Contexte :
Le campagnol terrestre est un rongeur inféodé aux écosystèmes prairiaux. De par son régime alimentaire exclusivement herbivore et son fort potentiel de reproduction, il engendre régulièrement des dégâts importants sur la production fourragère des prairies de moyenne montagne : principalement en Auvergne et dans le Jura, plus secondairement dans les Pyrénées, les Alpes et les Ardennes. Cet impact se révèle particulièrement important lors de périodes de pullulations durant lesquelles les risques en termes de santé publique augmentent également (épizooties, contamination d’aliments, zoonoses). Dans les zones de moyenne montagne qui présentent de larges surfaces de prairies naturelles utilisées par des productions d’élevage, les effectifs de campagnols terrestres évoluent de manière cyclique sur des périodes allant de 5 à 8 ans. Au cours de ces cycles, il y a une alternance entre des phases dites de « basse densité » où les animaux sont quasi absents et des phases de « pullulation » où il peut y avoir jusqu’à 600 adultes (+ de 1000 individus) par hectare, générant des pertes en fourrage très élevées. Lors de phénomènes de pullulations, de grands espaces de l’ordre de plusieurs centaines de kilomètres carrés sont touchés en même temps. Par exemple, en 2021 et 2022, le Cézallier, large plateau d’altitude de 30km par 30km situé entre le massif du Sancy et les Monts du Cantal a montré des niveaux importants d’infestation sur toute sa surface. Toutefois, à une échelle fine, on distingue des différences de densité de campagnols importants entre parcelles parfois contiguës. Le stage proposé s’intègre à une étude visant à caractériser et comprendre ces contrastes locaux lors de pullulations. Deux hypothèses complémentaires seront testées dans ce programme :
i) les infestations par les campagnols sont largement liées à la disponibilité en espèces végétales fortement appréciées par les campagnols (identifiées lors de travaux précédents de l’équipe d’accueil)
ii) les effets des pratiques agropastorales peuvent intervenir sur le niveau de pullulation, par leurs effets sur la végétation ou par un effet direct non encore identifié.
Ces hypothèses seront mises à l’épreuve en examinant les relations entre trois jeux de données : le niveau de densité de campagnols, la composition de la végétation (typologies de prairies1, abondance d’espèces connues pour être appréciées par les campagnols), les pratiques agropastorales.
Objectif du stage :
L’objectif du stage est d’évaluer si le type de prairie, la composition botanique et les pratiques agro-pastorales sont des bons prédicteurs du risque de pullulation des campagnols terrestre sur le domaine INRAe de l’herbipôle.
Missions confiées au/à la stagiaire :
1/ Une phase de recherche bibliographique qui permettra l’appropriation du sujet.
– recherche bibliographique conduite pour identifier l’état des connaissances sur les questions posées dans le projet et identifier les références majeures permettant de préciser les hypothèses de travail à tester.
– choix des méthodes d’analyses disponibles en concertation avec les encadrants du stage.
2/ Une phase d’acquisition et mise en forme des données qui permettra d’obtenir les bases de données nécessaires au traitement du sujet.
– saisie de données déjà disponibles pour caractériser les prairies (diagnostic typologique), données relatives aux campagnols (notamment mise en forme de données campagnols collectés précédemment)
– participation à la collecte de donnée sur les densités de campagnols terrestres sur le terrain (notations visuelles / drone).
– participation à l’acquisition de données caractérisant la végétation prairiale (composition spécifique / fonctionnelle et l’abondance relative dans les parcelles d’étude.
NB : durant cette phase, une équipe de terrain sera mobilisée
-une réflexion sur les échelles spatiales pour faire coïncider les différents jeux de données sera à produire.
3/ Une phase d’analyse des données pour répondre à la problématique du stage.
– Identification des indicateurs fiables des densités de campagnol et analyse de leurs relations avec la composition et structure de la végétation (e.g. % couvert, proportion d’espèces caractérisés par leurs traits morpho-physiologiques, …). Prise en compte des données environnementales telles que l’altitude, le sol et les pratiques agro-pastorales connues.
-Interprétation et discussion des résultats au regard de la bibliographie pour les comparer aux hypothèses de travail, et aux connaissances disponibles sur le campagnol terrestre dans d’autres régions / types de milieux, et sur d’autres espèces.
4/ Une phase de rédaction du mémoire.
Profil souhaité :
• Formation d’ingénieur agronome ou M2 en Ecologie
• Connaissances : botanique, écologie (notions en dynamique des populations, notions en écologie des communautés végétales), analyse de données, cartographie.
• Compétences : réaliser des missions de terrain sous conditions climatiques contraignantes (fin d’hiver en moyenne montagne), être capable de mettre en oeuvre des analyses et synthèses bibliographiques, être capable de définir et mettre en oeuvre une démarche statistique (logiciel R), être capable de manipuler des objets spatiaux (logiciel QGis).
• Goût du terrain et esprit d’équipe
• Permis B indispensable.
Encadrants de stage : Anne Bonis (chargée de recherche au CNRS, UMR 6042) et Adrien Pinot (Maître de conférences à VetAgro Sup, USC 1233).
Lieu de stage : Clermont-Ferrand (laboratoires d’accueil) et terrain dans la zone de moyenne montagne en Auvergne (proximité du massif du Sancy notamment)
Durée de 4 à 6 mois.
Gratifications selon la réglementation en vigueur (~ 600 euros / mois), Financement : DRAAF AuRA
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