Proposition de sujet Stage M2, Janvier-Juin 2025
Lieu : INRAE-CEFS (Comportement et Ecologie de la Faune Sauvage), Castanet Tolosan (31)
Encadrement : Hélène Verheyden (CEFS), Karine Chalvet-Monfray (EPIA)
Indemnité : environ 600€ par mois
Titre court : effet des fructifications forestières et du succès de reproduction des chevreuils sur l’abondance des tiques.
Titre long : la dynamique interannuelle des populations de tiques est-elle corrélée à la dynamique de leurs hôtes principaux, les rongeurs, indexée par l’importance de la fructification forestière, et les chevreuils, indexée par le nombre de faons produits au sevrage.
Le risque lié aux maladies à tiques est une problématique de santé grandissante (exemple la maladie de Lyme). La tique Ixodes ricinus, la plus commune en Europe, présente un cycle de vie à 3 stades qui nécessitent chacun un repas sanguin pour passer au stade suivant. La survie des tiques dans l’environnement, leur succès à trouver un hôte et à se gorger, puis à se métamorphoser ou à pondre conditionnent la dynamique de leur population. On considère généralement que 2000 œufs donnent 200 larves, puis 20 nymphes et finalement seulement 2 adultes, dont 1 femelle pondeuse. La durée d’un cycle de vie serait au minimum de 2 ans, voire moins dans les climats à hiver doux. C’est lors du repas sanguin sur un hôte infecté que la tique acquiert des agents pathogènes. Par conséquence, les larves non gorgées sont généralement indemnes d’agents pathogènes, alors que les nymphes, du fait de leur abondance, sont le stade le plus à risque pour leurs hôtes dont les humains. Ainsi, le risque d’exposition à des maladies à tiques augmente avec l’abondance des nymphes dans l’environnement.
Même si l’effet de certains facteurs est relativement connu, notamment l’humidité relative, la température et la nature de la végétation, les fluctuations de l’abondance des tiques dans l’environnement restent difficilement prévisibles. En particulier, l’effet de la composition et de l’abondance de la communauté des hôtes de la faune sauvage est peu documenté. D’après la littérature, les hôtes abondants et de petite taille comme les micromammifères contribueraient fortement au gorgement des larves de tiques et favoriseraient ainsi l’abondance du stade nymphal suivant. Le gorgement des stades adultes quant à lui ne pourrait se réaliser que sur des grands mammifères, comme les cervidés, qui auraient un rôle déterminant pour le bouclage du cycle de vie des tiques.
Quelques études suggèrent que de fortes fructifications forestières (automne année n), favoriseraient la survie hivernale des micromammifères et engendreraient une bonne reproduction printanière permettant le gorgement de nombreuses larves de tiques (été n+1). Il s’ensuivrait alors une augmentation de l’abondance des nymphes au printemps suivant (année n+2). Ainsi, l’importance des fructifications forestières serait corrélée à l’abondance des nymphes un an et demi plus tard. Par ailleurs, plusieurs études suggèrent une relation positive entre l’abondance des tiques et l’abondance des cervidés. Ainsi, on pourrait supposer que des fluctuations temporelles d’abondance de cervidés se traduiraient par des fluctuations de la proportion de femelles de tiques gorgées avec succès (année n) et donc par des variations de la quantité de larves (année n+1) puis de nymphes (année n+2).
Au vu de la complexité de l’écologie de la tique I. ricinus, l’étude des facteurs déterminants sa dynamique requiert des suivis longitudinaux dans des environnements variés. Nous proposons d’utiliser les suivis longitudinaux du réseau climatick et du CEFS pour décrire le lien entre l’abondance des tiques et l’abondance d’hôtes clés – micromammifères et chevreuils – indexée de manière indirecte par la fructification forestière et le nombre de faons survivant au sevrage. Nous testerons les hypothèses :
– La production de graines en automne de l’année n influence positivement l’abondance de nymphes de tiques l’année n+2.
– La survie des faons au sevrage de l’année n influence positivement l’abondance de nymphes de tiques l’année n+2.
Ce travail se basera sur les données issues d’un réseau d’observatoires de la dynamique mensuelle des tiques mis en place en France à partir de 2014 pour étudier les effets du changement climatique (réseau climatick, 8 sites). Par la suite, le suivi automnal des fructifications forestières a été instauré sur 5 de ces sites. Nous utiliserons également les données du CEFS sur le suivi annuel de la glandée, de la charge en tiques des chevreuils en hiver et du succès de la reproduction des chevreuils (faons au sevrage) à partir de 2010 sur un site rural au Sud de Toulouse.
L’étudiant-e examinera d’abord la variabilité de la production de graines à l’échelle de l’arbre (10 arbres par site) afin d’évaluer la qualité des données. Il analysera aussi la variabilité spatiale et temporelle du nombre de faons par femelle conduits au sevrage pour évaluer la pertinence de ce paramètre. Il conduira ensuite une analyse statistique de l’effet des fructifications sur l’abondance de nymphes au printemps avec le jeu de données climatick. Enfin, il utilisera le jeu de données CEFS pour analyser l’effet de la glandée et du succès d’élevage des faons sur la charge en tiques des oreilles de chevreuils en hiver.
Compétences recherchées : écologie de la santé ou biologie évolutive, appétence pour l’analyse statistique sur R, anglais pour la littérature scientifique.
Pour postuler, envoyer une lettre de motivation et un CV à Hélène Verheyden helene.verheyden@inrae.fr avant le 25 Octobre, pour une réponse début Novembre.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: helene.verheyden@inrae.fr

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