[ Cliché Yves Bas ]
La Société Française d’Ecologie et d’Evolution (SFE2) vous propose ce Regard R96 de Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie écologique, sur la diversité des conceptions de la ‘nature’ dans le monde.
Une version légèrement différente de cet article est en ligne sur le site de Good Planet, à cet url : https://www.goodplanet.info/2021/02/16/la-nature-a-travers-les-langues-protege-t-on-bien-tous-la-meme-chose/
MERCI DE PARTICIPER à ces regards et débats sur la biodiversité en postant vos commentaires et questions sur les forums de discussion qui suivent les articles; les auteurs vous répondront.
Zi-ran, natura, prakrti, priroda, … :
quelle ‘nature’ voulons-nous protéger ?
Frédéric Ducarme,
Docteur en philosophie de l’écologie,
chercheur associé au Muséum National d’Histoire Naturelle (UMR 7204)
Regard R96, édité par Anne Teyssèdre
——-
Mots clés : nature, conservation, philosophie environnementale, anthropologie de la nature, linguistique comparée, sémantique
——–
- Introduction – Quelle nature hors d’Europe ?
- Seulement six mots pour six milliards d’humains
- Une conception occidentale de la nature contradictoire avec la vision scientifique
- Remerciements
- Bibliographie, regards connexes
- Forum de discussion sur ce regard
——
Introduction – Quelle nature hors d’Europe ?
La « nature » est un terme proverbialement difficile à définir, que même Diderot et d’Alembert ont soigneusement contourné (Ducarme & Couvet, 2020). Par chance, ce terme, ou des dérivés proches, est le même dans quasiment toutes les langues européennes : natur, nature, natura, natureza, naturaleza, natuur, nádúr, natyra, natură, náttúran… Même les isolats non indo-européens comme le basque ou le maltais ont adopté cette racine latine, et sa signification vaporeuse.
Cependant, la protection de la nature est, on le sait, une affaire globale. Il convient donc de s’assurer d’une bonne traduction de ce terme dans toutes les langues du monde, l’enjeu étant d’harmoniser objectifs et politiques. Mais c’est ici que l’affaire se corse : comme l’a montré l’anthropologue Philippe Descola (2005), l’Occident chrétien se fait une idée très particulière de la nature, et les autres cultures en ont soit une idée plus ou moins différente, soit n’en ont pas du tout – pour qu’un tel concept ait un sens, il faut imaginer du « non-nature », idée bien exotique à de nombreux peuples peu urbanisés.
La mondialisation de l’enjeu conservationniste nécessite donc d’abord de s’accorder sur l’objet de cette conservation, et ainsi de vérifier que le terme habituellement utilisé par les dictionnaires et traducteurs pour transposer « nature » correspond bien à ce que les scientifiques ont en tête. Nous avons donc entrepris, avec l’aide de linguistes du monde entier (et notamment de l’INALCO) de recenser ces mots, et d’éclaircir leur bagage sémantique et étymologique afin d’identifier de possibles difficultés dans la transposition de l’idée de protection de la nature (Ducarme et Couvet, 2020; Ducarme et al., 2020).
Seulement six mots pour six milliards d’humains
Le premier constat a été qu’à l’image de l’Europe, la plupart des grands ensembles civilisationnels sont relativement homogènes sur le terme utilisé, en général tiré de la langue liturgique locale (latin, arabe, pāli, etc. ; Ducarme et Couvet, op.cit.). Ainsi, sur les 7,5 milliards d’humains peuplant aujourd’hui la Planète, environ 7 milliards n’utilisent en fait que 20 morphèmes différents pour désigner la nature, dont 6 milliards l’un de ces 6 mots les plus fréquents :
- 自然 (zì rán) : ce mot chinois est composé de deux caractères, qui signifient « soi-même » et « ainsi ». Il y a donc une idée de spontanéité, d’autonomie, d’inaltéré, qui n’est pas sans rappeler certaines définitions d’Aristote. Ce terme, plus ou moins modifié, est également présent dans toute l’aire tao-confucéenne : Corée, Japon, Vietnam, et toutes les langues sino-tibétaines de Chine.
- ធម្មជាតិ (dhammajāt) : dérivé du pāli, langue ancienne de l’Inde devenue langue liturgique du bouddhisme theravada, ce mot signifie que quelque chose est conforme aux règles de l’univers (dharma, un des concepts fondamentaux du bouddhisme) ; s’agissant de règles mobiles d’un univers en changement permanent, il n’y a donc rien de fixiste dans ce sémantisme. Répandu dans toute l’Asie du sud-est, ce mot profondément lié au bouddhisme a été adopté par la quasi-totalité des langues de la péninsule indochinoise, comme le thaï, le khmer, le lao, le birman, le cinghalais, et même en vietnamien dans certains usages (en compétition avec le mot chinois).
- प्रकृति (prakṛti-) : ce mot indien, issu du sanskrit (langue liturgique de l’hindouïsme), est utilisé dans la plupart des langues sanskrites du monde indien hindou, c’est-à-dire dans l’essentiel des langues de l’Inde comme l’hindi et le telugu, mais aussi le népali et le bengali. La racine indo-européenne permet une translittération assez pratique : il s’agit de pro-création, c’est-à-dire l’idée très dynamique d’une prolifération, d’une créativité permanente, qui peut faire penser à Darwin.
- Природа (priroda) : le monde slavo-orthodoxe utilise une racine slave, de la Croatie à l’Ukraine, et de Prague à Vladivostok. Ce terme vient du dieu slave Rod, dieu archaïque créateur de la naissance, de la vie et de la génération (rod signifie encore « lignée, héritage » en russe). On a donc encore ici une idée de prolifération créatrice, un peu comme dans les langues indiennes. Le roumain (langue orthodoxe mais romane) et le polonais (langue slave mais catholique) font exception en préférant le mot latin, même si les deux racines coexistent en polonais.
- طبيعة / טֶבַע (tiv’a / tabî’a) : les langues sémitiques (hébreu, araméen, arabe…) utilisent une racine très originale pour dire la nature : issue de l’artisanat, cette racine verbale désigne l’action d’imprimer une forme, notamment pour frapper une monnaie. On a donc affaire à une représentation très passive et inerte de la nature, résultat de l’action d’un artisan : nous sommes donc bien dans des langues liées au monothéisme abrahamique, qui voient dans la nature le résultat matériel d’un plan divin métaphysique – ce sens passif a beaucoup influencé l’évolution sémantique du terme européen, très dynamique à la base et très fixiste après la christianisation. Le terme arabe s’est disséminé dans la plupart des langues du monde musulman, du Maroc à la Chine occidentale en passant par le monde persan, et notamment dans toute l’Asie centrale (où il est écrit en cyrillique, табиат). Etonnante exception, les langues musulmanes indiennes (ourdou, punjabi) préfèrent un autre mot arabe, qudrat, qui signifie « pouvoir », ici dans le sens cosmique des lois de l’univers.
- Natura : ce mot latin est construit sur le verbe naître (nascor), dans une forme verbale appelée supin, qui est une sorte de participe futur ou abstrait. Le sens s’est calqué sur le concept philosophique grec de phûsis, aux sens nombreux et souvent obscurs (Hadot, 2004). Alors que le concept grec était de sens plutôt dynamique, la christianisation de l’Empire Romain a progressivement bouleversé la cosmologie européenne avec l’idée de Création, qui sépare un Dieu source de tout phénomène (il est « natura naturans », participe présent actif) de sa création (« natura naturata », participe passé passif), qui n’est qu’un ensemble d’objets inertes, alignant ainsi en grande partie le sens du mot européen sur la signification étymologique qu’on trouvait dans les langues sémitiques. Il faudra attendre le XIXe siècle pour qu’une vision dynamique de la nature réapparaisse (déjà esquissée par Buffon et Rousseau au siècle des Lumières) : les romantiques comme Hegel instaurent alors l’Histoire comme principe du monde, vision que l’on retrouve encore un siècle plus tard dans le vitalisme de Bergson. Cette approche dynamique est en parallèle progressivement infusée à la politique par Marx, à la biologie par Darwin, puis à la physique par Einstein, sans pour autant imposer de changement de paradigme évident au niveau des représentations dominantes (Ducarme & Couvet 2020). On trouve cette racine dans presque toutes les langues du continent européen, dont certaines (anglais, espagnol, français) se sont très largement étendues sur d’autres continents.
Nature, zi-ran, dhammajat, prakrti, priroda et tabia : vous savez maintenant comment six milliards d’humains disent « nature ». Mais fort de votre nouvelle érudition, vous êtes aussi conscient des subtiles variations, différences et écarts qui existent entre ces mots : certains sont très dynamiques quand d’autres sont fixes, certains actifs et d’autres passifs, certains concrets et d’autres abstraits, certains sont des causes et d’autres des résultats… (Voir par exemple le tableau ci-dessous.)
Une conception occidentale de la nature contradictoire avec la vision scientifique
Historiquement, la conservation de la nature en Occident s’est concentrée sur des « objets » : ce furent d’abord des espaces (parcs nationaux, monuments naturels, sites inscrits), puis des espèces (espèces menacées, espèces patrimoniales, espèces charismatiques) (Ducarme et al., 2013) . Cette vision de la protection de la nature était tout à fait cohérente avec la vision abrahamique de la création, déjà incarnée par le mythe de Noé. Cependant, le XIXe siècle a remis en cause cette vision fixiste (Robert et al. 2017), avec la naissance des sciences de l’évolution sous l’impulsion de Lamarck et Darwin, puis de l’écologie avec Haeckel et Tansley. Les écologues contemporains s’intéressent désormais moins aux objets qui incarnent la nature à un instant t qu’aux processus qui contrôlent leurs fluctuations. La conservation de la nature se concentre donc désormais beaucoup plus sur les causes que sur les effets, c’est-à-dire sur des variables telles que la biodiversité, les processus naturels, les chaînes trophiques ou fonctionnelles, les cycles biogéochimiques ou encore les « services écosystémiques », autant de dynamiques peu matérielles dont la conception fixiste et anhistorique de la nature ne saurait rendre compte (voir par exemple le schéma ci-dessous).
Résultat : les conceptions les plus éloignées de cette représentation écologique de la nature sont paradoxalement l’européenne et la sémitique, les seules à dénoter une nature fixe, passive et inerte ! L’idée d’une nature animée par des flux de matière et d’énergie est assez intuitive en ourdou, hindi ou en thaï, langues dans lesquelles la nature est spontanément dynamique et proactive. Hélas, la globalisation médiatique tend pourtant à aligner progressivement tous ces mots sur le sens occidental (1), appauvrissant ainsi la diversité sémantique de l’humanité, qui s’homogénéise autour d’une définition trompeuse : les peuples qui avaient la vision la plus fine et la plus « moderne » de ce qu’est la nature risquent ainsi de régresser vers un créationnisme américain simpliste au moment même où il est crucial que les humains modernisent leur vision de la nature. Il apparaît donc primordial d’encourager cette vision dynamique du concept si l’on veut pouvoir préserver la nature qu’il embrasse.
(1) Cet aspect est particulièrement visible sur Wikipédia, où dans presque toutes les langues l’article « nature » est une simple traduction de l’article anglophone, reproduisant illustrations et bibliographie, et qui délivre une vision extrêmement américaine et chrétienne de son objet, souvent au mépris de la culture de destination.
Remerciements
Je remercie Denis Couvet, Fabrice Flipo, Catherine Larrère, Augustin Berque et tous les linguistes qui ont contribué aux publications citées dans ce travail, ainsi qu’Anne Teyssèdre pour son précieux apport éditorial.
Bibliographie
Descola P., 2005. Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 640 p. (ISBN 2-07-077263-2).
Ducarme F. & D. Couvet, 2020. What does « nature » mean ?, Nature Humanities & Social Sciences Communications 6 (14), 2020 (DOI 10.1057/s41599-020-0390-y).
Ducarme F., F. Flipo & D. Couvet, 2020 « How the diversity of human concepts of nature affects conservation of biodiversity », Conservation Biology 34 (6), (DOI 10.1111/cobi.13639).
Ducarme F., G. Luque & F. Courchamp, 2013. What are “charismatic species » for conservation biologists”, BioSciences Master Reviews 1, 1-8.
Hadot, P., 2004. Le voile d’Isis, Paris: Gallimard, Folio essais.
Robert A et al., 2017. Fixism and conservation science, Conservation Biology 31 (4), 781-788.
Regards connexes
Regards sur les relations Homme – Nature : https://sfecologie.org/tag/relation-homme-nature/
Sur culture et biodiversité : https://sfecologie.org/tag/culture/
Sur le fonctionnement des écosystèmes : https://sfecologie.org/tag/fonctionnement/
Sur l’évolution : https://sfecologie.org/tag/evolution/
Sur la préservation de la biodiversité : https://sfecologie.org/tag/preservation-biodiversite/
—–
Regard édité et mis en ligne par Anne Teyssèdre
——-
Forum de discussion sur ce regard
Voilà qui nous sort de notre vision nombriliste ! Merci !
voila un travail dont je rêvais , vous l’avez fait il reste à en poser une réflexion sur l’idée de nature engendrée par les différentes cultures, la matérialité de la nature et son inscription dans le vivant et son instrumentalisation dans les choix des politiques publiques.
Merci pour cet ouvrage
Francine Depras
Sociologue
Un commentaire instructif, montrant la variété des conceptions de la nature au travers du vocabulaire utilisé pour la désigner. J’ai quand même un problème avec la conclusion selon laquelle « notre » vision fixiste de la nature est issue de la Bible et tend à être imposée par le modèle américain. Dans la Bible (le livre de la Genèse), la nature est représentée par le « jardin d’Eden » qui a été créé pour les besoins de l’homme. Il s’agit donc d’une nature au service des générations futures, très proche du concept qui a été popularisé par le colloque de Rio. Mais on est très loin de la conception de la nature issue de la révolution romantique, cette nature sauvage, mystérieuse et extérieure à l’homme, très loin d’une vision créationniste et fixiste.
C’est cette vison romantique de la nature, influencée par les découvertes des grands explorateurs et des naturalistes (Lamarck et Buffon, Goethe aussi qui n’était pas seulement un poète, ont joué un grand rôle dans cette révolution, bien avant Darwin) qui est à l’origine des mouvements visant à la protéger face au développement anarchique des populations humaines (voir en France l’Ecole de Barbizon et les paysages sauvages de la forêt de Fontainebleau). Il me semble donc incorrect de faire un amalgame entre ces conceptions sous la forme d’une « pensée occidentale » qui, à mon avis, n’a jamais existé en tant que telle. Et les luttes entre les tenants d’une nature au service de l’homme (Rio), et d’une nature qui se respecte en tant que telle y compris dans le monde minéral (une conception que l’on retrouve dans le bouddhisme par exemple) sont loin d’être terminées, y compris dans le « camp » occidental.
Bonjour,
Effectivement « la » vision occidentale a beaucoup évolué, et c’était l’objet de mon article précédent (https://www.nature.com/articles/s41599-020-0390-y). En fait, plus qu’une évolution linéaire, il y a eu une sorte de ramification, et plusieurs visions qui ont émergé les unes après les autres coexistent, avec sans doute une domination de la représentation judéo-chrétienne, très présente dans la culture (même si la vision romantique tient aujourd’hui une place forte dans les arts, mais peut-être plus superficielle).
La chose importante en tout cas est que la nature dynamique des écologues est encore quasiment absente de la culture populaire, ce qui se voit bien en particulier au cinéma (https://www.researchgate.net/publication/317690782_Hollywood_miroir_deformant_de_l%27ecologie).
C’est sur cet aspect qu’il y a une marge de progression pour mieux vulgariser les avancées conceptuelles issues des sciences.
Bonjour,
et merci pour ce regard très intéressant. Je souhaite réagir sur l’opposition dissimulée dans votre texte et rarement analysée : celle entre les objets matériels et les processus plus immatériels. Plusieurs études épistémologiques montrent en effet que la philosophie occidentale (et les études scientifiques qui en découlent) ont une vision matérialiste du monde, tandis que d’autres approches, comme certaines asiatiques ou celle anglo-saxonne de la « process philosophy » (Whitehead), adoptent un point de vue différent et certainement complémentaire.
Non seulement serait-il utile de repenser nos études et notre conception du monde de façon plus processuelle, mais il serait sans doute possible de combiner les deux conceptions en une nouvelle qui bénéficierait des deux. Dans le cas de la nature et de sa conservation, on comprendrait peut-être que les objets (individus de différentes espèces) et les processus (dynamiques issues des interactions) forment un tout qu’il est important de protéger dans toutes ses facettes.
Vous avez tout à fait raison, et l’écologie, science des processus, s’est émancipée de la zoologie descriptive justement de cette manière.
Quant à l’intérêt de combiner les deux approches, il est évident : j’en avais par exemple parlé dans cet article:
https://www.academia.edu/26649904/La_nature_dans_Star_Wars_
Bonjour,
Sauriez-vous préciser svp si ces 6 signifiants cités pointent vers un même signifié et lequel ? J’ai vécu en Inde au sein d’une communauté telugu n’ayant pas encore subi la naturalisation et il me semblait évident que प्रकृति ne recoupait aucun des signifiants nature que je connaissais.
Merci
Bonjour,
C’est toute la question de l’article, et je vous renvoie notamment à la publication complète dans Conservation Biology.
Pour simplifier, on utilise aujourd’hui ces termes pour traduire « nature », mais évidemment ils ne ne recoupent pas tout à fait, et chacun a des significations associées et des ramifications qui lui sont propres, et l’éloignent parfois considérablement de ce qu’on appellera « nature » dans les langues européennes.
Je m’étonne en revanche que vous parliez du mot sanskrit प्रकृति pour une communauté telugu, dont ce n’est pas la langue (ils utilisent le morphème dravidien இயற்கை, qui ne lui est pas apparenté). Mais peut-être que le nationalisme indien a fait pénétrer le terme hindi dans les langues tamoules, ce qui s’est sans doute fait au prix d’une différenciation sémantique forte (on retrouve cela en Polonais avec la cohabitation des mots latin et slave). C’est en tout cas bien le mot இயற்கை (Iyaṟkai) que nous avions retenu dans l’étude comme traduction « standard » en telugu.
Bien cordialement, FD
Bonjour et merci pour votre retour,
Je souhaitais savoir quels objets matériels étaient signifiés par les mots que vous avez pris pour nature, et notamment, en telugu. Pour la communauté dans laquelle je vivais, tout était surnaturel et donc tout était matériel. Dans ce matériel, il y a avait le vivant, il y avait du wilderness (avec la signification première et non celle des USA depuis les transcendentalistes, wilderness veut dire grosso modo, là-bas non habitable par le vivant ou/et par l’homme) et il y avait la ville (en opposition au village). Mais je ne sais pas ce que vous avez pris pour « nature » pointait.
Vous avez raison. Le sanskrit n’est pas utilisé par la communauté telugu (j’ai écrit प्रकृति par facilité et pour rebondir sur ce que vous aviez écrit dans ce regard). Le nationalisme indien n’a pas changé la vision du monde chez leurs anciens. Malheureusement, les jeunes, eux, sont eux irrémédiablement convertis à la pensée des écologues occidentaux avec leur protection d’une « nature » qui n’existe pas (Descola). Les jeunes et les anciens ne se comprennent du coup même plus, c’est malheureux. Les changements apportés par le nationalisme indien que vous évoquez, je ne sais pourquoi, est vraiment ridiculement minime si on le compare à cette perversion première. Un peu comme l’hôpital et la charité, la poutre et la poussière. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de votre papier que de remettre les pendules des écologues à l’heure ici.
Comme indiqué dans la section méthodologique de l’article, nous avons utilisé ici la « chose » que protège la conservation de la nature. Donc la traduction du terme dans la phrase « conservation/protection de la nature ». Cette « chose » varie avec les civilisations mais aussi dans le temps, et il n’est pas forcément besoin d’influences étrangères pour que deux générations espacées n’aient plus la même vision des choses…
Je ne comprends pas cette seconde allusion à l’influence intérieure changeant de fond en comble la vision des choses d’une population. Vous parleriez d’une convergence idéologique écologique amenant la dernière génération locale à réduire à néant la culture écolo de leurs parents pour rejoindre par coïncidence l’occident? C’est énorme. On m’aurait dit que le choix de conserver la nature (le concept occidental, pas la chose dans le réel puisqu’elle n’existe pas) par l’occident à l’ONU dès 1972 en dépit de l’appel de I.Gandhi à respecter le surnaturel du vivant, couplé au libéralisme économique mené depuis l’occident et au tsumani technologique mondiale aurait tué de l’extérieur la culture locale déjà mal en point avec la colonisation, j’aurai pu le croire assez facilement. Mais une révolution intérieure convergente, je ne m’en serais jamais douté.
En ce qui concerne la conservation de la nature, comme son nom l’indique, elle ne protège pas, elle conserve. Elle met en boite le vivant.