Contexte:
En agriculture, la réduction des pesticides et en particulier des herbicides s’impose pour faire face à des nombreux enjeux sociétaux, en particulier de santé publique, d’impact sur la biodiversité et la qualité des eaux. De nombreux projets de recherche ou de développement visent à expérimenter des systèmes de culture innovants réduisant ou supprimant les herbicides. La plupart de ces projets sont menés sur un temps court (quelques années). Or d’un point de vue agronomique, la gestion des adventices repose sur des stratégies devant intégrer différentes échelles de temps, par exemple en considérant l’impact primaire des adventices sur la culture en cours (par compétition vis-à-vis des ressources) mais également l’impact secondaire des adventices sur les cultures des années suivantes (par l’augmentation du stock semencier, par exemple). D’un point de vue écologique, les communautés adventices évoluent également dans le temps, en interaction avec les pratiques agricoles et le milieu. Nous faisons l’hypothèse que des agriculteurs réduisant ou supprimant les herbicides peuvent également voir leurs représentations des adventices évoluer par l’expérience (perception du risque, niveau de contrôle, perception de ce qui est « sale », « propre », « acceptable »). Plus généralement, les agriculteurs et agricultrices sont impliqués dans des dynamiques socioéconomiques plus larges marquées par différentes temporalités et aléas.
Pour accompagner la sortie des herbicides dans une perspective de gestion agroécologique des adventices, il est donc primordial de développer des connaissances et méthodes permettant d’aborder sur le temps long des changements de pratiques en lien avec l’évolution des communautés adventices, les représentations des agriculteurs à leur sujet tout en repositionnant ces changements de pratiques dans la trajectoire globale de l’exploitation agricole.
Objectifs;
La thèse aura pour objectif de répondre aux questions suivantes : Comment des agriculteurs ont-ils fait évoluer leurs pratiques pour développer une gestion agroécologique des adventices (c’est-à-dire basée sur la réduction voire la suppression des herbicides) dans des dynamiques de temps long ? Dans quelle mesure les communautés d’adventices et les pratiques de gestion de ces adventices coévoluent ? Quels impacts sur les représentations des adventices mais aussi sur le travail et l’économie des exploitations au cours du temps ?
Finalités:
Cette thèse entend contribuer à une réflexion sur la prise en compte du temps long dans les systèmes agroécologiques faisant l’hypothèse que « faire avec le vivant » impose une coévolution dynamique des pratiques et des agroécosystèmes. Dans cette perspective évolutive, cette thèse entend explorer la possibilité d’adapter les concepts écologiques de la gestion adaptative à l’agriculture. D’un point de vue opérationnel, cette thèse contribuera à une réflexion sur comment une vision évolutive et sur le temps long des systèmes agroécologiques peut être transmise et opérationnalisée via la formation ou l’accompagnement agricole.
Formation:
Niveau Bac +5 en agronomie ou agroécologie avec une ouverture vers les sciences sociales
Bon niveau d’anglais exigé
Permis B souhaité
Lieu d’accueil:
INRAE, UMR0980 BAGAP, 65 rue de St Brieuc 35000 Rennes
Modalités pour postuler:
Postuler avant le 1er juin 2025 à : https://amethis.doctorat.org/amethis-client/prd/consulter/offre/1994
Contact:
audrey.alignier@inrae.fr et kevin.morel@inrae.fr
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