CONTEXTE

Le projet de recherche Métriques et pratiques de la ville propre (MPVP), lancé en 2019, porte sur les évolutions des politiques locales de gestion de l’environnement en lien avec la propreté urbaine dans plusieurs villes en France. Historiquement, la propreté est envisagée comme un service rendu aux citadins, qui permet le contrôle et la maîtrise de la nature dans l’espace public, selon une doctrine qualifiée d’hygiéniste (Auricoste, 2003). Depuis le début du XXIe siècle cependant, on assiste à une écologisation (Bognon et Thébault, 2020) des cadres de conception des politiques publiques, qui se
traduit par une recherche de sobriété environnementale et une volonté affichée de favoriser la cohabitation entre les humains et les autres êtres vivants. Cela se manifeste, par exemple, par l’adoption de lois interdisant le recours aux biocides pour l’entretien des espaces publics, ou la mise en place de dispositifs dédiés au renforcement de la biodiversité, tels que la végétalisation des pieds d’arbres ou de façades. Le projet MPVP a pour but d’interroger dans quelle mesure cette écologisation transforme les principes, modes de gestion et acteurs engagés dans la propreté urbaine.

Dans cette optique, trois grands axes d’étude ont été explorés depuis le lancement du projet : Les référentiels de la propreté urbaine, qui visent à objectiver les services rendus aux citadins dans un contexte donné ; leur traduction dans les modes de gestion du vivant et de la propreté urbaine au sein de collectivités, à travers des études de cas à Alençon, Paris, Saint-Brieuc et Toulouse ; Les pratiques, discours et représentations d’agents gestionnaires et de citadins, qui peuvent accompagner, critiquer ou encore résister à l’évolution des normes de propreté ou de rapport au vivant dans l’espace public. La participation citadine à la gestion de la propreté et du vivant peut être informelle, c’est-à-dire réalisée en dehors du cadre réglementaire ou institutionnel (Bennafla, 2015). Elle peut aussi être recherchée ou valorisée par les acteurs de la fabrique et de la gestion urbaine, par exemple à travers le développement de plateformes numériques de participation (Douay, 2016). À Paris, la municipalité a ainsi développé Dans Ma Rue, une application permettant aux usagers de l’espace public de signaler des anomalies sur une grande variété d’items (Chambon, 2020). Cela en fait un support privilégié pour analyser dans quelle mesure et pour quelles raisons les êtres vivants non humains sont considérés par certains citadins comme sales ou sources de problèmes.

Dans le cadre de son stage, le ou la stagiaire aura pour mission de développer et de mettre en œuvre une méthode pour analyser les photographies réalisées dans le cadre de signalements ayant pour objet la faune ou la flore. Ce travail viendra compléter une première enquête quantitative et qualitative des signalements redirigés vers la direction des espaces verts et de l’environnement de la mairie de Paris entre 2012 et 2021, ainsi qu’un terrain en cours sur le rapport au vivant de certains profils de signaleurs.

MISSIONS

> Construction d’une grille d’analyse de la base de données photographiques. Cette dernière devra croiser l’identification naturaliste des espèces présentes, la caractérisation de l’aménagement urbain – contexte, dispositif signalé, type d’acteurs en charge de sa gestion – et des éléments d’analyse
iconographique – utilisation du gros plan, maintien d’une distance, autres.

> Classification d’un corpus de plusieurs centaines de photographies selon cette grille d’analyse.

> Proposition d’éléments d’analyse qui croisent les différents axes de la grille – taxons, aménagement urbain, mode de représentation – pour mieux comprendre ce qui est considéré comme problématique dans les signalements étudiés : certaines espèces sont-elles signalées de manière récurrente, ou en lien avec un dispositif particulier ? Certains dispositifs posent-ils particulièrement problèmes aux usagers de Dans Ma Rue ? Qu’est-ce que leur mode de représentation peut nous apprendre sur le rapport qu’entretiennent les citadins à certains êtres vivants non humains ou matières organiques ?

> Ces éléments d’analyse pourront être complétés par un croisement avec d’autres données, notamment en lien avec les modalités d’aménagement du territoire. Par exemple, les signalements sont-ils plus nombreux dans les arrondissements les plus végétalisés, ou au contraire dans des espaces qui sont majoritairement artificialisés ?

INFORMATIONS PRATIQUES

Stage 6 mois, niveau M1-M2 Recherche

Profils disciplinaires : écologie avec un intérêt pour les espaces anthropisés, paysage ou urbanisme et aménagement avec une expérience de travail sur la nature urbaine

Compétences attendues :
– Expertise en identification de la faune et de la flore en milieu urbain
– Construction, gestion et analyse d’une base de données

Encadrement :
Sabine Bognon, Lab’Urba, sabine.bognon@u-pec.fr
Nathalie Machon, CESCO, nathalie.machon@mnhn.fr
Aurélien Ramos, Géographie-Cités, aurelien.ramos@univ-paris1.fr
Natacha Rollinde, CESCO, natacha.rollindedebeaumont@mnhn.fr

Rémunération : gratification selon grille en vigueur et remboursement de 50 % des déplacements domicile-travail

Calendrier
> 5 février 17h : date limite de candidature. Envoyer un CV et une lettre (1 page) expliquant les motivations spécifiques pour la réalisation de ce travail aux encadrant·e·s mentionné·e·s ci-dessus.
> 9 février : entretien en visioconférence avec les personnes pressenties
> 02 avril – courant septembre (dates flexibles) : période de stage

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: natacha.rollindedebeaumont@mnhn.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.