CONTEXTE

La gestion durable des oiseaux migrateurs dont la chasse est autorisée est un réel challenge en termes de connaissances
et de mise en place de mesures de conservation efficaces. Le fait que ces espèces se déplacent sur de très grandes
distances et traversent de nombreux pays, dont certains inaccessibles à cause de contextes géopolitiques défavorables,
rend difficile la réalisation de suivis représentatifs.
La phénologie de migration et l’établissement sur les zones d’hivernage sont le résultat de processus liées aux
prédispositions génétiques, aux contraintes climatiques, à l’accès aux ressources alimentaires et à la fidélité au site
d’hivernage. Sous l’effet du réchauffement climatique, on assiste à des changements rapides des contraintes
bioclimatiques sur les zones d’hivernage et de reproduction. On peut donc s’attendre à une réorganisation plus ou moins
profonde des stratégies de déplacement et d’utilisation de l’espaces chez les espèces migratrice (changements de
distribution, modification de la phénologie des déplacements, altération des durées des zones de haltes, etc.). On détecte
déjà de tels changements dans les communautés d’oiseaux migrateurs septentrionaux (Godet et al. 2011) et ces
changements semblent plus rapides en période hivernale qu’en période de reproduction (Lehikoinen et al. 2021). On
peut s’attendre, en particulier, à une remontée vers le nord du centroïde de l’aire d’hivernage, avec pour conséquence
un hivernage de moins en moins régulier en Europe de l’Ouest, d’espèces hivernant dans les zones nordiques, et des
arrivées de plus en plus tardives ; et à l’inverse un hivernage de plus en plus régulier d’espèces passant la période internuptiale au sud de l’Europe et en Afrique.
De nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs sont chassées en Europe, notamment parmi les colombidés, les anatidés
et les limicoles (scolopacidés et charadriidés). Cependant, la pression de chasse est très hétérogène dans l’espace, avec
des différences notables sur les habitudes culturelles et la liste des espèces chassables selon les pays d’Europe. Il en
résulte une structuration spatiale très forte de la pression de chasse selon la taille corporelle des espèces, avec un
gradient nord/sud très marqué (Buchan et al. 2022). Les pays du nord de l’Europe sont généralement moins intéressés
par la chasse des petites espèces mais bien plus par les grandes espèces et notamment les grands mammifères.
Ainsi le décalage d’une zone d’hivernage est susceptible de redistribuer les effectifs dans une nouvelle aire géographique
plus ou moins exposée à la pression de chasse selon les pratiques cynégétiques locales. Le décalage temporel de la
migration peut produire des effets comparables lorsque les pratiques de chasse varient d’une région à l’autre. Par
exemple, une arrivée en hivernage retardée d’un mois est susceptible de réduire significativement la durée d’exposition
à la chasse. Autrement dit, toute modification de la stratégie de migration, dans le temps et dans l’espace, a sans doute
des conséquences drastiques sur l’exposition à la chasse des populations concernées.
Dans ce contexte, le comportement migratoire des jeunes oiseaux est particulièrement intéressant à étudier car ces
individus vont exprimer un comportement sans influence du mécanisme de fidélité au site d’hivernage (sauf pour les
espèces migrant en famille comme les oies). Les jeunes sont généralement plus vulnérables à la chasse mais les causes
proximales de cette surexposition sont mal connues. La comparaison des migrations entre jeunes et adultes (phénologie,
choix de la zone d’hivernage et choix du territoire dans la zone d’hivernage) permettrait de séparer les mécanismes liés
à la migration sensus stricto, et notamment les contraintes physiques et physiologiques différentes entre jeunes et
adultes, de ceux liés au comportement (naïf/expérimenté) des individus.
Par ailleurs, déterminer l’influence des conditions climatiques sur les stratégies de migration des jeunes et des adultes
permettrait de prédire l’influence du réchauffement climatique sur les changements de pression de chasse attendus,
selon ces classes d’âges, sous différents scénarios climatiques et d’évolution des pressions de chasse dans le temps et
l’espace.

Godet L, Jaffré M, Devictor V. Waders in winter: long-term changes of migratory bird assemblages facing climate change. Biol Lett.
2011 Oct 23;7(5):714-7.
Lehikoinen A, Lindström Å, Santangeli A, et al. Wintering bird communities are tracking climate change faster than breeding
communities. J Anim Ecol. 2021; 90: 1085–1095.
Buchan, C., Franco, A. M. A., Catry, I., Gamero, A., Klvaňová, A., & Gilroy, J. J. (2022). Spatially explicit risk mapping reveals direct
anthropogenic impacts on migratory birds. Global Ecology and Biogeography, 31, 1707–1725. https://doi.org/10.1111/geb.13551

MISSION :

En utilisant des données de géolocalisation collectées sur 3 espèces d’oiseaux migrateurs chassés en France (Bécasse
des bois, Bécassine des marais et Vanneau huppé), principalement sur des individus capturés et équipés de GPS en fin
d’été / début d’automne en Estonie, l’étudiant devra déterminer les facteurs environnementaux déclenchant le départ en
migration postnuptiale de ce pays qui se situe à un carrefour stratégique pour la migration de ces espèces, entre
Scandinavie et Russie.
In fine, ce travail consistera à anticiper les changements de phénologie de migration et d’aire d’hivernage, à court et
moyen terme à l’aide de modèles climatiques, et de prévoir l’augmentation ou la diminution des pressions liées à la
chasse de ces espèces en Europe.

ACTIVITES PRINCIPALES:

1) Terrain : participer à la dernière session de terrain en Estonie en fin d’été 2026 (1 semaine)
2) Mise en forme et archivage des données : mettre en forme les données GPS pour procéder à leur analyse, les
mettre en relation avec des données environnementales, terminer l’archivage des données sous Movebank.
3) Analyses de données : proposer et mettre en œuvre des méthodes pour quantifier l’influence des données
environnementales sur les stratégies de migration
4) Présenter les résultats : réaliser des présentations orales, rédiger des comptes-rendus scientifiques, rédiger un
article scientifique

RELATIONS LIEES AU POSTE

Relations internes :
Autres agents du service impliqués dans des travaux sur les oiseaux migrateurs exploités, y compris autres étudiants
travaillant sur des sujets connexes (thésards sur la délimitation des voies de migration ou modélisant la dynamique des
populations de migrateurs, etc.).

Relations externes :
Partenaires financiers : associations de chasseurs spécialisés : Club National des Bécassiers (CNB) et Club International
des Chasseurs de Bécassines (CICB)
Partenaires scientifiques : CNRS et MNHN

COMPETENCES ET QUALITES REQUISES

Connaissances :
– Biologie et dynamique des populations
– Connaissances générales sur les oiseaux migrateurs
– Statistiques appliquées, analyses de données
Le stagiaire devra mobiliser ses connaissances en statistiques appliquées. Il devra faire preuve d’autonomie pour
définir les méthodes statistiques à utiliser et les mettre en œuvre.

Savoir-faire opérationnel :
– Autonome pour la manipulation des données via le logiciel R et un système d’information géographique (QGIS ou
autre)
– Maîtrise de l’anglais.
– Bonnes qualités rédactionnelles

Savoir-être professionnel :
– Autonomie
– Rigueur scientifique
– Communication

Diplômes – Formation – Expérience :
– Titulaire d’un diplôme de licence ou équivalent (Bac +3)
– Formation ou expérience permettant l’inscription dans un master en écologie ou statistiques appliquées.

CONDITIONS D’EXERCICE / SUJETIONS PARTICULIERES

Apprentissage sur 2 ans (M1 et M2).
Si souhait de participer aux opérations de terrain :
 travail en extérieur,
 horaires irréguliers avec amplitude variable selon la saison,
 travail de nuit et le week-end

DEPOSER UNE CANDIDATURE

Merci d’adresser vos candidatures (CV détaillé et lettre de motivation) par courriel sous la référence 2025-DRAS-OME
à kevin.le-rest@ofb.gouv.fr
La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 20/06/2025

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: kevin.le-rest@ofb.gouv.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.