Contexte scientifique
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des espèces introduites par l’homme au-delà de leurs barrières biogéographiques historiques (exotiques), qui parviennent à s’établir dans la nature (naturalisées) avec des conséquences écologiques, économiques ou sanitaires négatives (envahissantes). Leurs dommages se chiffreraient en centaines de milliards de dollars par an au niveau mondial (IPBES 2023), et leur nombre ne cesse d’augmenter (Seebens et al. 2017).
Les EEE contribuent de façon substantielle à l’érosion de la biodiversité globale, et représentent une menace particulièrement prégnante dans les écosystèmes insulaires (Bellard et al. 2016). Les EEE seraient en effet impliquées dans 86% des extinctions d’espèces documentées en milieu insulaire, et l’intégralité des extinctions de plantes qui ont été facilitées par des EEE concernaient des plantes insulaires (Sax & Gaines 2008).
Malgré des efforts de recherche croissants, les raisons du succès des EEE restent encore mal comprises, particulièrement chez les plantes. Parmi les nombreuses hypothèses avancées dans la littérature, les EEE pourraient croître et se reproduire plus rapidement, être plus ubiquistes, avoir un taux de germination plus élevé que les espèces indigènes etc. (hypothèse dite de l’ideal weed, e.g. Rejmánek & Richardson 1996).
De par leur évolution dans un contexte d’isolement, les espèces insulaires présentent de surcroit des valeurs de traits distinctes de leurs homologues continentales (maturité sexuelle tardive, fécondité faible, croissance lente ; Carlquist 1974) et une niche écologique plus restreinte avec de nombreux cas de micro-endémisme (Wulf et al. 2013). Ce « syndrome insulaire » rendraient les plantes endémiques des îles davantage vulnérables aux plantes envahissantes (Fernández-Palacios et al. 2021).
Il existe en revanche peu d’études ayant comparé le succès d’établissement des plantules d’espèces insulaires par rapport aux espèces d’origine continentale. Il est par conséquent difficile de conclure sur la contribution de la germination et de l’écologie des plantules à la vulnérabilité des espèces insulaires vis-à-vis des plantes envahissantes.

Objectifs et déroulé du stage
Ce stage s’intègre dans le cadre de la thèse de Margaux Rojat, et plus largement dans celui du projet ANR EDENE ‘Extinction dynamics of endemic trees in exotic-dominated ecosystems’ (https://sites.google.com/view/edene). L’objectif sera de tester s’il existe une différence de taux de levée significative entre les graines d’arbres menacés endémiques de La Réunion, celles de plantes indigènes non-menacées et celles des principales plantes exotiques envahissantes de l’île. Le développement et la croissance post-germinatifs seront également étudiés. L’étudiant.e retenu.e participera à la conception d’un dispositif expérimental d’envergure mis en place sous ombrière ayant pour vocation plus large d’étudier les interactions endémiques-indigènes-exotiques. L’étudiant.e sera en charge de sa réalisation et de son suivi, de la mesure de traits, des analyses statistiques et de la communication des résultats.

Profil recherché
• Minutie, rigueur, investissement, autonomie
• Connaissances sur la culture des plantes tropicales
• Qualités rédactionnelles et de synthèse
• Maîtrise de l’anglais (lecture/écriture d’articles)
• Intérêt pour la conservation et/ou la botanique
• Permis B

Caractéristiques du stage
Durée : à définir selon le candidat sélectionné, à partir de mi-février 2024.
Laboratoire d’accueil : UMR AMAP, Pôle de Protection des Plantes, Agrocampus Ligne Paradis, Saint-Pierre, La Réunion.
Encadrement : Robin Pouteau et Margaux Rojat (IRD-UMR AMAP), avec l’appui de Henri Hoarau (CBN-CPIE Mascarin) et Éric Rivière (CIRAD-UMR PVBMT).
Modalités de candidature : Adresser par email une lettre de motivation et un CV à robin.pouteau@ird.fr et margaux.rojat@ird.fr avant le dimanche 4 février 2024 inclus. Merci de préciser les dates auxquelles vous êtes disponibles.

Références
Bellard et al. (2016) Biol Lett 12, 20150623. Carlquist (1974). Island biology. New York, NY: Columbia University. Fernández-Palacios et al. (2021) Global Ecology and Conservation 31, e01847. IPBES (2023) Thematic Assessment Report on Invasive Alien Species and Their Control. Rejmánek & Richardson (1996) Ecology 77, 1655–61. Sax & Gaines (2008) Proc Natl Acad Sci USA 105, 11490–7. Seebens et al. (2017) Nature Communications 8, 14435. Wulf et al. (2013) PLoS One 18, e73371.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: robin.pouteau@ird.fr

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