Contexte :
La culture de la banane en Guadeloupe constitue un pilier de l’agriculture locale, mais fait face à des défis importants. La gestion des jachères enherbées ainsi que l’implantation de bandes enherbées entre les plantes cultivées dans les systèmes agricoles sont des pratiques agroécologiques de plus en plus encouragées pour les bénéfices environnementaux et agronomiques avérés qu’elles peuvent apporter par rapport au maintien d’un sol nu. En conséquence la majorité des des couverts herbacés présents en bananeraie Guadeloupéennes sont aujourd’hui composés de communautés d’adventices s’installant spontanément, et gérées grâce à une action mécanique. Ces techniques présentent des avantages importants en termes de régulation des bioagresseurs (nématodes, charançons du bananier) et de réduction de l’utilisation d’herbicides, mais leurs avantages en termes de fertilité du sol restent encore peu évalués. La mise en place de jachères spontanées entre les phases de cultures représente une augmentation de la diversité des communautés végétales. De nombreuses études ont pu montrer que le maintien d’un couvert herbacé permanent favorise une plus grande diversité et fonctionnalité de microorganismes bactériens et fongiques, ainsi que de la macrofaune du sol, associés à différentes fonctions telles que le recyclage de la matière organique, la minéralisation des nutriments et la régulation des populations de bioagresseurs. Les couverts végétaux permanents contribuent également à une meilleure infiltration de l’eau et à la réduction de l’érosion des sols. Le but principale de l’utilisation de jachères assainissantes est d’éliminer les population de bioagresseurs en supprimant l’ensemble des plantes hôtes (i.e. les bananiers) de la parcelle pendant plusieurs mois (généralement 9-12 mois). Or, les anciennes bananeraies sont généralement détruites par action mécanique consistant à détruire les bulbes de bananiers, avec l’aide d’engins agricoles lourds effectuant un travail du sol en profondeur. Ces pratiques détruisent généralement une grande partie des communautés végétales installées et sont susceptibles de modifier de manière importante les composantes physiques et biologiques de la fertilité du sol. Une alternative à ce mode de destruction repose sur un technique appelée “oeuitonnage à blanc”, qui consiste à détruire mécaniquement à la main les rejets de bananiers, sans utiliser de travail du sol. Cette technique peut donc permettre de mettre en place des jachères assainissantes tout en conservant les communautés végétales de couverture en place entre les lignes de bananiers, ainsi que les caractéristiques physique et biologique du sol. À ce jour, peu d’études ont permis de quantifier et de comparer précisément les effets de ces pratiques sur les différents compartiments de ces systèmes. Dans ce contexte, une approche basée sur l’écologie fonctionnelle est particulièrement pertinente, car elle permet de mieux comprendre comment les différentes espèces interagissent entre elles et avec leur environnement physique et biologique, et ainsi de faire le lien entre les traits des espèces, leur réponse aux pratiques agricoles, et les services ou disservices qu’elles apportent aux systèmes de culture. Ces connaissances permettront d’améliorer la compréhension du fonctionnement écologique des bananeraies en Guadeloupe et de proposer des pratiques agroécologiques pour la gestion de ces systèmes.

Objectifs du stage :
Ce stage vise à évaluer les l’influence des pratiques agricoles utilisées pour la destruction des bananeraies au moment de la mise en place des jachères sur la composition et les traits fonctionnels (caractéristiques morphologiques, physiologiques ou phénologiques des espèces) des communautés de plantes de couverture, et les services ou disservices apportés au système de culture, notamment en termes de fertilité physique et biologique du sol. Pour cela, l’étudiant(e) participera au suivi d’un dispositif expérimental mis en place récemment, comparant deux modalités de gestion des jachères : (i) travail du sol intégral au moment de la destruction et avant la plantation ou (ii) oeilletonage à blanc des bananiers sans travail du sol et travail du sol localisé (“strip-till”) avant la plantation. Il/elle participera au suivi des communautés végétales par relevés floristiques et mesures de traits fonctionnels, incluant traits foliaires comme la surface foliaire spécifique (SLA), traits racinaires et traits de la plante entière comme la hauteur maximale. Il/elle participera également aux prélèvements et aux mesures visant à évaluer les caractéristiques physiques du sol, ainsi que les paramètres biologiques, tels que l’évaluation de composition de la macrofaune du sol. Enfin, il/elle participera à la numérisation des données recueillies sur le terrain, à la réalisation d’analyses statistiques permettant de comparer les effets des différents traitements sur les communautés végétales et les caractéristiques physiques et biologiques du sol. D’autre part, la personne recrutée pourra être amenée à participer ponctuellement à d’autres essais en cours sur la station de recherche.

Profil recherché :
Bac +4 ou +5 en césure.
Formation en agroécologie, agronomie, écologie ou similaire.
Une ou des expérience(s) en travail de terrain, identification des plantes, mesures de traits fonctionnels serait un plus.
Intérêt marqué pour l’agroécologie et les systèmes tropicaux.
Compétences en gestion des jeux de données et analyses statistiques seront appréciées
Autonomie, rigueur scientifique, motivation pour le travail de terrain et les manipulations en laboratoire, capacité à travailler en équipe.

Informations pratiques :
Lieu : station CIRAD de Neufchâteau Capesterre-Belle-eau, Guadeloupe
Durée : environ 4-6 mois entre septembre et avril
Encadrement : au sein de l’UPR GECO, CIRAD
Possibilité d’hébergement sur place (100 euros/mois)
Gratification selon les règles en vigueur (670 Euros Net par mois)
Possibilité de prise en charge du billet A/R depuis la métropole
Candidature :
Envoyer CV et lettre de motivation à gregoire.blanchard@cirad.fr. avant le 28/06/2025

Références bibliographiques:

Damour G, Navas ML, Garnier E. A revised trait-based framework for agroecosystems including decision rules. J Appl Ecol. 2018; 55: 12–24. https://doi.org/10.1111/1365-2664.12986

Gaba S, Perronne R, Fried G, Gardarin A, Bretagnolle F, Biju-Duval L, Colbach N, Cordeau S, Fernández-Aparicio M, Gauvrit C, Gibot-Leclerc S, Guillemin J-P, Moreau D, Munier-Jolain N, Strbik F, Reboud X. 2017. Response and effect traits of arable weeds in agro-ecosystems: a review of current knowledge. Weed Research 57, 123–147. https://doi.org/10.1111/wre.12245

Violle, C., Navas, M.-L., Vile, D., Kazakou, E., Fortunel, C., Hummel, I. and Garnier, E. 2007, Let the concept of trait be functional!. Oikos, 116: 882-892. https://doi.org/10.1111/j.0030-1299.2007.15559.x

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