CONTEXTE :
Concilier au mieux, conservation de la biodiversité et activités anthropiques, constitue un
enjeu majeur actuel, interrogeant l’utilisation conjointe des ressources. Ainsi, la zone
maritime de l’arc Atlantique Nord-Est voit se développer de nouvelles activités anthropiques
(dont les énergies marines renouvelables), qui engendrent des effets encore mal évalués sur
l’avifaune marine. Malgré les enjeux de conservation des espèces, la compréhension de leur
utilisation – temporelle – de l’espace maritime côtier (zones fonctionnelles, déplacements
migratoires) reste encore lacunaire et rend donc difficile l’évaluation des impacts et leur
atténuation. Améliorer ces connaissances passe nécessairement par l’acquisition et l’analyse
de données.
Parmi les méthodes d’évaluation de l’abondance des oiseaux en déplacement le long des
côtes, la pratique du seawatching (ou guet à la mer) est une des plus répandues. Depuis des
points stratégiques optimisant la détectabilité des oiseaux en mer (Cap Gris-nez, Ouessant,
Digue de Tarnos), des ornithologues scrutent leurs passages, en particulier durant les
migrations pré- et postnuptiales, permettant de recueillir des informations sur un grand
nombre d’espèces. L’effort d’échantillonnage sur le territoire reste cependant complexe à
quantifier (pas de coordination) et dépend des conditions identifiées par les observateurs
comme propices au passage des oiseaux, cette activité restant avant tout pratiquée à titre de
loisir par des passionnés aux profils variés. Si certains suivis coordonnés et/ou standardisés
existent (programme FAME, « spots de migration » associatifs), la large majorité des données
est de type opportuniste. Avec l’essor de plateformes participatives telles que Trektellen, les
données apparaissent de plus en plus mutualisées et disponibles. Elles restent cependant
encore peu exploitées dans le cadre de recherches scientifiques en raison de leur
hétérogénéité.
Il y a donc un enjeu fort à i) mieux évaluer les potentialités de ces données en termes
d’amélioration de connaissances scientifiques, ii) évaluer leurs limites iii) et les possibilités
d’adoption de protocoles standardisés au regard des pratiques existantes, motivations et
contraintes des participants. Des suivis basés sur de tels protocoles, comme ceux des
programmes de sciences participatives co-portés par le MNHN, autorisent des analyses
comparatives des patterns de distribution des espèces à large échelle spatiale et temporelle
et donc l’identification des facteurs clés déterminants.
La pérennité et la réussite de tels suivis reposent sur une collaboration étroite entre observateurs,
acteurs locaux et structure animatrice. Elles passent par l’identification des convergences en termes
d’attentes et in fine la co-construction des protocoles. Le stage proposé s’inscrit dans cette dynamique.

OBJECTIFS – MISSIONS :
Les enjeux de ce stage seront :
i) de mener une analyse critique prospective des potentialités des suivis visuels
côtiers au regard des problématiques écologiques et de conservation (flux
migratoires, phénologie, tendances des espèces, facteurs influençant l’abondance)
comparativement aux autres dispositifs d’étude de l’avifaune en mer (radar,
télémétrie…). Cette analyse s’appuiera sur la réalisation d’un état des lieux des
observations de l’avifaune à la côte, basée sur a) le recensement des types de suivi,
dispositifs existants, b) l’exploration et l’analyse descriptive des bases de données
(> 100 000 données) déjà acquises (structuration spatiale, non-indépendance
temporelle, effet observateur…)., c) l’analyse statistique de sous-jeux de données
pertinents au regard des sous-questions identifiées (modélisation linéaire, test de
puissance), d) et des échanges avec les experts.

ii) Sur la base des résultats obtenus au point précédent, de proposer un protocole de
suivi de l’avifaune côtier standardisé. Il s’agira dans ce cas : a) de concevoir et
mettre en œuvre une enquête auprès des ornithologues afin d’identifier les
adaptations possibles des pratiques actuelles, b) évaluer et adapter le protocole à
partir de tests sur des sites de comptage, c) engager une réflexion sur le
dimensionnement d’un tel suivi à large échelle.

Les deux objectifs du stage seront conduits de manière itérative et complémentaire. Les
analyses de données fourniront les éléments nécessaires pour orienter les propositions de
protocoles dans l’optique de collecter des données permettant de répondre à des enjeux
scientifiques. Les tests et les retours des acteurs de terrain permettront, eux, d’ajuster le
protocole pour en garantir la faisabilité et l’opérationnalisation.

Ce stage s’intègre dans le cadre du programme MIGRATLANE qui vise à acquérir des
connaissances de base sur les migrations, les comportements de vol et les zones
fonctionnelles en mer de l’avifaune terrestre migratrice, avifaune marine et chiroptère, en
considérant leurs interactions potentielles avec les projets de parcs éoliens.
L’étudiant-e bénéficiera ainsi de plusieurs jeux de données déjà acquis et utilisés par l’équipe
encadrante (plateforme Trektellen, suivis avifaune d’associations de protection de
l’environnement) ainsi que du soutien scientifique et technique des membres du CESCO, dont
ceux impliqués dans MIGRATLANE, Vigie-Nature, le RESOM et le GISOM. Des déplacements
sur la façade Manche et Atlantique sont prévus pour échanger avec les acteurs du réseau
ornithologique sur le terrain (structures partenaires de MIGRATLANE) ainsi que pour mettre
au point, tester in situ et améliorer un protocole.

ENCADREMENT ET STRUCTURE D’ACCUEIL :
– Juliette Baron, chargée d’étude, Isabelle Le Viol, maître de conférences MNHN, Christian
Kerbiriou, maître de conférences SU et Antoine Chabrolle, animateur de réseaux oiseaux
marins.
– UMR 7204 CESCO (Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation). Station marine de
Concarneau, Place de la Croix, 29900, Concarneau.

PROFIL SOUHAITE
– Etudiant-e en césure ou en Master 2 dans le domaine de l’écologie. Intérêt pour la biologie
de la conservation et les sciences participatives.
– Goût et bon niveau en manipulation et analyse de données impliquant la production de
scripts logiciel R)
– Connaissances en ornithologie et de la communauté des ornithologues/spotteurs appréciées
– Bonnes capacités relationnelles, de synthèse et de rédaction
– Autonomie et force de proposition.
– Permis B

INFORMATIONS PRATIQUES
– Durée : 6 mois idéalement à partir de mars 2025
– Gratification : indemnité mensuelle au taux minimum légal. Frais de mission pris en charge
par le laboratoire.
– Localisation : l’étudiant-e sera basé-e au sein du laboratoire CESCO UMR7204 à la Station
marine de Concarneau.

Pour candidater, merci d’envoyer un CV et une lettre de motivation (au format
VOLDEMER_NOM_PRENOM_CV ou LM) à Juliette Baron (juliette.baron@mnhn.fr), en
précisant dans l’objet du mail « Candidature Stage VOLDEMER».
Date limite de candidature : 31/10/2024. Les candidatures seront étudiées au fur et à mesure
de leur réception, sur la base des critères ci-dessus. Les entretiens se dérouleront en
présentiel à la station marine de Concarneau ou en visio-conférence.

LIENS ET BIBLIOGRAPHIES
• Site internet de MIGRATLANE : https://www.eoliennesenmer.fr/migratlane
• Thèse sur les suivis visuels avifaune : JAFFRE, M. (2012). Migration des oiseaux et
changement climatique : Analyse des données de migration active en France et en
Europe.
• Exemples de suivis opportunistes avec valorisation scientifique :
https://science.ebird.org/fr/research-and-conservation/publications
• Site internet de Vigie-Nature : https://www.vigienature.fr/fr
• Rapport avifaunes – EMR : LEGROUX, N. et al. (2017). Synthèse bibliographique sur les
oiseaux migrateurs, nicheurs et hivernants dans le détroit du Pas-de-Calais. Levée desrisques avifaunistiques en vue de l’implantation potentielle d’un parc éolien au large
de Dunkerque.
De Seyne, A. (2008). De l’inventaire des connaissances à la définition de protocoles
de suivi des oiseaux en mer en prévision du développement des parcs éoliens
offshore. In p. 47. Programme national Eolien & Biodiversité -LPO France.
• Bilan sur les oiseaux migrateurs de France : DUPUY, J. SALLÉ, L. (2022). — Atlas des
oiseaux migrateurs de France. LPO, Rochefort ; Biotope Editions, Mèze ; Muséum
national d’Histoire naturelle Paris, 1122p.
• Papier sur la plateforme Trektellen : Troost, G. Boele, A. (2019). Trektellen.org —
Store, share and compare migration data.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: juliette.baron@mnhn.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.