— Contexte —
La Stratégie Nationale pour les Aires Protégées repose sur un paradoxe : développer les activités humaines tout en préservant la biodiversité. Cette recherche du compromis entre usages et protection repose sur une meilleure compréhension des pressions liées aux activités humaines récréatives d’une part, et de la sensibilité de la biodiversité à ces pressions d’autres part. Ces questions sont au centre du concept de paysages de la peur, qui vise à décrire l’activité des animaux sauvages dans le temps et dans l’espace par leur perception du risque (Laundré et al. 2010). Définir la place des activités humaines dans ces paysages est une question importante (Moléon & Sanchez Zapata 2022), qui pourrait modifier profondément notre façon de penser la conservation.

Pour répondre à cette question, une approche consiste à étudier les effets du dérangement sur la valeur sélective des individus (Kerbiriou et al. 2009). Une autre approche est d’identifier des révélateurs proximaux du dérangement (Thibault et al. 2020). La première approche permet une mesure quantitative des impacts mais s’inscrit sur un temps long, la seconde permet une mesure de la sensibilité sur le temps court, celui de la saison de reproduction par exemple. Cette dernière connait un regain d’intérêt depuis quelques années face à l’urgence des enjeux de conservation (Blumstein et al. 2016 ; Mikula et al. 2023) du fait de la possibilité de transposer facilement certains traits comportementaux en outils de gestion (Weston et al. 2012).

— Cadre géographique de l’étude —
L’archipel des Glénan, dans le Finistère sud, constitue un ensemble d’iles et ilots inclus dans une zone Natura 2000 littorale de 128 ha. Cet espace abrite notamment une Narcisse endémique (Narcissus triandrius subsp capax) qui a justifié la création d’une Réserve Naturelle Nationale sur l’Ile de Saint-Nicolas en 1974. La faune aviaire de l’archipel compte près d’une trentaine d’espèces nicheuses. L’archipel est également très fréquenté par le phoque gris (Halichoerus grypus), ainsi que par le grand dauphin (Tursiops truncatus) et le dauphin commun (Delphinus delphis). Or, si la fréquentation humaine dans l’archipel est en augmentation, la sensibilité de ces espèces au dérangement humain reste encore peu évaluée. La réaction des oiseaux au dérangement a principalement été étudiée sur des espèces terrestres ou des espèces littorales en reposoir, mais encore peu d’études se sont intéressées à la sensibilité d’oiseaux marins ou côtiers sur leurs sites de reproduction ou d’alimentation. Ce projet s’inscrit à la fois dans un programme de recherche fondamentale en écologie comportementale et dans une démarche d’acquisition de connaissance dans le cadre d’un projet d’extension de la réserve naturelle.

— Hypothèses —
Le sujet de recherche qui est proposé s’inscrit dans une étude plus globale de la « Sensibilité des oiseaux marins et limicoles côtiers (période de nidification et d’hivernage) et des phoques gris aux dérangements anthropiques dans l’Archipel des Glénan » qui a été initiée en 2024 grâce au soutien de la Région Bretagne et en collaboration avec les collectivités gestionnaires des Glénan et leurs partenaires. Ce travail doit permettre d’améliorer les connaissances sur l’écologie comportementale de plusieurs espèces d’oiseaux littoraux et précisément leurs réponses comportementales en fonction des degrés de perturbations et selon les sites, tout au long du cycle de reproduction.
Cette recherche permettra de tester plusieurs hypothèses : 1) La variabilité interspécifique de la réponse comportementale au dérangement s’explique-t-elle par des traits morphologiques et/ou fonctionnels ? et si oui, lesquels ? 2) La variabilité intraspécifique de la réponse comportementale au dérangement s’explique-t-elle par le degré d’exposition au dérangement ? et 3) La variabilité interindividuelle de la réponse comportementale au dérangement s’explique-t-elle par la phénologie ?

— Objectifs de l’étudiant.e —
Tout travail scientifique débute par une phase de synthèse de littérature scientifique, qui sera ici orientée en écologie comportementale des oiseaux marins et limicoles côtiers. Cette phase sera suivie i) d’une réflexion visant à préciser-adapter les protocoles et définir les plans d’échantillonnage à la lumière des travaux effectués l’année passée ii) puis de la phase de collecte de données relative à la sensibilité des espèces d’oiseaux au dérangement, sur le terrain, du début de la période de nidification (avril) jusqu’à l’envol des jeunes (juillet). Enfin, un temps sera réservé à la l’analyse des données collectées et à la valorisation/communication du travail.

— Lieu de la recherche —
Ce stage s’inscrit dans un programme de recherche sur l’écologie comportementale de la faune littorale en lien avec le dérangement humain porté par Martin Thibault (Chercheur IRD). La personne recrutée intégrera l’UMR CESCO Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation CNRS MNHN SU (http://cesco.mnhn.fr/fr) et sera localisé à la Station de biologie marine du MNHN à Concarneau où elle travaillera en collaboration avec le groupe de travail « Mer & littoral » du CESCO et l’équipe « oiseaux marins ». Elle travaillera également en collaboration avec plusieurs partenaires associatifs et institutionnels.

— Profil recherché —
• Étudiant.e en écologie (Master 2/Ingénieur)• Expérience de la pratique du terrain
• Compétences en analyses de données (dont statistiques spatiales)• Utilisation de R et de QGIS• Concertation multi-acteurs et transfert de connaissances • Rédaction d’un article scientifique• Connaissances relatives à l’écologie des oiseaux marins et compétences naturalistes indispensables (identification des espèces sur le terrain)
 Permis B

— Modalités —
• Stage de 6 mois à partir de Février 2025 (date et durée légèrement flexibles)• Gratification sur la base légale• Temps plein
• Localisation : CESCO, MNHN, Station marine, 1 place de la croix, 29900 Concarneau
* Encadrement : Martin Thibault

— Candidature —
Documents à faire parvenir par mail à martin.thibault@mnhn.fr : au format NOM_prenom_RechercheGlenan
● CV (Nom_prenom_CV) avec référents● Lettre de motivation (Nom_prenom_LM)● Éventuellement, rapport de stage de Master 1 ou production similaire
Les entretiens auront lieu au fur et à mesure de la réception des candidatures (avant le 20 novembre).

— Références bibliographiques —
Danchin E., Giraldeau L.-A., Cézilly F. (2021). Ecologie comportementale. Coll. Sciences Sup. Dunod, Paris. 672 p.
Laundré, J. W., Hernández, L., & Ripple, W. J. (2010). The landscape of fear: ecological implications of being afraid. The Open Ecology Journal, 3(1).
Moleón, M., & Sánchez-Zapata, J. A. (2022). Extending the dynamic landscape of fear in a human-dominated world. Trends in Ecology & Evolution.Kerbiriou, C., Le Viol, I., Robert, A., Porcher, E., Gourmelon, F., & Julliard, R. (2009). Tourism in protected areas can threaten wild populations: from individual response to population viability of the chough Pyrrhocorax pyrrhocorax. Journal of Applied Ecology, 46(3), 657-665.
Thibault, M., Weston, M. A., Ravache, A., & Vidal, E. (2020). Flight‐initiation response reflects short‐and long‐term human visits to remote islets. Ibis, 162(3), 1082-1087.
Blumstein, D. T., Samia, D. S., & Cooper Jr, W. E. (2016). Escape behavior: dynamic decisions and a growing consensus. Current Opinion in Behavioral Sciences, 12, 24-29.
Mikula, P., Tomášek, O., Romportl, D., Aikins, T. K., Avendaño, J. E., Braimoh-Azaki, B. D., … & Albrecht, T. (2023). Bird tolerance to humans in open tropical ecosystems. Nature Communications, 14(1), 2146.
Weston, M. A., McLeod, E. M., Blumstein, D. T., & Guay, P. J. (2012). A review of flight-initiation distances and their application to managing disturbance to Australian birds. Emu-Austral Ornithology, 112(4), 269-286.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: martin.thibault@mnhn.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.