Titre du stage :
Quelle est l’origine géographique des mergules nains hivernant en mer du Nord ?
Contexte :
Le mergule nain (Alle alle) est un petit alcidé arctique qui se reproduit dans l’Atlantique Nord-Est, notamment au Groenland, au Svalbard, à Franz Josef Land et à Novaya Zemlya. Comme beaucoup d’alcidés, cette espèce se caractérise par une forte fidélité aux sites de reproduction et une migration saisonnière marquée.
Les observations en mer suggèrent que la mer du Nord constitue une zone d’hivernage importante pour une partie des populations. Cette aire d’hivernage joue un rôle clé dans la survie hivernale, influençant la condition physique des individus et, par conséquent, leur succès reproducteur lors de la saison suivante.
Malgré les suivis par balises réalisés sur des colonies du Groenland, du Svalbard occidental et de Russie, l’origine précise des oiseaux hivernant dans la mer du Nord reste inconnue. Comprendre la connectivité entre colonies de reproduction et zones d’hivernage est essentiel pour évaluer la dynamique démographique des populations et leur vulnérabilité face aux changements environnementaux et aux perturbations anthropiques.
Un enjeu majeur est de déterminer si les oiseaux présents en mer du Nord proviennent de colonies de l’est du Svalbard, dont la génétique reste largement méconnue et qui n’ont jamais fait l’objet de suivis de migration. La connaissance des routes migratoires et des aires d’hivernage est également cruciale pour identifier les pressions écologiques spécifiques (ressources alimentaires, conditions océanographiques, interactions interspécifiques) auxquelles ces populations sont exposées.
Objectifs du stage :
• Identifier l’origine des mergules nains hivernant en mer du Nord à l’aide d’approches de génétique des populations.
• Développer une compréhension des schémas migratoires et des liens entre colonies de reproduction et zones d’hivernage, en intégrant des concepts de connectivité des populations, de dispersion et de structure génétique.
Méthodologie :
• Plusieurs dizaines de mergules nains (n=130) ont été échantillonnés sur l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce en Arctique et dans l’Atlantique Nord (Svalbard, Norvège, Groenland et Russie). Tous les individus ont été génotypés selon une approche genotyping-by-sequencing (ddRADSeq) et alignés sur un génome de référence.
• Le stage consistera principalement en l’analyse des données déjà générées, avec l’utilisation de méthodes statistiques telles que clustering, assignation bayésienne et analyses de structure génétique pour identifier l’origine des oiseaux de la mer du Nord.
• Les résultats seront mis en contexte écologique et évolutif, en lien avec les changements environnementaux arctiques.
Profil recherché :
• Étudiant·e en Master 2 (biologie évolutive, écologie, génétique, bioinformatique ou disciplines proches).
• Intérêt marqué pour l’écologie arctique, la génétique des populations et les approches interdisciplinaires.
• Compétences de base en génétique moléculaire et/ou bioinformatique souhaitées.
• Goût pour l’analyse de données et l’interprétation écologique.
Encadrement et conditions :
• Stage encadré au LECA (Laboratoire d’Écologie Alpine / Université Savoie Mont Blanc), en collaboration avec un réseau international de chercheurs travaillant sur les oiseaux marins arctiques.
• Durée : 6 mois (janvier–juin 2026).
• Localisation : Le Bourget-du-Lac et déplacement ponctuelle à Grenoble.
• Indemnités de stage selon réglementation en vigueur.
Perspectives :
Ce stage permettra au/à la stagiaire d’acquérir une solide expérience en génétique des populations, bioinformatique et écologie évolutive, dans un cadre de recherche international et interdisciplinaire. Les résultats contribueront à une meilleure compréhension de la dynamique des populations arctiques face aux changements environnementaux.
Modalités de candidature :
Soumettre une lettre de motivation et un CV complet incluant les relevés de notes de licence et Master 1 par courriel à Glenn Yannic avant le 14 novembre 2025. (Début du stage: 5 janvier 2026)
Contact :
Glenn Yannic
Laboratoire d’Écologie Alpine (LECA)
Université Savoie Mont Blanc
Le Bourget-du-Lac, France
Tél : 04 79 75 88 65
Courriel : glenn.yannic@univ-smb.fr
References
– Descamps, S., & Strøm, H. (2021). As the Arctic becomes boreal: ongoing shifts in a high-Arctic seabird community. Ecology, 102(11), e03485.
– Descamps, S., Merkel, B., Strøm, H., et al. (2021). Sharing wintering grounds does not synchronize annual survival in a high-Arctic seabird, the little auk. Marine Ecology Progress Series, 676, 233–242.
– Dufour, P., Wojczulanis-Jakubas, K., Renaud, J., Jakubas, D., Lavergne, S., & Descamps, S. (2021). A two-fold migration distance does not have breeding consequences in a long-distance migratory seabird with high flight costs. Marine Ecology Progress Series, 676, 117–126.
– Fort, J., Moe, B., Strøm, H., et al. (2013). Multicolony tracking reveals potential threats to little auks wintering in the North Atlantic from marine pollution and shrinking sea ice cover. Diversity and Distributions, 19, 1322–1332.
– Jakubas, D., Wojczulanis-Jakubas, K., & Petersen, A. (2022). A quiet extirpation of the breeding little auk (Alle alle) population in Iceland in the shadow of the famous cousin extermination. Science of the Total Environment, 808, 152167.
– Wojczulanis-Jakubas, K., Jakubas, D., & Stempniewicz, L. (2022). The little auk (Alle alle): an ecological indicator of a changing Arctic and a model organism. Polar Biology, 45, 163–176.
– Wojczulanis-Jakubas, K., Kilikowska, A., Harding, A. M. A., et al. (2014). Weak population genetic differentiation in the most numerous Arctic seabird, the little auk. Polar Biology, 37, 621–630
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