L’Unité de Recherche « Ecologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés »
UMR CNRS 7058 EDYSAN-UPJV), 33 rue Saint Leu, 80039 Amiens

Propose un stage pour : Master 2 Recherche 2025-2026

Titre. MIGRAPAST : Impact des migrations assistées passées sur la diversité et la santé des forêts

Contexte
Dans un contexte de changement climatique rapide, la migration assistée des espèces forestières constitue l’une des stratégies d’adaptation mise en œuvre en forêt tempérée par les gestionnaires, et encouragée par les pouvoirs publics (Hoegh-Guldberg et al. 2008). La migration assistée désigne le déplacement intentionnel d’espèces hors de leur zone native. On distingue généralement deux types de migrations assistées :
– Le déplacement intentionnel d’espèces depuis les marges de leur aire de répartition, vers des zones qu’elles devraient coloniser dans un pas de temps plus long ;
– la migration assistée par flux de gènes, qui consiste à introduire à l’intérieur de leur aire de répartition des individus issus de conditions écologiques différentes (par exemple plus méridionales), appelés à se reproduire avec les individus locaux, pour fournir une descendance mieux adaptée aux nouvelles conditions climatiques (Aitken et al. 2013).
Ces méthodes restent encore expérimentales, et suscitent de nombreux débats, faute de recul chronologique suffisant (Aubin et al. 2011 ; Michalet et al. 2023).
Les archives historiques des forêts de Compiègne, Retz et Chantilly, dépouillées ou en cours de dépouillement pour d’autres projets, tendent à montrer que la migration assistée par flux de gène n’est pas une pratique si récente. Au début du XXe siècle, certaines forêts se fournissent en plants produits avec des semences récoltées localement (Compiègne et Chantilly), alors que d’autres se fournissent en graines sur de longues distances (Sud de la Champagne par exemple en forêt de Retz). En première approche, les forêts du Valois constituent donc un terrain privilégié pour commencer à étudier l’impact des migrations assistées du passé sur la diversité génétique des essences forestières (en l’occurrence le Chêne et le Hêtre), et approcher d’éventuelles relations avec leur dépérissement.
Ce stage se déroulera en plusieurs phases :
1 – Sélection des parcelles forestières à partir des bases de données historiques constituées sur les plantations en forêt de Compiègne, Retz et Chantilly. Réalisation d’un diagnostic Deperis dans les parcelles concernées.
2 – Prélèvement de feuilles dans les parcelles identifiées ainsi que dans les régions d’origine des semences, afin de détecter l’existence éventuelle d’un mélange de graines issues de provenances différentes dans certaines parcelles.

L’ADN sera extrait selon des protocoles standard pour feuillus et génotypé à l’aide de microsatellites (SSR) spécifiques pour le chêne (Quercus petraea ; Steinkellner et al., 1997) et le hêtre (Fagus sylvatica ; Pastorelli et al., 2003). La diversité génétique, la structure des populations (FST, AMOVA, STRUCTURE) et les flux de gènes historiques (BayesAss, MIGRATE-n) seront évalués, ainsi que la relation entre diversité génétique et état sanitaire des arbres (diagnostic Deperis), afin de déterminer si les mélanges historiques de semences contribuent à la résilience des populations face au dépérissement et au changement climatique.
Cette approche permettra de documenter des pratiques historiques de migration assistée déjà en place au début du XXᵉ siècle, et d’évaluer si ces mélanges génétiques anciens contribuent aujourd’hui à une meilleure résistance des forêts au dépérissement et au changement climatique, offrant ainsi un cadre de réflexion pour les stratégies actuelles de gestion forestière.

Références :
Aitken, S. N., & Whitlock, M. C. (2013). Assisted gene flow to facilitate local adaptation to climate change. Annual Review of Ecology, Evolution, and Systematics, 44, 367–388.
Aubin, I., Garbe, C. M., Colombo, S., Drever, C. R., McKenney, D. W., Messier, C., & Pedlar, J. (2011). Why we disagree about assisted migration: Ethical implications of a key debate regarding the future of Canada’s forests. Forestry Chronicle, 87, 755–765.
Hoegh-Guldberg, O., et al. (2008). Assisted colonization and rapid climate change. Science, 321(5887), 345–346.
Michalet, R., Carcaillet, C., Delerue, F., Domec, J.-C., & Lenoir, J. (2023). Assisted migration in a warmer and drier climate: Less climate buffering capacity, less facilitation and more fires at temperate latitudes? Oikos, e10248.
Pastorelli, R., Smulders, M. J. M., van ’t Westende, W. P. C., Vosman, B., Giannini, R., Vettori, C., et al. (2003). Characterisation of microsatellite markers in Fagus sylvatica L. and Fagus orientalis Lipsky. Molecular Ecology Notes, 3, 76–78.
Steinkellner, H., Fluch, S., Turetschek, E., Lexer, C., Streiff, R., Kremer, A., Burg, K., & Glössl, J. (1997). Identification and characterization of (GA/CT)n-microsatellite loci from Quercus petraea. Plant Molecular Biology, 33, 1093–1096

Compétences / intérêt : écologie forestière, écologie évolutive, biologie moléculaire, analyses statistiques (maîtrise de R), travail en autonomie.
Durée et date de stage : 6 mois (janvier – juin 2025)
Financement du stagiaire : Dotation CNRS/ministère ; Indemnisation : en fonction des dispositions légales en vigueurs.
Co-Encadrants :
Annie GUILLER (PR) et Jérôme BURIDANT (PR), Axe Sylvosystème, UMR 7058 EDYSAN CNRS UPJV : https://www.u-picardie.fr/edysan/
Contact : Les candidats doivent envoyer un CV et une lettre de motivation à : annie.guiller@u-picardie.fr et jerome.buridant@u-picardie.fr

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