Stratégies trophiques et allocation énergétique chez le hareng des Downs : une approche multi-marqueurs pour relier alimentation estivale et reproduction hivernale

Le hareng des Downs (Clupea harengus), principale composante hivernale du stock de harengs de la mer du Nord, adopte une stratégie de reproduction de type « capital breeder », dans laquelle les réserves énergétiques accumulées pendant la phase d’alimentation estivale sont mobilisées durant la reproduction, qui a lieu en hiver dans la Manche et le sud de la mer du Nord. Cette stratégie implique un découplage temporel entre alimentation et reproduction, dont les mécanismes restent peu explorés dans cette région.
Ce stage vise à caractériser la niche trophique estivale du hareng adulte, à partir d’échantillons collectés lors de la campagne HERAS, réalisée en été sur les zones d’alimentation, en combinant : l’analyse de contenus stomacaux, la composition du zooplancton disponible, et les signatures isotopiques (δ13C, δ15N) de plusieurs tissus (muscle, foie, gonades), chacun intégrant l’alimentation à différentes échelles temporelles. Les indices physiologiques (GSI, HSI) seront également mesurés pour estimer l’investissement énergétique reproducteur et les réserves corporelles.
Les résultats seront ensuite comparés à ceux obtenus sur des individus hivernaux (période de fraie), permettant de tester l’hypothèse d’un jeûne reproducteur et de documenter le lien entre alimentation estivale et reproduction. La présence ou l’absence de nourriture dans les estomacs hivernaux apportera un élément de validation direct. On peut notamment s’attendre, durant la période d’alimentation, à ce que les tissus à métabolisme rapide (foie) reflètent l’alimentation locale et soit différent de celle du muscle, dont le métabolisme plus lent ne permet pas une intégration aussi rapide. Par la suite, du fait du temps d’intégration et de l’arrêt de l’alimentation, il est probable que les deux tissus atteignent l’équilibre isotopique et aient des signatures nettement plus proches, modulo les différences métaboliques inhérentes à chaque tissu. De plus, la persistance du signal trophique dans les tissus à renouvellement lent permettra de relier le régime alimentaire passé à l’état reproducteur.
Ce travail contribuera à mieux comprendre l’allocation énergétique et les relations trophiques saisonnières du hareng des Downs dans un contexte de changement global, où les modifications de la chaîne planctonique pourraient avoir des effets majeurs sur la productivité des stocks. Ce stage s’inscrit dans la continuité des travaux ayant déjà appliqué l’approche isotopique multi tissus à l’écologie trophique des poissons. Il pourra aussi s’inscrire dans les travaux fondamentaux sur l’effet du métabolisme sur la dynamique temporelle des isotopes stables.
Encadrement
Ce travail sera réalisé au sein du laboratoire Ressources Halieutiques Manche Mer du Nord de l’Ifremer à Boulogne sur Mer, sous la direction de Pierre Cresson et Carolina Giraldo. L’étudiant·e recruté·e bénéficiera du soutien des équipes techniques du laboratoire, avec qui il/elle travaillera. Ce projet est mené en collaboration avec Sébastien Lefebvre et avec l’équipe technique de la plateforme Ecogéochimie Isotopique de la SFR Campus de la Mer (Laboratoire d’Océanographie et de Géoscience, Wimereux), où seront réalisées les analyses isotopiques.
Principales missions de l’étudiant·e recruté·e
• Participation aux travaux de dissection et de préparation des échantillons, en vue des analyses isotopiques, en lien avec l’équipe technique de la plateforme Réseaux Trophiques (Ifremer)
• Participation à la réalisation des analyses isotopiques, sous la supervision des personnels de la plateforme Ecogéochimie Isotopique (UMR LOG)
• Synthèse biblio autour de l’écologie trophique du hareng, et de l’approche isotopique multitissu
• Analyse des données biométriques et trophiques obtenues
• Valorisation du travail, a minima par un rapport et une communication interne lors des journées des étudiants/doctorants du laboratoire
Compétences techniques et humaines attendues
• Gout pour le travail en laboratoire, précision et rigueur
• Capacité à travailler en équipe, mais aussi à mener des taches de manière indépendante.
• Connaissances en statistiques appréciées
• Connaissances en écologie marine. Une première formation en écologie trophique et/ou isotopique serait un plus.
Candidature
Merci d’adresser un cv et un document proposant une première projection dans le sujet à pierre.cresson@ifremer.fr et carolina.giraldo@ifremer.fr.
Date limite de candidature : 31 octobre 2025
Aucune candidature reçue après cette date ne pourra être retenue
Les candidatures retenues seront ensuite auditionnées au début du mois de novembre.