Contexte
La biodiversité des eaux douces connaît un déclin sans précédent, à des taux supérieurs à ceux observés dans les milieux terrestres et marins. Parmi la faune aquatique, les bivalves, dont les capacités de fuite sont très limitées, sont particulièrement vulnérables à la destruction de leur habitat. Selon l’UICN (2021), 30% des grands bivalves des fleuves présents en Europe sont menacés. En France, trois espèces, considérées en danger critique d’extinction au niveau mondial, sont protégées : la Mulette perlière Margaritifera margarifera, la Mulette épaisse Unio crassus et la Grande Mulette Pseudunio auricularius. D’autres espèces sont menacées comme la Mulette des rivières Potomida littoralis ou l’Anodonte comprimée Pseudanodonta complanata.
Si les impacts directs des travaux en rivière donnent lieu à des mesures de conservation, les impacts indirects, et notamment ceux liés aux sons et aux vibrations, ne sont pas encore intégrés. Les activités humaines bouleversent profondément les paysages sonores. Les sons d’origine anthropique, ou bruits, peuvent induire une réponse de stress, de la distraction, ou masquer des signaux acoustiques utilisés pour les interactions sociales, la reproduction, l’orientation, l’alimentation ou encore la défense contre les ennemis naturels. Ces altérations sont susceptibles de réduire le succès reproducteur des individus.
Si l’impact écologique du bruit anthropique est une question qui suscite un intérêt croissant, certains groupes taxonomiques sont encore très peu étudiés, ce qui est le cas des bivalves continentaux.
Objectif
La personne recrutée sera chargée de mettre en place des expériences de playback acoustique en laboratoire afin d’étudier la réponse de bivalves continentaux natifs (mulettes) et exotiques (corbicule asiatique, anodonte chinoise) au bruit associé à différentes étapes des travaux en rivière. Nous utiliserons les enregistrements sonores préalablement obtenus sur des chantiers de la Loire et de la Seine suivis dans le cadre de ce projet. Les animaux seront prélevés sur ces mêmes sites, mais à l’écart des travaux. Nous suivrons des variables de réponse comportementales (mobilité, enfouissement) et physiologiques (rythme cardiaque). L’objectif sera d’identifier les niveaux sonores auxquels les bivalves répondent significativement afin d’en déduire des distances de sécurité lors des travaux.
Profil recherché
Titulaire du doctorat depuis moins de 3 ans.
Bagage en écologie, conservation ou écologie comportementale.
Une expérience en bio/éco-acoustique sera appréciée mais pas indispensable.
Goût pour le test d’hypothèse par l’expérimentation en conditions contrôlées de laboratoire.
Maîtrise de la modélisation statistique (modèles mixtes) et du codage sous R.
Aptitude à rédiger des articles scientifiques internationaux.
Financement
Les expériences envisagées font partie du projet ACQUOUSTIC porté par BIOTOPE et financé par l’OFB (Office Français pour la Biodiversité) dans le cadre du programme ITTECOP 2024 : « Défi des infrastructures dans les territoires face aux changements globaux et au déclin de la biodiversité ».
Encadrement et équipe d’accueil
Vincent MEDOC
ENES Bioacoustics Research Lab, Saint-Etienne, FRANCE
Modalités de candidature
Envoyer CV et LM à
vincent.medoc@univ-st-etienne.fr
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