diverses solutions sont utilisées pour mettre en place des barrières physiques (Figure 1) : kayak, corde, filet, chaise en plastique ou tout autre objet pouvant représenter un obstacle sont installés sur les bateaux. Le problème est que cela en entrave aussi souvent l’accès aux propriétaires, qui passent beaucoup de temps à installer et désinstaller ces dispositifs.

Fig.1a

 

 

 

 

 

 

Fig.1b.
Figures 1a et 1b : Systèmes d’effarouchement et de protection bricolés en vue d’empêcher l’accès des pinnipèdes aux pontons (air dancers*, Fig.1a) ou aux bateaux (Fig.1b). Crédits : E.I. Ritchie et Newport Beach Harbor Resources Division

 

Les obstacles sont par ailleurs, là-encore, vite contournés par les lions de mer (Figure 2).

Figure 2 : Les premières protections bricolées sur les bateaux (et pontons) sont peu efficaces. Crédits : Rich Boren

 

Le marasme gagne les ports californiens, à une exception près : le Pier 39 de San Francisco. Celle-ci est liée à la chronologie de cette colonisation. San Francisco se remet en effet début 1990 de l’impact du tremblement de terre qui a eu lieu le 17 octobre 1989 dans la baie, conduisant au décès de 63 personnes. Au-delà de l’impact humain, ce sont les conséquences économiques qui sont particulièrement dures pour la population avec la forte baisse du nombre de touristes. L’arrivée de centaines de lions de mer dans le Pier 39 apparaît alors comme un signe d’espoir pour la population locale et amène un nombre croissant de journalistes à réaliser des documentaires sur San Francisco. Cette colonisation rapide va ainsi attirer les curieux, puis la presse californienne, nationale et enfin internationale…

Après avoir dans un premier temps cherché sans succès à déloger les pinnipèdes, les responsables du port comprennent vite qu’au-delà des problèmes logistiques et techniques que va leur poser la gestion de cette nouvelle espèce, ils doivent aussi tenir compte de la dimension sociale du phénomène. Ils vont donc très rapidement et de manière volontaire accepter de donner une grande place aux lions de mer dans ce socioécosystème*, en leur abandonnant une quinzaine de pontons pour leur seul usage. Les gestionnaires du port proposent simultanément des solutions de relocalisation pour les propriétaires de bateaux, le plus souvent très contents de s’éloigner de ces indélicats voisins.

2. L’histoire des solutions expérimentées sur les plages

En 1993, alors que les phoques communs deviennent de plus en plus abondants à La Jolla, une réserve marine (Seal Rock Marine Mammal Reserve) est créée à l’initiative de la ville de San Diego et sous l’égide de la CCC*, pour mieux protéger cette espèce. Il s’agit d’un espace de quelques centaines de mètres carrés entourant un îlot rocheux où les phoques aiment se reposer, et qui a l’avantage d’être situé à quelque distance de la côte. Cette stratégie aurait pu conduire à voir les phoques s’installer de manière pérenne sur ledit rocher et laisser la Children’s Pool aux populations humaines. Mais ce n’est pas du tout ce qui va se passer. En effet, la population de phoques augmentant, les individus manquent de place et, comme ces derniers détestent se toucher, ils ont besoin de nouvelles zones de repos qu’ils vont aller chercher sur la Children’s Pool toute proche.

Des problèmes de contamination organique apparaissent simultanément. Une interdiction de baignade est publiée le 4 septembre 1997 du fait de la présence de bactéries coliformes d’origine fécale dans l’eau. Cette fermeture va se prolonger jusqu’en 2003 et laisser plus de place aux phoques et à leurs petits, qui vont en profiter pour s’installer de manière pérenne. En 1999, la NOAA* accorde à la Children’s Pool le statut de zone de reproduction pour les phoques communs (rookerie), suite aux premières naissances observées sur le site, ce qui implique de prendre des mesures de protection additionnelles. Des panneaux sont disposés et une corde est installée sur la plage pour séparer le territoire des phoques de celui des humains.

Cette période marque le début d’une série de contentieux entre des membres de la communauté locale et la ville de San Diego, avec en arrière-plan la création de deux associations locales qui défendent respectivement les usages humains de la plage et la population de phoques : Friends of the Children’s Pool et La Jolla Friends of the Seals.

Un épisode qui va rendre la situation explosive est l’organisation d’une nage de protestation contre la présence des phoques, à l’occasion de la levée de l’interdiction de baignade en 2003, par le La Jolla Swim Club (Konrad et Levine, 2021). Des nageurs en profitent pour effaroucher les phoques qui quittent la plage. Un agent de la NOAA*, présent sur le site, va établir des procès-verbaux de ce délit fédéral. Un des nageurs condamnés fait appel au motif que cette plage a été créée grâce à la construction d’une digue, financée par Ellen Browning Scripps en 1931 (Figure 3), en vue de faciliter les usages récréatifs de cette dernière pour les enfants.

Un trust*[1] avait été mis en place à cette époque de manière à conserver cette vocation pour les générations futures. Dès lors, avec l’arrivée des phoques communs et la contamination de la plage qui a suivi, la ville de San Diego – à qui l’État de Californie avait transmis ce trust – aurait failli à ses obligations. L’avocat du nageur – largement soutenu par l’association Friends of the Children’s Pool – demande ainsi à la ville de San Diego de déloger les phoques, mais aussi de dépolluer la plage de manière à ce qu’elle recouvre son état écologique de 1941[2]

Cette demande avait déjà été formulée à la ville de San Diego en 1998 par le conseiller municipal de La Jolla[3] de l’époque (Harry Mathis), sans succès. Elle donne dorénavant lieu à un procès qui va faire beaucoup de bruit, d’autant plus qu’elle est appuyée par le nouveau conseiller municipal de La Jolla (Scott Peters). Ce dernier réussit à obtenir de la ville (par 5 votes pour et 3 contre, au conseil municipal du 13 février 2005) de faire enlever la corde qui sépare la plage en deux territoires et de faire nettoyer les lieux. Le 27 août 2005, un juge valide la demande de l’avocat du nageur et condamne la ville de San Diego à remettre la plage dans son état de 1941. Le retrait des phoques communs de la plage de la Children’s Pool semble entendu à ce moment de l’histoire.

Mais en 2006 le vent tourne. Tout d’abord, la NOAA* envoie une lettre à la ville de San Diego lui indiquant qu’elle n’a pas le droit de déloger ces mammifères marins qui sont protégés par une loi fédérale et qu’elle doit par ailleurs maintenir des dispositifs visant à protéger les phoques communs sur ce site. Prenant acte de cette lettre, la ville de San Diego fait appel de la décision de justice du 27 août et décide de réinstaller une corde de séparation en 2006, sans pour autant mettre en œuvre cette décision sur le terrain.

Pendant les trois années qui vont suivre (2007-2009) la ville de San Diego va se trouver entre deux feux croisés : d’un côté les cours de justice californiennes (y compris la Cour suprême de Californie) rejettent les appels de la ville et confirment l’obligation de déloger les phoques et de restaurer l’état de la plage ; de l’autre côté la NOAA*, les associations de protection de la nature et la 9ème Cour fédérale des appels demandent à la ville de San Diego de protéger les phoques présents sur cette plage.

Au cœur de la tempête, l’avocat de la ville (City Attorney), pressé de toute part, finit par rappeler deux principes dans un Memorandum publié le 8 juin 2009 (Office of The City Attorney, City of San Diego, 2009) : la gestion du trust créé en 1931 ne peut pas être dictée par des intérêts privés ; l’autorisation de construction de la digue, demandée par Ellen Scripps, avait été accordée par la ville, mais elle ne vaut évidemment pas un transfert de propriété. L’avocat souligne par ailleurs que le coût de remise en état de la plage serait très élevé, nécessitant la relocalisation de centaines de phoques protégés par la loi et le remplacement du sable qui a été souillé par des déjections depuis de nombreuses années. Il estime le montant de la restauration de la plage à 1,7 million $ (700 000 $ pour les relocalisations et 1 million $ pour le remplacement du sable). À cela s’ajoutera nécessairement une étude d’impact dont les coûts sont encore difficiles à estimer. Sachant que la ville a déjà dépensé 1 million $ en frais de justice (tout comme la partie plaignante), et assumant que la probabilité de non-retour des phoques après éventuelle délocalisation est faible (les études sur le sujet montrent que les individus reviennent sur le site d’origine), il conclut que cette délocalisation ne peut être une option… et que sans nouvel accord laissant place aux phoques la situation va être ingérable.

Et de fait la situation est déjà explosive entre les défenseurs des pinnipèdes et les défenseurs des usagers. La solution proposée par l’avocat de San Diego est de changer le contenu du trust et la vocation de la plage, en y ajoutant une fonction de parc marin pour les pinnipèdes[4]… Cette proposition est validée par l’État de Californie le 9 juillet 2009 et ratifiée par le gouverneur de Californie de l’époque (Arnold Schwartzenegger). La victoire juridique des nageurs de 2005 s’est finalement retournée contre eux. Dans l’impasse, la ville de San Diego a fait évoluer le contenu du trust.

Cela pourrait être le début d’une « réconciliation écologique »… mais cette décision va au contraire faire exploser les conflits localement. En effet, s’il est dorénavant acté qu’humains et non-humains doivent cohabiter sur ce petit espace commun qu’est la Children’s Pool, les systèmes de valeurs des acteurs qui défendent respectivement les droits des humains et ceux des pinnipèdes apparaissent définitivement inconciliables à ce moment de l’histoire (Konrad et Levine, 2021). Pour réguler les interactions entre ces acteurs, seuls des panneaux d’information et une corde ont été réinstallés en 2012 (Figure 3, a et b).

Fig.3 a

 

 

Fig.3b.
Fig.3, a et b : Panneaux sur les plages de Children’s pool (Fig.3a) et de Boomer beach (Fig.3b).
Crédits : Harold Levrel

Mais cela n’est pas suffisant. Les défenseurs de l’accès de la plage aux humains, qui souhaitent voir les phoques déguerpir, incitent les touristes à s’approcher des pinnipèdes ; ils leur expliquent notamment que les naturalistes bénévoles (docents) qui informent les usagers de la nécessité de rester à distance n’ont aucun droit d’intervenir sur la plage. Les bénévoles quant à eux cherchent à faire appliquer à la lettre le MMPA* en sensibilisant les touristes, mais n’ont effectivement aucune prérogative en la matière. Les touristes sont au milieu. Ils ne lisent pas ou ne tiennent pas vraiment compte des panneaux, et la corde est vite contournée…

Faute de mieux, les bénévoles de l’association La Jolla Friends of the Seals comptent le nombre de manquements à la loi. Sur la période 2011-2014, ce sont 15 appels par mois en moyenne que la police reçoit. Le pic de la crise est atteint en 2013 avec, entre le 15 décembre et le 15 mai (période de reproduction des phoques), 345 incidents recensés par les bénévoles et 153 appels à la police (Seal Conservancy, 2019). Pour accumuler des preuves de part et d’autre, les personnes se filment mutuellement en vue de démontrer les effets néfastes des agissements de chacun. Cela ne fait qu’exacerber les tensions. La situation devient ingérable et les coûts de gestion du site totalement disproportionnés pour la ville de San Diego.

C’est vers cette époque (en 2013) qu’une population de lions de mer de Californie s’installe sur Boomer Beach et à La Jolla Cove. Cela crée instantanément une nouvelle dynamique de conflits, comme mentionné plus haut. Une première mesure prise par la ville est d’installer une barrière pour empêcher les touristes de s’approcher trop près des lions de mer, qui sont plus agressifs que les phoques. Mais cette barrière permet aux animaux de s’installer dans la durée…

En décembre 2013, une association récemment créée (Citizens for Odor Nuisance Abbatment) lance un procès contre la ville de San Diego et l’État de Californie au motif qu’ils ne mettent pas en place des mesures de lutte efficaces contre les « nuisances olfactives » des lions de mer et que la barrière posée facilite l’installation de ces derniers sur le long terme. Le problème est que les fèces de ces mammifères ne peuvent pas être nettoyées au jet sans conduire automatiquement à une fermeture de la plage pour pollution organique… ce qui soulèverait d’autres problèmes. Par ailleurs la ville défend sa position consistant à vouloir protéger les touristes d’éventuelles attaques de lions de mer. Face à la mobilisation croissante des commerçants et à la couverture médiatique évoquée plus haut, le maire de San Diego débloque dans l’urgence 50 000 $ pour pulvériser un mélange de bactéries sur les rochers en vue d’atténuer les mauvaises odeurs. L’effet ne dure cependant que quelques semaines…

D’un point de vue judiciaire, la Citizens for Odor Nuisance Abbatment association est débouté par la cour de justice, mais la ville, consciente du problème, utilisera dorénavant de manière continue le pulvérisateur de bactéries[5]. Si pour les riverains cette solution n’offre pas les résultats escomptés, elle permet quand même de réduire en partie la nuisance et les poursuites s’arrêtent. Le coût à supporter pour la ville est cependant important puisque cela mobilise un budget de 7 200 $ par mois.

Mais un problème en chassant un autre, les lions de mer vont commencer à se reproduire sur le site de Boomer Beach à la fin des années 2010. La Seal Sierra Club Society lance très rapidement un suivi des interactions entre les touristes et les lions de mer, en faisant des comptages et des vidéos de ces dernières, selon la même méthode que celle adoptée dix ans plus tôt à la Children’s Pool.

En effet, même si des panneaux d’informations sont de nouveau déployés, sur lesquels il est explicitement demandé aux visiteurs de bien vouloir rester à bonne distance des mammifères (Figure 3), les touristes ne les lisent pas vraiment ou n’en tiennent pas compte. Les vidéos prises par l’association de protection des pinnipèdes sont éloquentes. On voit des touristes s’approcher à quelques mètres des mâles et des femelles en période de gestation, ou de petits qui viennent de naitre, abandonnés par leur mère du fait de la fréquence des dérangements (Figure 4). Les comptages font mention de plus de 300 touristes passant sur le site chaque heure, pendant la haute saison, et d’un grand nombre de manquements à la loi du fait du non-respect des distances minimales recommandées par la NOAA*.

La période de reproduction pour les lions de mer (de mai à octobre) étant en pleine saison estivale, privilégiée pour le tourisme, le dérangement est très élevé. Par ailleurs, les réseaux sociaux sont devenus omniprésents et les touristes veulent tous prendre des photos, idéalement des selfies, de leur visite du site. Ainsi, après qu’une « influenceuse » ait pris une vidéo sur TikTok en 2021, vue par 2 millions de « suiveurs », le nombre de touristes sur le site augmente encore et les tentatives de selfies avec les animaux aussi. Le résultat est évidemment catastrophique en termes de dérangement pour les pinnipèdes et de risques pour les touristes.

Figure 4a.

 

Fig.4b.
Figures 4, a et b : Boomer Beach. Exemples d’une photo prise à proximité d’un gros mâle (Fig. 4a), et d’un selfie près d’un jeune lion de mer (Fig.4b). Crédits : Harold Levrel

Figures 4, a et b : exemples d’un selfie avec un jeune lion de mer (Fig.4a) et d’une photo prise à proximité d’un gros mâle (Fig4b), à Boomer Beach. Crédits : Harold Levrel

[1] Un trust représente un administrateur et tuteur d’un patrimoine dont il n’a pas la propriété, mais qu’il doivent transmettre à la génération suivante dans le même état qu’il l’a reçu.

[2] L’origine des informations mentionnées dans les deux paragraphes suivants peuvent être retrouvé sur le site suivant : https://sealconservancy.org/timeline/#2002

[3] Il y a 9 membre du City Council de San Diego qui représentent les intérêts des habitants des différents quartiers de la ville.

[4] Senate Bill No. 428, chapter 19 : « Existing law grants to the City of San Diego all of the right, title, and interest of the state in and to a specified portion of the tide and submerged lands bordering on and situated below the ordinary high water mark of the Pacific Ocean, to be held by the City of San Diego and its successors in trust for specified uses and purposes pursuant to specified conditions, including that those tide and submerged lands are required to be devoted exclusively to public park, bathing pool for children, parkway, highway, playground, and recreational purposes, and for other uses that may be incidental to, or convenient for, the full enjoyment of those purposes. This bill would include in that list of uses and purposes a marine mammal park for the enjoyment and educational benefit of children. » (souligné par nous).

[5] L’usage de ce spray a cependant été suspendu en 2022 suite à une intervention de l’agence de l’eau (Water Board) qui a pointé l’absence de demande d’autorisation pour ce produit. La demande faite par la ville est en cours d’évaluation.

 3. L’histoire de la déprédation* en mer

Les pêcheurs ont toujours dû faire face à la concurrence des pinnipèdes* dans l’accès et l’usage des stocks de poissons sur la côte ouest des États-Unis. Avant 1972, les pêcheurs avaient le droit de tuer les mammifères qui interféraient avec leur activité (Cass, 1985). Après l’adoption du MMPA* ce n’est plus possible et c’est une des raisons qui expliquent l’augmentation des populations de pinnipèdes. Les pêcheurs conservent cependant le droit d’adopter des dispositifs visant à éloigner les animaux de leurs prises et de leurs engins de pêche.

Pendant les années 1980 et 1990, les pêcheurs ont, pour une partie d’entre eux, continué à tirer sur les phoques et les lions de mer avec des armes à feu. Les centres de soins des mammifères marins accueillaient de nombreux individus au corps criblé de balles, ou montrant des signes d’agression par des pêcheurs. Mais les observations réalisées par ces organismes témoignent d’une forte baisse de ces pratiques depuis les années 2000 (Barcenas de La Cruz et al., 2018). Aujourd’hui les principales sources de mortalité des pinnipèdes, via leur interaction avec les pêcheurs, sont l’étranglement puis l’asphyxie sous-marine des individus qui se prennent dans les filets.

Pour éloigner les lions de mer et les phoques, les pêcheurs ont testé différentes méthodes de répulsion, sans grand succès selon les témoignages recueillis. Du côté des pêcheurs professionnels, ce sont des engins acoustiques (acoustic deterrents) qui sont les plus utilisés et les plus efficaces (selon les pêcheurs), tout particulièrement les « seal bombs » (« bombes à phoques »), des projectiles pyrotechniques qui créent une déflagration dans l’eau. Ainsi, rien qu’autour des Catalina Islands, il a été estimé que 37 500 seal bombs ont été utilisées chaque mois entre 2005 et 2014 (Kerr and Scorse, 2018). Si cette technique est celle qui a le plus de succès, c’est à la fois parce qu’elle montre une certaine efficacité, mais aussi parce qu’elle est peu onéreuse : 100 seal bombs coûtent autour de 50$. Plusieurs études scientifiques démontrent cependant que ces répulsifs sont à l’origine de traumatismes physiques, non seulement pour les pinnipèdes, mais aussi pour les dauphins et les marsouins (Kerr and Scorse, 2018). Leur usage devient donc réglementé et l’obtention d’un permis obligatoire à partir de 2020.

Conscient des impacts potentiels de ces outils d’effarouchement sur la faune, la NOAA* publie un guide de bonnes pratiques concernant l’ensemble des techniques disponibles pour éloigner les mammifères marins (NOAA, 2020). 36 types de répulsifs ont été recensés, regroupés en 14 catégories : dispositifs visuels, barrières physiques, produits chimiques, installations électriques, projectiles avec arme à feu, projectiles à air comprimé, etc. Des recommandations très précises ont été émises pour réduire au maximum les traumatismes potentiels pour les mammifères marins, avec des distances minimales à respecter et une veille visuelle concernant les espèces non directement ciblées, mais qui peuvent subir des effets négatifs si elles se trouvent à proximité. Évidemment ces règles sont très complexes et, lorsqu’on les lit dans le détail, nécessitent des connaissances techniques assez poussées. Il semble dès lors relativement délicat pour les pêcheurs de se les approprier et encore plus difficile pour l’administration de les faire appliquer, a fortiori puisqu’elles concernent des usages en mer.

Un point essentiel, relevé par les pêcheurs au moment de l’atelier de travail sur les techniques d’effarouchement, est que ce guide ne donne aucune information sur l’efficacité de ces équipements pour réellement éloigner les pinnipèdes, ce qui est la première information dont ils ont besoin. C’est pourquoi la plupart des pêcheurs considèrent que la NOAA* a traité la question des répulsifs de manière incomplète. Selon ces derniers, les outils d’effarouchement mentionnés dans la liste de la NOAA* sont tout simplement inefficaces et donc peu ou pas utilisés. Par ailleurs, même si l’on dispose d’un permis d’utiliser des seal bombs, le constat que font tous les pêcheurs est que l’effet reste temporaire. Au fil des mois et des années, les mammifères intériorisent le coût du traumatisme pour avoir accès à de la nourriture facilement. Comme le disent les pêcheurs : les lions de mer et les phoques sont trop intelligents (« smart »), et trop fainéants (« lazy »), pour eux. Il n’y a pas de solution.

Du côté des charters et des pêcheurs récréatifs, les 14 catégories de répulsifs ne sont pas toutes adaptées à la demande des usagers. En effet les bateaux charters ne peuvent pas utiliser les seal bombs, qui sont bruyantes et perçues comme très violentes. Cela ne plairait pas aux pêcheurs récréatifs, qui n’achètent pas une sortie de pêche en mer pour voir des pinnipèdes blessés, d’autant plus qu’ils sont parfois accompagnés de leur famille.

La seule solution, pour les entreprises de bateaux charters pour touristes, est de s’éloigner des zones où se trouvent les lions de mer ou les phoques, ce qui implique de rallonger fortement les sorties et engendre un coût important en carburant.

4. L’histoire des solutions expérimentées dans les rivières

La prédation des salmonidés par les lions de mer ne pouvait pas continuer sans que les autorités interviennent. Tout d’abord parce que, d’un point de vue institutionnel, la truite arc-en-ciel et le saumon royal sont listés dans l’Endangered Species Act (ESA) alors que les lions de mer de Steller et de Californie ne le sont plus, du fait de l’augmentation importante de leurs populations ces dernières décennies. Un autre élément qui justifie une action de la puissance publique est que les agents de la NOAA* ont demandé aux acteurs économiques locaux de gros efforts pour rétablir les stocks de pêche. Si ces efforts sont ruinés par l’arrivée de lions de mer voraces dans les rivières, l’agence publique perd tout crédit auprès de la population locale. Cette prédation occasionnant d’un côté un important coût économique, de l’autre aucun bénéfice écologique, la situation était intenable pour l’administration.

Un dernier élément, qui joue aussi un rôle clé dans la décision d’intervenir, est que les lions de mer ne sont plus dans leur habitat « naturel » selon les acteurs interrogés. Ceux-ci considèrent qu’il s’agit d’animaux strictement marins, hors de leur élément dans les rivières – sans pour autant avoir démontré que ces espèces étaient absentes des rivières avant leur surexploitation au 19ème siècle.

Tout ceci explique pourquoi les agents de la NOAA* vont prioriser leurs actions de conservation en faveur des populations de salmonidés, même s’ils doivent aussi théoriquement faire respecter le MMPA*.

Dans un premier temps ils vont tester des techniques visant à protéger les saumons et les truites en installant des barrières pour empêcher les pinnipèdes d’accéder aux passes à poissons et en utilisant des méthodes d’effarouchement assez violentes telles que les électrochocs, les seal bombs et la chevrotine en caoutchouc. Mais comme le soulignent les agents de la NOAA* interrogés, les lions de mer ont petit à petit intégré les coûts liés aux techniques de répulsion non létales pour accéder aux poissons. Une autre solution a été de déplacer des individus en les ramenant en mer, mais des marquages montrent qu’ils reviennent après seulement 4 à 6 jours[6]. Les agents de la NOAA* se sont donc vus incapables de stopper ou même de réduire la prédation des salmonidés par les lions de mer.

C’est sur la base de ce constat d’échec que le Congrès des États-Unis amende en 1994 le MMPA et crée la Section 120 qui permet de tuer des lions de mer lorsque ces derniers conduisent au déclin de populations de salmonidés classés dans l’ESA ou en passe de l’être. Cet amendement ne concerne cependant que les deux sites mentionnés plus haut (chutes de Willamette et barrage de Bonneville). Il ne peut par ailleurs être invoqué qu’après l’accord du NMFS*, et nécessite de cibler des individus sauvages préalablement identifiés. Aucune demande n’est formulée avant 2008, date à laquelle la NMFS* reconnaît l’échec de ses tentatives de gestion non léthales des lions de mer. La Section 120 du MMPA* est donc mobilisée et les premiers droits d’euthanasier ces pinnipèdes sont octroyés aux Fish and Wildlife Services de l’État de l’Oregon et de Washington. Entre 2008 et 2020, ce sont 274 lions de mer qui vont ainsi être prélevés (15 placés en captivité permanente et les autres euthanasiés) sur les deux sites.

Mais, après quelques années de suivi, il s’avère que ces prélèvements sont insuffisants et ne résolvent pas le problème de prédation des salmonidés, qui a par ailleurs tendance à s’étendre à d’autres sites du bassin versant de la rivière Columbia. La crise, loin d’être atténuée, ne cesse d’augmenter.

[6] https://www.dfw.state.or.us/news/2018/04_april/042318.asp

 

Conclusion de cette seconde partie

Un point commun à toutes les initiatives prises par les gestionnaires des sites concernés, sur lesquels les dynamiques de réensauvagement* ont eu lieu, est la recherche d’une solution technique simple. C’est là une première réaction habituelle, pour un gestionnaire d’espace anthropisé. Mais les pinnipèdes s’adaptent, contournent, et finalement font peu de cas des innovations techniques visant à les tenir à l’écart de ressources ou de territoires particuliers. Ces solutions s’avèrent décevantes et le plus souvent totalement inefficaces à réguler les interactions entre humains et non-humains. C’est toute la complexité adaptative du vivant qui refait surface dans ces espaces, depuis longtemps gérés à partir d’une logique de « command and control ».

Prenant acte de cet échec, certains gestionnaires se sont orientés vers des innovations institutionnelles visant à faire évoluer les règles qui structurent les interactions entre humains et pinnipèdes. Mais le présupposé selon lequel des changements de règles sur le papier vont enclencher mécaniquement des changements de comportements humains sur le terrain amène là encore à des déceptions : les dispositifs légaux sont contournés par les touristes ou les pêcheurs et ne permettent pas de faire évoluer le socioécosystème* dans une direction où la coexistence entre humain et non-humain serait possible.

L’« utopie technique » et l’« utopie réglementaire » alimentent encore largement les croyances et les discours en matière de transition des socioécosystèmes*. Mais ces initiatives seront insuffisantes si elles ne sont pas complétées par des changements écologiques, organisationnels et de représentations. La troisième partie de ce Regard sur le réensauvagement* détaillera les éléments qui ont permis d’opérer ces changements dans certains socioécosystèmes*.

 


Glossaire

  • Air dancers : figurines de grandes tailles qui sont animées par un système de propulsion d’air et qui sont utilisées, selon les cas, pour éloigner des oiseaux, faire de la publicité, etc.
  • California Coastal Commission (CCC) : Agence d’État au sein de l’Agence des ressources naturelles de Californie, qui exerce un contrôle quasi judiciaire sur le foncier et l’accès public tout le long des 1 800 km de côtes de cet État. Sa mission, telle que définie dans le California Coastal Act, est de « protéger, conserver, restaurer et améliorer l’environnement du littoral californien ».
  • Endangered Species Act (ESA) : loi fédérale adoptée en 1973 aux États-Unis qui vise à protéger les espèces dont les populations sontmenacées de disparaitre en régulant la chasse, les trafics, mais aussi les usages des habitats naturels qui hébergent ces espèces dans leur ensemble.
  • Marine Mammal Protection Act (MMPA) : loi fédérale adoptée en 1972 aux États-Unis qui interdit la pêche, la chasse, la capture ou le harcèlement de tout mammifère marinainsi que l’importation, l’exportation et la vente de tout mammifère marin, ou toute partie ou produit de mammifère marin, dans ce pays.
  • National Marine Fisheries Service (NMFS) : division de l’Agence Américaine d’Observation Océanique et Atmosphérique (NOAA) dédiée à la gestion des ressources marines dans la zone économique exclusive des États-Unis.
  • National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) : Agence Américaine d’Observation Océanique et Atmosphérique dépendant du Département du Commerce américain. Il s’agit d’une agence publique fédérale ayant pour fonction de délivrer les informations environnementales et socioéconomiques susceptibles d’éclairer les débats et les décisions en matière d’usages et de gestion des milieux marins.
  • Pinnipèdes : ensemble (clade) de mammifères marins semi-aquatiques, aux pattes en forme de nageoires, appartenant à l’ordre des Carnivores. Grands prédateurs marins, les pinnipèdes sont composés de trois familles :Odobenidés (morse), Otariidés (lions de mer), Phocidés (les phoques).
  • Réensauvagement (d’un écosystème ou habitat anthropisé) : dynamique d’augmentation du nombre d’espèces et d’interactions écologiques (notamment trophiques) dans un écosystème précédemment appauvri par les activités humaines.
  • Réensauvagement passif : réensauvagement lié à un retour spontané d’espèces sauvages du fait de la disparition de certaines activités économiques dans des territoires, ou parce que des mesures visant à réduire les pressions humaines ont été prises.
  • Seal bomb : engin pyrotechnique lancé dans l’eau produisant une déflagration qui va effrayer les mammifères marins, et tout particulièrement les pinnipèdes.
  • Socioécosystème : combinaison d’entités sociales et biophysiques (humaines et non-humaines) interagissant à des échelles spatiales, temporelles et organisationnelles déterminées, utilisant et régulant un flux de ressources communes, et engendrant des dynamiques complexes et adaptatives de manière continue.
  • Trust(en droit) : acte judiciaire permettant de transférer la gestion d’un patrimoine donné à un tuteur, dont la fonction sera de garantir le maintien ou l’amélioration du patrimoine en question pour les générations futures et au regard de critères spécifiés dans l’acte.

 


 

Remerciements

Je veux tout d’abord remercier Arielle Levine pour m’avoir aidé à organiser ma venue à la San Diego State University et pour m’avoir accompagné dans mes recherches sur place, Fabien Clouette pour m’avoir mis sur la piste des conflits générés par le retour des phoques à La Jolla et la judiciarisation de ces derniers, Catherine Boemare pour ses nombreux conseils dans l’organisation de ce terrain.

Je tiens à remercier l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS pour avoir financé ce projet de recherche dans le cadre du programme « Soutien à la mobilité internationale 2022 », la Chaire comptabilité écologique pour l’aide financière apportée, ainsi que le département de géographie de la San Diego State University pour son accueil et son aide logistique. Merci à AgroParisTech qui m’a offert l’opportunité de bénéficier d’un congé recherche pour réaliser ce travail.

Merci aussi à toutes les personnes qui ont accepté de répondre à mes questions pendant ces semaines d’enquête de terrain.

Merci enfin à Anne Teyssèdre pour les précieuses suggestions et corrections qu’elle a apportées à la version initiale du manuscrit, dont sa proposition de plan pour scinder et publier ce long « Regard » en plusieurs épisodes. Merci aussi à Sébastien Barot, Carol Toye, Catherine Boemare et Virginie Serrand pour leur relecture et leurs apports à la version initiale du texte.

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Regards connexes :

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Levrel Harold, 2023. Socioécosystèmes cotiers californiens, 1 : Premiers impacts du réensauvagement. Regards et débats sur la biodiversité, SFE2, Regard R112, 12 sept. 2023.

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Skandrani Z., 2013. Connais-toi toi-même! Regards et débats sur la biodiversité, SFE, Regard R43, mars 2013.

Et ces Regards consultables par thématique :

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Prochain épisode dans deux semaines!

Regard R113, édité par Anne Teyssèdre.

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