La Société Française d’Ecologie (SFE) vous propose le regard de Romain Julliard et de Frédéric Jiguet sur la biodiversité face au réchauffement climatique
Cet article sera repris et publié dans le prochain numéro de LaRevueDurable, partenaire de diffusion pour ces regards et débats, à paraître en décembre 2011.
MERCI DE PARTICIPER à ces regards et débats sur la biodiversité en postant vos commentaires après cet article. Les auteurs vous répondront et une synthèse des contributions sera ajoutée après chaque article.
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La biodiversité
face au réchauffement climatique :
ce que nous indiquent les oiseaux
Romain Julliard et Frédéric Jiguet
CERSP, MNHN (UMR 7204)
Regard R22, édité par Anne Teyssèdre
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Mots clés : Climat, changements globaux, oiseaux, communautés, écosystèmes, fonctionnement, interactions, adaptation, enjeux.
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Notre planète en général, et la France en particulier, ont subi au cours des cent dernières années un réchauffement climatique brutal si on le compare aux variations historiques de températures. Ce réchauffement d’une amplitude de 1°C est attribué par un large panel de climatologues aux activités humaines qui génèrent des Gaz à Effet de Serre (GES). Les modèles climatiques prévoient pour le siècle à venir une amplification du phénomène de 2 à 5°C, dont l’ampleur et la rapidité dépendra de notre capacité à réduire nos émissions de GES. Un réchauffement d’au moins 3-4°C pour la fin du XXIème siècle semble cependant inévitable et mettra au moins 1000 ans à se résorber.
L’objectif de cet article est de faire le point sur les principaux impacts du réchauffement climatique en cours sur les populations d’oiseaux et, à travers eux, sur la biodiversité. Plutôt que de tenter l’impossible synthèse de centaines d’articles sur la question, nous nous appuierons sur trois exemples, dont deux auxquels nous avons directement contribué, qui illustrent ce qui nous semble être les trois phénomènes induits par le réchauffement climatique les plus déstabilisants pour la biodiversité dans nos contrées tempérées : (1) la désynchronisation de la chaîne alimentaire ; (2) la redistribution spatiale des espèces et (3) la multiplication de phénomènes catastrophiques. Nous terminerons par une réflexion sur le rôle de la biologie de la conservation dans ce contexte de changements climatiques.
Désynchronisation des chaînes alimentaires
Les changements climatiques prennent une signification particulière sous nos latitudes tempérées en modifiant la longueur relative des saisons. Or l’arrivée du printemps rythme le cycle annuel de toute la biodiversité. La remonté printanière des températures s’accompagne d’une reprise explosive de la végétation. Les jeunes feuilles fournissent une nourriture de qualité pour une multitude d’invertébrés herbivores, aux premiers rangs desquels les chenilles. Eux-mêmes sont alors consommés par des espèces insectivores, vertébrés (batraciens, lézards, oiseaux, petits mammifères..) ou invertébrés (coléoptères, araignées, ..), elles-mêmes proies de carnivores ou d’autres insectivores, chassés par d’autres prédateurs… Le formidable accroissement de la biomasse végétale va ainsi permettre à l’ensemble de ces consommateurs de se reproduire. Ce phénomène est cependant éphémère : les jeunes pousses tendres se chargent rapidement de tanin et deviennent indigestes. On assiste ainsi à un pic d’abondance de nourriture et chaque niveau de la chaîne alimentaire tente de se synchroniser sur le pic dont il dépend.
Il existe bien entendu une variabilité naturelle de la précocité du printemps et les différentes espèces ont développé des stratégies pour ajuster leur cycle de vie à cette variabilité. Pour les organismes dont la physiologie dépend directement de la température, comme les plantes ou les invertébrés, cet ajustement est relativement automatique et synchrone. Pour les autres (oiseaux par exemple), il s’agit de prendre une décision basée sur différents indices, parfois un bon mois avant le pic de chenille quand il s’agit d’initier la ponte.
Le réchauffement climatique modifie la précocité printanière en multipliant les printemps chauds et en amplifiant la variabilité naturelle de la précocité des saisons. Les espèces sont elles capables de s’adapter? Deux types d’adaptation sont possibles : l’un est la sélection naturelle des individus programmés génétiquement à se reproduire tôt, l’autre la flexibilité (ou plasticité) individuelle, chaque individu utilisant divers indices pour ajuster le début de sa reproduction aux conditions climatiques. Les conséquences d’un mauvais ajustement peuvent être dramatiques puisque les jeunes oiseaux aux nids peuvent ne pas avoir assez de nourriture pour leur croissance et leur survie.
Notre équipe a étudié la sensibilité de la date de reproduction à la température chez différentes espèces et exploré dans quelle mesure cette sensibilité prédit la tendance globale de ces espèces à augmenter ou diminuer. Nous avons utilisé pour cela les données issues du programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs par capture-recapture (STOC-capture). Ce programme initié en 1989 s’appuie sur le réseau des bagueurs amateurs, animé par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d’Oiseaux (CRBPO) du Muséum national d’Histoire naturelle.
Chaque printemps entre mai et juillet, des bagueurs suivent les communautés d’oiseaux sur les mêmes sites (par capture dans des filets), au cours de 3 à 5 visites afin d’échantillonner les populations d’adultes et de jeunes. La proportion de jeunes dans les captures augmente rapidement avec l’avancée de la saison avant de plafonner. Cette dynamique de progression étant plus ou moins précoce selon les années, des techniques statistiques permettent d’estimer la date moyenne de reproduction pour chaque année, et les décalages d’une année à l’autre. Cette procédure a été répétée pour les 30 espèces les plus fréquemment capturées et pour les 19 années de 1989 à 2007. L’analyse des données indique une tendance nette à une avancée des dates de reproduction d’environ 5 jours pour cette période de 19 ans (Moussus et al. 2011). Cette tendance est commune à toutes les espèces considérées. Par ailleurs, la date de reproduction d’une année est également fortement corrélée à la température moyenne de février à mai cette année là, les oiseaux nichant plus tôt quand les températures sont plus élevées. Cette relation est cependant variable d’une espèce à l’autre, chaque espèce montrant une sensibilité plus ou moins grande à la température.
Pour chaque espèce, par ailleurs, nous avons obtenu la tendance à l’augmentation ou à la diminution entre 1990 et 2005 en Europe. Il s’avère que cette tendance est fortement corrélée à la sensibilité de chaque espèce à la température printanière : les espèces dont la date de reproduction est la plus sensible à cette température sont stables ou en augmentation et au contraire, les espèces peu ou pas sensibles à ce facteur sont en diminution (Moussus et al. 2011).
Ces résultats montrent que la succession de printemps chauds des 20 dernières années a affecté de manière prononcée la « santé » des populations d’oiseaux, mais cela de manière très inégale, en fonction de la capacité des espèces à ajuster leur date de reproduction aux conditions climatiques changeantes. Cet ajustement résulte d’une prise de décision basée sur une série d’indices et donc d’un processus complexe. Certaines espèces n’ont pas cette compétence, soit par contrainte (par exemple les espèces migratrices n’ont souvent pas le temps d’ajuster leur reproduction aux conditions climatiques au moment de leur retour de migration), soit par adaptation à des conditions antérieures plus stables lorsqu’il peut être coûteux de prendre une mauvaise décision.
Redistribution spatiale et recomposition des communautés
La distribution géographique actuelle d’une espèce est le résultat de plusieurs facteurs. Elle dépend bien sûr de sa niche écologique, c-à-d. de ses exigences physiques, chimiques et biologiques, dont les limites évoluent lentement au fil du temps et imposent des limites géographiques à sa distribution à un instant donné. Elle dépend aussi de la compétition avec d’autres espèces ayant une partie de leur niche en commun, et de l’histoire qui fait qu’une espèce n’occupe pas toute sa distribution potentielle. Une part de la distribution est donc déterminée par les conditions climatiques dans lesquelles l’espèce peut prospérer. Les écologues parlent de « niche climatique » pour désigner l’ensemble des exigences climatiques d’une espèce, c-à-d. les conditions de température, d’humidité, etc., nécessaires à sa survie et sa reproduction.
Sous l’action des changements climatiques, la réalisation géographique de la niche climatique de chaque espèce est amenée à se déplacer, généralement vers les pôles et en altitude. Nous avons tenté de mesurer ce phénomène en évaluant les changements de la composition des communautés d’oiseaux en France. Nous avons calculé pour chaque espèce la température moyenne dans son aire de distribution en s’appuyant sur l’Atlas européen des oiseaux nicheurs et sur des atlas climatiques. Une espèce à distribution méridionale se retrouve avec une température moyenne élevée – elle est dite plus « chaude » ou thermophile – tandis qu’une espèce septentrionale est confrontée à des températures plus basses – elle est dite plus « froide » ou thermophobe. Nous avons ensuite utilisé les données du STOC-point d’écoute, un réseau complémentaire du STOC-capture, basé sur des ornithologues amateurs et ayant pour objectif de mesurer les variations d’abondance à partir de points d’écoute répétés chaque année aux mêmes endroits. Pour chaque point STOC et pour chaque année, nous avons calculé la température moyenne des assemblages d’espèces présentes.
Entre 1989 et 2006, cette température moyenne des communautés a augmenté régulièrement chaque année, pour un total d’environ 0,1 unité (Devictor et al. 2008). Ce changement traduit la recomposition des assemblages locaux en faveurs des espèces les plus chaudes et au détriment des plus froides. Afin de calibrer ce changement, nous avons calculé le gradient nord-sud existant de la température des communautés en France. Evidemment, les communautés sont plus « chaudes » au sud qu’au nord. Mais nous avons pu ainsi estimer que le changement de 0,1 unité observée entre 1989 et 2006 est équivalent au changement que l’on peut observer quand on se déplace de 90 km vers le nord. En d’autre terme, en un point donné de France, en 2006, la composition des communautés d’oiseaux en terme d’espèces chaudes et froides correspond à ce qu’on observait 90 km plus au sud 18 ans plus tôt.
Il y a peut de doute que ce changement soit lié au réchauffement climatique en cours. Tout se passe comme si les populations d’oiseaux glissaient vers le nord à la vitesse insoupçonnée de 5 km par an ! Sur la même période, la température printanière a augmenté en tendance de 1°C environ. Le gradient climatique nord sud en France est d’environ 0,4°/100 km. Le climat s’est donc lui déplacé de 250 km vers le nord en 18 ans. Ce qui nous semblait rapide pour les oiseaux se révèle en fait bien lent par rapport au climat…
Ce décalage ne serait sans doute pas trop grave si toutes les espèces se déplaçaient à la même vitesse. Mais ceci est peu probable, compte-tenu des capacités de déplacement différentes des plantes, des escargots, des oiseaux ou des papillons… Des britanniques ont récemment produit une étude comparative qui permet de mesurer ce phénomène. Ils ont compilé l’ensemble des atlas successifs au cours des 25 dernières années pour toutes sortes de groupes d’espèces. Pour chaque groupe, ils ont comparé le décalage moyen de la limite nord de l’aire de distribution à 25 ans d’écart. Et l’on constate de forte disparité entres groupes : les plus rapides sont les libellules et les araignées (dont les jeunes se déplacent par le vent accroché à un fil de soie) qu’on trouve environ 75 km plus au nord. Les papillons suivent (environ 50 km) puis viennent les oiseaux et les mammifères (environ 25 km). Enfin, bon dernier, les amphibiens dont la diminution est tellement forte que la limite nord de leur aire de distribution est maintenant plus au sud qu’il y a 25 ans !
Ainsi, la plupart des espèces sont capables de se déplacer vers le nord, mais à des vitesses très variables – sans doute en fonction de la mobilité des individus et de leur capacité à coloniser des espaces vide. On notera également la singulière différence de vitesse pour les oiseaux britanniques -1 km par an – mesurée au bord de leur aire de distribution, et les oiseaux français – 5 km par an – mesurée au centre de leur aire de distribution… Le réchauffement climatique a ainsi pour conséquence de redistribuer les espèces dans l’espace, conduisant à des assemblages inédits. Les conséquences de cet écart de distribution entre prédateurs et proies potentiels, ou entre compétiteurs habituels, ne sont guère prévisibles et pourraient être importantes…
Événements catastrophiques
Le dernier exemple vient du Nord de la Grande-Bretagne et des vastes colonies d’oiseaux de mer qui bordent notamment la côte est de l’Ecosse, le long de la Mer du Nord. Les ornithologues suivent depuis le début des années 1980 le succès de la reproduction des différentes espèces et en particulier du Guillemot de Troïl. Les couples de cette espèce n’élèvent qu’un seul petit par an, /avec 80% de succès / et environ 80% d’entre eux conduisent leur jeune à l’envol/. Un lent déclin de cette proportion (de 80 à 60%) inquiétait les ornithologues mais ne les a pas préparés au cauchemar auquel ils ont assisté en 2004. Cette année là, beaucoup d’adultes n’ont tout simplement pas pondu, mais les autres ont vu dans leur grande majorité, voire dans leur totalité dans certaines colonies comptant pourtant des milliers d’oiseaux, leur jeune mourir de faim… Les biologistes ont reconstitué ce qui s’était passé (Wanless et al. 2005).
Cette même année 2004, les équilles, petits poissons très abondants habituellement en Mer du Nord ont fait défaut. Chaque année, les équilles produisent un gigantesque « essaim » d’alevins qui est entraîné par les courants de la Mer du Nord et rencontre une formidable quantité de calamus, des petits crustacés planctoniques, dont les alevins se nourrissent – ce qui augmente leur biomasse. Les bancs de jeunes équilles fournissent alors d’énormes ressources à toutes sortes de vertébrés marins, dont les guillemots. En 2004, apparemment pour une question de quelques degrés en plus, les deux courants se sont croisés sans se mélanger… condamnant les guillemots à la famine.
Comme pour toute catastrophe unique, il est impossible d’attribuer cet événement précis au réchauffement climatique. On peut cependant voir ici un scénario qui pourrait se reproduire. Les écosystèmes sont régulés par les multiples interactions entre tous les éléments qui forment la biodiversité. Ces systèmes sont relativement résilients aux changements jusqu’à un certain point où ils changent brutalement d’état. Il est probable que ces catastrophes sont d’autant plus brutales que ces écosystèmes sont déjà dégradés.
Que faire face au réchauffement climatique ?
Le réchauffement climatique menace l’existence de beaucoup d’espèces, l’exemple le plus emblématique étant celui de l’ours polaire dont on ne sait pas comment il survivra à la fonte imminente de la banquise arctique. Mais les résultats exposés ici montrent qu’au-delà de ces cas d’espèces, c’est le fonctionnement même des écosystèmes qui est menacé. La biologie de la conservation, au plan scientifique, et les gestionnaires sur le terrain, doivent trouver les moyens de sauvegarder une biodiversité riche et fonctionnelle face à cette menace. Il est certes important de continuer à œuvrer pour réduire la production de gaz à effet de serre et limiter ainsi l’ampleur et surtout la rapidité du réchauffement. Mais il ne faudrait pas se leurrer : les scénarios les plus optimistes des climatologues sont d’une part assez improbables sur le plan politique, et de toute façon nous condamnent à un changement durable des conditions climatiques. Il nous faut assumer cette situation et réagir en conséquence.
Il faut bien cependant constater que nous sommes assez démunis face à ce défi. La biologie de la conservation vise essentiellement à freiner, voire à inverser les changements induits par l’homme sur la biodiversité. Le vocabulaire que nous employons est assez explicite de ce travers : conservation, restauration, état de référence… Face au réchauffement climatique, c’est précisément l’inverse qu’il faut envisager : accompagner voire faciliter le changement de la biodiversité. Comment faire ? Nous sommes encore loin d’avoir les solutions, mais il me semble urgent d’y réfléchir en particulier pour les scientifiques. Voici quelques pistes à explorer dans les années à venir :
- Comment définir un état de référence à atteindre ? Quelle biodiversité veut-on en 2050?
- Que faire avec des espèces condamnées localement par le réchauffement ? Jusqu’où retarder l’inéluctable ? Quelle alternative (par exemple, déplacer des populations, des écosystèmes, organiser des colonisations assistées…) ?
- Quelle place pour les espèces exotiques ? Certaines espèces introduites accidentellement se révèlent et se révéleront plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques que les espèces locales. Est-ce une menace ou au contraire une chance ?
Ces questions peuvent sembler aujourd’hui sacrilège. Mais les ignorer serait irresponsable de notre part : personne n’y répondra à notre place.
Bibliographie :
Devictor V, Julliard R, Couvet D et Jiguet F., 2008. French birds lag behind climate warming. Proc R Soc Lond B 275: 2743-2748. doi:10.1098/rspb.2008.0878
Moussus JP, Clavel J, Jiguet F et Julliard R., 2011. Which are the phenologically flexible species? A case study with common passerine birds. Oikos 120:991-998.
Wanless S., Harris M. P., Redman P. & Speakman J. R., 2005. Low energy values of fish as a probable cause of a major seabird breeding failure in the North Sea. Mar. Ecol. Prog. Ser. 294: 1-8.
Pour en savoir plus (en français) :
Protocole et principaux résultats du STOC, sur le site web de Vigie-Nature au MNHN :
http://www.vigienature.fr/fr/suivi-temporel-des-oiseaux-communs-stoc
Clavel J., 2011. L’homogénéisation biotique, une réponse aux changements globaux. Regards et débats sur la biodiversité, SFE, Regard n°18, avril 2011.
https://sfecologie.org/regards/2011/04/18/r16-j-clavel/
Teyssèdre A., 2008. Changement climatique et biodiversité. Série vidéo (17 x 3mn), MNHN – GIS Climat – La Huit, novembre 2008.
Ou en ligne sur Canal-U, à partir de cette première vidéo (Question à Valérie Masson) : https://www.canal-u.tv/video/cerimes/1_y_a_t_il_un_rechauffement_climatique_mondial_question_a_valerie_masson.7996
Teyssèdre A. et R. Barbault, 2009. Les invasions d’espèces : cause ou conséquence du bouleversement des écosystèmes ? Pour la Science n°376, février 2009, pp. 22-25.
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Article édité par Anne Teyssèdre
Réponse générale des auteurs
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Le 12 novembre 2011
Les internautes l’ont bien noté : le réchauffement climatique est une préoccupation qui concerne d’abord notre espèce et son avenir immédiat. Quelle place donc pour l’écologue ? Sur le plan fondamental, ce n’est pas idéal : les changements climatiques sont trop complexes pour être effectivement la quasi-expérience que l’on prétend parfois dans nos publications. Nous nous heurtons à la même difficulté que les climatologues : comment attribuer avec certitude un phénomène aux changements climatiques quand n= 1 planète ?
Alors, à quoi servons nous : ajouter de l’alarmisme au catastrophisme ou vice-versa ? Nous espérons que ce n’est pas que cela et que nos contributions peuvent être lues comme factuelles (même si notre expression est nécessairement connotée) : l’étude de la biodiversité, des oiseaux ici, nous éclaire sur les mécanismes des changements en cours dans le monde vivant, le nôtre. C’est l’occasion aussi de se tourner vers l’avenir et de proposer, à l’instar des climatologues, projections et scénarios. L’exercice est périlleux tant les systèmes écologiques sont complexes mais en même temps stimulant car il nous oblige à une certaine ouverture sur les autres sciences de l’environnement. Mais si nous savons assumer ces faiblesses, nous pourrions bien devenir moteurs plutôt que suiveurs dans le débat sur le réchauffement climatique en promouvant (avec d’autres) une voie alternative : agir dans l’incertitude. Les écologues américains ont depuis longtemps théorisé « l’adaptive management », la gestion adaptative, dont le principe – admettre qu’on en connait pas tout, agir malgré tout, tout en se donnant les moyens de modifier nos actions à la lumière de nouveaux savoirs – semble pouvoir s’appliquer à l’action face aux changements climatiques, et pas que pour ce qui concerne l’avenir de la biodiversité.
Bonjour,
Quel est le rôle de la fragmentation du paysage dans la réponse des populations au changement de climat? Qu’en est-il pour les migrateurs, répondent-ils mieux aux variations ou bien sont-ils plus affectés?
Vous callez vos hypothèses sur un postulat invérifié: il y a changement climatique avec une rapidité jamais égalée par le passé …et en grande partie due à l’action humaine …mettant en grand danger les espèces animales …TOUT ce verbiage ne repose sur RIEN …(trop long à développer ici, reportez-vous aux diverses études sur les variations climatiques NATURELLES qui affectent les divers biotopes depuis des millions d’années…Les espèces se sont adaptées …Les données moléculaires (ADN) permettent de dater et de corréler ces évènements avec les diverses spéciations …(par exemple crise mécinienne pour nos régions, alternances quaternaires …etc…). L’ancienneté générale des diverses espèces d’insectes ayant très peu évoluées sur des durées aussi longues et perturbées ne laisse aucun doute.
Retraité du CNRS, j’étudie les insectes depuis 1970 (notamment les cavernicoles) et je peux vous affirmer que depuis cette date les nombreux biotopes que je prospecte (France + Espagne, depuis la mer jusqu’aux sommets et aussi sous terre) n’ont pas subi le moindre changement notable et que la faune y reste soumise à des variations dépendant de multiples facteurs où la température joue un rôle mineur (pour prendre un exemple à effet tampon je mentionne un gouffre de – 70m en Pena Colarada où je récolte chaque année à la même période très courte, depuis 1978 un coléoptère vivant sous le névé du fond, lequel fond toujours à la même vitesse)….De plus il y a des phénomènes cycliques très difficiles à interprêter et qui rendent illusoire l’interprétation de tout comptage sur moins de plusieurs dizaines d’années.
Bref, il n’est pas scientifique de suivre cette mode du « chagement climatique » pour essayer de faire coller des observations partielles et partisanes et surtout d’en tirer des avertissements catastrophiques (disparition de l’ours polaire??? il en a vu d’autres depuis sa séparation avec l’ours noir (200 000 ans ? …des fluctuations climatiques au moins égales à celles que l’on constate depuis 10 000 ans et même depuis le petit age glaciaire).
Ancien du CNRS, je sais que les publications sont souvent « alimentaires » mais tout de même …un peu d’esprit critique …
Pour une documentation abondante et une synthèse sur la réalité du réchauffement climatique mondial actuel, de sa rapidité hors norme et sur les causes humaines de ce réchauffement (augmentation drastique des émissions de gaz à effet de serre), je vous renvoie au site du GIEC (IPCC en anglais) : http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml , où vous trouverez les principaux travaux, analyses et résultats de ce Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat, qui compte 2500 membres.
Pour la dernière synthèse de ces résultats, je vous renvoie au Rapport 2007 du GIEC : http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf
(Le prochain et 5e Rapport du GIEC est prévu pour 2014.)
Pour un exposé rapide sur l’évolution passée du climat, et pour poser des questions précises ou de fond sur les résultats du GIEC, je vous renvoie au regard n°10 « Le climat de notre biosphère », par Valérie Masson-Delmotte (climatologue et Directrice de Recherche au CEA),
exposé mis en ligne et discuté sur cette plateforme à l’adresse https://sfecologie.org/regards/2011/01/26/regards-10-masson/ depuis janvier 2011.
Cordialement,
Anne Teyssèdre
Ce très intéressant article pose de très bonnes questions… et en soulève d’autres.
L’idée selon laquelle le changement climatique redistribue dans le temps et l’espace les communautés d’espèces et bouleverse leurs réseaux d’interaction est certes en soi irréfutable. La démonstration de l’article est d’ailleurs ici très convaincante. Mais l’autre idée sous-jacente de ce texte, selon laquelle le changement climatique « désordonne » (désynchronise, recompose, redistribue…) le vivant et les réseaux d’interaction du vivant ne rejoint-elle pas, en filigrane, et même parfois davantage qu’en filigrane, une posture beaucoup plus philosophique renvoyant à l’harmonie cosmique de Platon?
En « réalité », dans quelle mesure pouvons-nous dire que la nature est en train de s’affaiblir sous l’effet du changement climatique ? Si elle pouvait prendre la parole, dirait-elle qu’elle va moins bien qu’avant ? Comment en juger, d’ailleurs, dès lors que nous ne percevons de la nature que la voix que notre culture lui prête ? Une autre manière de dire la même chose : bien davantage que d’être bénéficiaires d’ajustements optimaux lentement acquis au cours du temps (et permettant une synchronisation, une composition et une distribution sinon optimales, du moins satisfaisantes), les populations animales et végétales ne sont-elles pas plutôt depuis toujours condamnées à devoir livrer un combat sizyphien, aussi abominable que douloureux et cruel, pour se maintenir dans un environnement hostile, chaotique et en bonne partie inadéquat ?
Au bout du compte et pour résumer (ceci, à nouveau, sans aucunement sous-estimer la réalité de l’impact du changement climatique sur les cartes du vivant), comment peut-on objectivement s’assurer que la nature soit perdante dans un tel changement ? C’est sans doute là une question qui n’a pas de réponse, mais cela ne signifie pas qu’il ne faille pas s’en saisir, au moins comme d’une petite lumière venant nous rappeler que l’évocation d’un risque environnemental ne peut jamais tout à fait s’abstraire (et c’est heureux) de notre propre référentiel culturel. Cela n’empêche pas de faire des choix, mais il faut accepter que ces choix soient hybrides, c’est-à-dire portés par la science, mais aussi par notre culture.
Merci encore et bravo pour cet article.
J’ai l’impression que beaucoup de monde se demande en effet comment considérer que la nature est en danger face à ces changements brutaux. Voici ma vision des choses, si les opinions vous intéresse: effectivement je considère que les extinctions naturelles s’étant produites au cours des ères géologiques et donc, sur des milliers d’années relèvent de phénomènes naturels; et sont donc à mes yeux « acceptables » puisque pris dans le cercle de la vie. Cependant, les nouvelles extinctions se produisent à un rythme inégalé jusque là: ce n’est pas en milliers d’années que l’ours polaire va disparaître, comme les dinosaures au Crétacé, mais bien en centaines d’années!!!! Ceci renvoie logiquement aux problèmes des crises biologiques passées dont les cinq grandes extinctions, ayant toutes eu lieu bien avant l’arrivée de l’homme, et toutes réalisées sur une échelle GEOLOGIQUE parfois courte. Or depuis notre arrivée, récente sur ce monde, il semble que les rythmes d’extinction et d’évolution climatiques se soient tous accélérés. C’est à partir de cette constatation qu’il devient difficile de blanchir l’homme de ses répercussions sur l’érosion de la biodiversité actuelle, qui se serait sans doute érodée (phénomène naturel) mais certainement pas à ce rythme. L’homme est un super-prédateur qui ne laissera de place qu’à lui même. Partant de là, il est nécessaire d’agir pour préserver le plus grand nombre d’espèces possibles, qui auraient disparus mais peut-être dans une ère qu’un animal non humain n’aurait pas eu le temps apprécier.
La réalité de la crise actuelle de biodiversité est incontestée et fait l’objet de nombreuses recherches dans de multiples domaines depuis plus de vingt ans. Liée à l’augmentation et à l’intensification rapide des activités de notre espèce en expansion, cette crise se traduit par un bouleversement massif des écosystèmes terrestres et marins, une désorganisation des chaînes trophiques (alimentaires), et par le déclin rapide de nombreuses espèces spécialistes au profit d’un petit nombre de généralistes (ex : Mc Kinney & Lockwood 1999 ; MEA 2005 ; Butchart et al. 2010 ; Clavel et al. 2010 ; et voir par exemple les regards 1, 4 et 16 sur cette plateforme..).
Le réchauffement climatique mondial actuel, en gestation depuis plusieurs décennies, est un nouveau grand facteur d’impact humain sur la biosphère, qui s’ajoute au changement massif d’usage des terres, à l’intensification de l’agriculture, à la surexploitation des océans..
Dans cet article, les auteurs montrent la spécificité des impacts de ce facteur : désynchronisation des chaînes alimentaires, déplacement géographique des niches écologiques, recomposition de communautés désorganisées, mal adaptées aux conditions locales… (Il s’agit là de faits, et non pas d’atteintes à une « harmonie cosmique » de la nature !)
A l’échelle des temps géologiques ou évolutifs – c-à-d. des dizaines de millions d’années -, cette crise de la biodiversité est bien sûr provisoire et toute relative. Mais son ampleur (à l’horizon de quelques millions d’années) et ses effets à court-terme sur les socio-écosystèmes dépendront des réponses actuelles de nos sociétés.
Il s’agit notamment de comprendre les mécanismes écologiques et socio-économiques de cette crise, pour définir des stratégies et priorités. Et de ne pas agiter d’épouvantails – par exemple, les invasions d’espèces ‘aliens’ – qui détournent l’attention, l’énergie et les moyens des acteurs vers des mesures et politiques délétères ou sans effet.
Certes, mais tout de même… Cet article, aussi démonstratif soit-il, véhicule – sans doute à l’insu de son auteur – des idées d’inspiration philosophique qui apparaissent explicitement dans les intitulés et relèvent moins directement d’un diagnostic écologique que d’un mode de représentation de la nature implicite.
Le référentiel sur lequel s’appuie ce texte est en bonne partie une écologie déterministe et systémique. Plusieurs auteurs (Mark Sagoff, Pierre Hadot, Patrick Blandin par exemple) ont rappelé qu’elles trouvaient leur source dans une vision conforme à une vision du monde retranscrite par Platon dans son Timée. Ecosystèmes, équilibres, niches, intégrité biogéographique, cycle des taxons – pour ne citer que ces concepts
– s’enracinent dans cette vision où il est question d’un Tout et d’un Ordre, avec en prime, très souvent, une vision organiciste à peine voilée (du climax de Clements à l’hypothèse Gaïa de Lovelock).
Certes, le climat bouleverse les cartes du vivant : il recompose, il redistribue, et il perturbe les réseaux d’interactions trophiques en les désynchronisant. Mais faut-il considérer que les écosystèmes actuels sont idéalement constitués ? Comme le rappelait précisément Stephen Jay Gould, les écosystèmes ne sont pas, comme le sont les espèces, le fruit d’une évolution adaptative. La métaphore organismique assimilant les écosystèmes à des êtres vivants est abusive.
Plus généralement, on peut admettre que la nature ne fait pas nécessairement pour le mieux (il n’y a qu’à voir nos propres expériences individuelles d’hommes et de femmes…). Elle n’est pas l’artisan démiurge du Timée de Platon. En outre, elle n’oeuvre pas nécessairement au service d’une harmonie dont on peut se demander sur quoi elle s’appuierait alors, sinon sur une projection mentale de notre part. Lorsqu’on évoque notre regard sur la nature, on ne peut pas faire abstraction de nos référentiels culturels (cf. travaux de William Cronon, puis Bruno Latour, repris en anthropologie par Philippe Descola). Post-modernisme oblige.
L’écologie scientifique, même issue de nos meilleurs laboratoires et de nos plus brillants représentants, n’échappe pas à l’indissociabilité de la nature et de la culture. Omettre ce lien inaltérable, c’est courir le risque de l’autoritarisme scientifique lorsque l’on évoque un risque environnemental (voir les écrits de C. et R. Larrère). En toute chose, il n’y a de mal que l’idée que l’on s’en fait, disait en substance Shakespeare… C’est peut-être un peu abrupt, mais ce n’est pas dénué de sens.
Bonjour à tous,
Il y a certe des évolutions naturelles, mais je pense qu’il y a de nombreuses évolutions d’origine anthropique que nous ne pouvons pas ignorer!
Au delà de ça, je suis toujours surprise que l’homme soit considéré au dessus de la biodiversité… L’homme est une espèce comme une autre et fait partie de cette biodiversité. Nous faisons aussi partie du réseau trophique… Nous sommes des animaux qui subissent aussi ce changement climatique : migration des populations, pertes d’habitat, mauvaises récoltes… tout cela nous touche également. Nous parlons d’ailleurs déjà de « réfugiés climatiques ».
Je rejoins donc le regard de Jacques Tassin sur la vision que l’on peut porter à toutes nos études qui proviennent bien d’une vision scientifique mais aussi d’une vision culturelle non négligeable.
Merci pour cet article riche et illustratif.
Une réponse générale des auteurs de ce regard aux internautes a été postée le 12 novembre à la suite du texte.
Mais la discussion peut continuer bien sûr…
Par ailleurs, La Revue Durable a choisi ce regard pour publication dans son prochain numéro, à paraître en décembre.
Bien cordialement à tous, AT
Bonjour,
Avis d’un étudiant en L1 :
Je trouve assez absurde toute comparaison de la crise dans laquelle nous nous engageons aux crises passées. On peut dire que la nature s’est sortie des crises précédentes donc qu’elle se sortira des précédentes mais c’est une vision qui oublie deux faits :
Le premier, cité dans plusieurs commentaires, est que l’Humain intervient pour la première fois dans cette crise. Bien sûr cela implique la vitesse bien plus grande d’extinction… et également le fait que les contraintes vont continuer à accélérer une fois la crise passée. Il n’y aura pas de stabilisation des conditions climatiques (dans le cas catastrophe où on ne change rien dans nos habitudes…). Qui dit que dans ces conditions une nouvelle biodiversité pourra apparaitre?
Le deuxième point est que en imaginant que tout va bien se passer et que plein de nouvelles espèces apparaissent… Il y a tout de même une période critique (je n’ai aucune idée de la durée de cette période) pendant laquelle la biodiversité est à son plus bas. Et selon la durée de cette période je ne suis pas certain que l’Homme puisse survivre. Il serait difficile de survivre sans pollinisation… Alors oui la nature s’en sortira mais je pense qu’on a tous un minimum foi en l’humanité et qu’on aimerait bien qu’elle soit dans le futur à condition qu’elle s’harmonise un peu avec la nature, non? Régler le problème de la nature si on ne veut pas spécialement que l’Homme soit dans le portrait, c’est vite vu, le plus simple est de l’enlever selon moi. Si on cherche tant à préserver la nature c’est parce qu’on veut être dans le tableau final.
Je ne suis pas en train de dire qu’il faut protéger la biodiversité parce qu’elle est importante pour nous, je pense qu’elle a une valeur intrinsèque que l’on doit respecter mais c’est parce que l’on veut rester dans l’histoire que je trouve absurde de dire que la crise biologique est du déjà vu.
Victor
La discussion « Nature-Culture » autour de ce commentaire est reprise dans le regard 26 de Jacques Tassin en ligne depuis 10 jours sur cette plateforme.
Pour ma part, je ne pense pas que la préservation de la biodiversité suggère une croyance dans un certain ordre naturel parfait du vivant. Il s’agit « tout simplement » pour les sociétés d’essayer de réduire leur impact sur la biodiversité et sur le fonctionnement des écosystèmes, dont elles dépendent à l’instar de nombreuses autres espèces. Et ceci ne me semble possible qu’à l’aide d’une exploration scientifique et pluridisciplinaire du fonctionnement de ces écosystèmes…
[Traduction d’un commentaire en italien de Paolo Rese.]
Tous mes compliments pour ce texte. C’est une description scientifique et complète de ce qui est en train de se passer. Je m’excuse, mais si je lis facilement le français, je ne suis plus capable de l’écrire… Je ne vis plus en France depuis 1963 et j’ai presque 80 ans.
Je suis agriculteur depuis environ 40 ans par choix personnel. J’ai choisi de vivre dans un parc national, essayant de me protéger ainsi que ma famille de ce qui apparaissait dès la fin des années 1960 (voir aussi le « Club de Rome ») comme une dégradation générale des conditions de vie environnementales et sociales.
Mon univers était merveilleux, un vrai paradis terrestre. Le chant des petits oiseaux accompagnait notre réveil et scandait les activités journalières. Aujourd’hui, le ciel n’est plus qu’un croassement de corvidés et d’autres oiseaux de taille moyenne à grande. […] Je n’ai pas les moyens scientifiques pour en faire le suivi, mais les petits oiseaux ont en général disparu. Je ne sais ce qui se passe en Italie du Nord, je vis au Sud dans le Parc du Cilento, un paradis terrestre duquel les petits oiseaux et leurs concerts ont disparu.
J’espère que votre étude servira à « REVEILLLER » quelque politique important, et que des mesures sérieuses contre cette dégradation pourront enfin être prises.
(Traduction par A. Teyssèdre, validée par P. Rese)
Merci à tous ceux qui nourrissent ces débats.
Ceux qui par leur travail ou leurs loisirs sont en contact avec la nature ont constaté depuis longtemps les changements de répartition des espèces dont il est question ici. Avant l’année 2000 par exemple on pouvait déjà s’étonner de la présence de colonies de guêpiers en région parisienne. On voit aussi évoluer la répartition des espèces végétales. Chercher à comprendre les mécanismes de ces changements et la part de l’activité humaine qui y joue un rôle est important. La particularité de l’espèce humaine est la puissance de son impact dans l’espace et dans le temps, effets brutaux, rapides, complexes et durables. Nous allons devoir nous adapter à ces changements. On peut y voir des avantages comme développer certaines productions agricoles dans des régions nordiques, ouvrir des voies maritimes en eau libre dans l’arctique … On peut y voir des dangers comme la pénurie d’eau douce dans des zones politiquement instables, la disparition de maillons importants de la chaîne alimentaire … Nos sociétés vont devoir faire des choix et il est primordial de développer la recherche, la diffusion, la vulgarisation de l’ensemble de ces connaissances.