Depuis plusieurs décennies, les populations d’ongulés sauvages de l’hémisphère Nord n’ont cessé de croître et de coloniser de nouveaux territoires sous les effets combinés de plusieurs facteurs : augmentation des surfaces forestières, raréfaction des prédateurs naturels, diminution du nombre de chasseurs et une gestion plus conservatrice de la faune sauvage (Côté et al., 2004 ; Beguin et al., 2016). Cette forte croissance des populations d’ongulés sauvages a entraîné de grandes modifications dans les relations faune-flore-société.
En effet, les grands herbivores, lorsqu’ils sont présents en abondance, sont qualifiés d’ingénieurs de l’écosystème (Coggan et al. 2018). Ainsi, en modifiant leur environnement à travers différents processus d’ingénierie physique (flux de graines et de nutriments, labourage du sols, piétinement au sol), chimique (transfert de nutriments à travers les feces, l’urine) ou trophique (consommation de plants), ils influencent la structure de l’habitat et la composition des communautés végétales dans lesquelles ils sont présents, et modifient les cycles de nutriments, les propriétés du sol, et la production primaire (Ripple et al. 2015, Linnell et al. 2020). Par effet cascade, ces interactions ongulés-plantes-sol vont influencer les vertébrés et invertébrés, mais la variabilité de ces effets dépend des abondances d’ongulés, mais aussi des conditions biotiques et abiotiques du milieu. Dans le cadre des projets de l’équipe, nous travaillons plus particulièrement sur l’impact des ongulés sur les écosystèmes forestiers. En effet, il a été montré qu’une trop forte densité d’ongulés peut avoir des impacts négatifs sur la conservation, croissance de certaines espèces ou/et le fonctionnement des écosystèmes même si la présence des ongulés semble essentielle pour restaurer les processus écosystémiques (Ramirez et al. 2018). Ainsi, cette augmentation continue, depuis plusieurs décennies, a eu pour conséquence des impacts sur les jeunes peuplements forestiers, qu’ils soient régénérés par voie naturelle ou artificielle. Ces impacts, résultat de la consommation de tout ou partie des plants ou de frottis, peuvent ralentir la dynamique des régénérations naturelles (Barrère et al., 2021), induire des substitutions d’essences (Bernard et al., 2017), une mortalité accrue des plants et une altération de leur forme parfois rédhibitoire. Ainsi, on s’attend à ce que les ongulés aient un rôle majeur sur la dynamique de la mosaïque paysagère et de la biodiversité associée, et qu’ils contribuent à maintenir ou créer des milieux ouverts. En revanche, les effets potentiellement positifs ou négatifs des ongulés sauvages sur les écosystèmes et plus particulièrement sur le sol, ont été peu étudié. Les herbivores par leur abroutissement ont non seulement un impact sur la végétation, mais aussi sur le cycle des nutriments du sol. Ainsi, bien que l’effet des ongulés sur le sol soit encore peu étudié à ce jour dans les écosystèmes européens, certaines initiatives européennes de conservation et de gestion des écosystèmes s’appuient sur ce rôle attendu des grands herbivores.
Les effets bénéfiques en termes de fonctionnement et de diversité découlent d’abondances intermédiaires, alors qu’il est admis que de fortes abondances, entraînent la diminution de la richesse spécifique et de la productivité des communautés végétales ou ils sont présents, et pourraient ainsi provoquer le ralentissement des cycles de nutriments, voire engendrer des problèmes de conservation de certaines espèces végétales ou animales.
Ainsi, l’objectif est d’étudier l’influence de la qualité sol, de la structure du peuplement et la diversité végétale sur la taille des domaines vitaux et les déplacements des chevreuils sur le territoire d’étude expérimental de Trois-Fontaines. Ce travail pourra être complété par l’étude des dispositif enclos-exclos, mis en place à Trois-Fontaines.
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