Offre stage de Master 2
Les stratégies d’hivernages des populations de guillemot de Brünnich (Uria lomvia) de l’Arctique sont-elles le reflet des voies historiques de colonisation ?
Objectif du Stage :
L’objectif général de ce projet est de retracer l’histoire évolutive des populations de guillemots de Brünnich à travers une approche de phylogéographie et de génétique des populations, couplée à la connaissance des mouvements migratoires hivernaux.
Contexte:
La migration des oiseaux est un phénomène qui fascine les hommes depuis l’Antiquité et a fait l’objet de nombreuses études. Malgré l’intérêt scientifique considérable pour cette question, de nombreuses interrogations demeurent, notamment sur l’évolution de la migration longue distance. Ce phénomène désigne le déplacement des populations d’une espèce hors de la période de reproduction vers des zones d’hivernage souvent situées à plusieurs milliers de kilomètres de leurs sites de nidification. Ces migrations résultent probablement de millions d’années d’évolution, en étroite relation aux variations du climat de la Terre [1]. Comprendre l’évolution des stratégies de migration en lien avec les changements climatiques récents implique aussi de mieux comprendre l’origine des mouvements géographiques saisonniers.
Peu d’études empiriques ont traité de l’évolution de la migration longue distance, en partie à cause de la difficulté à identifier un modèle biologique adéquat [2]. De plus, il est complexe de concilier les approches biogéographiques de l’évolution migratoire avec ses déterminants écologiques. Une revue de littérature récente suggère que la migration pourrait être perçue comme une adaptation aux rythmes saisonniers, tout comme l’hibernation, visant à maintenir un site de reproduction régulier [3]. Dans cette perspective, les conditions environnementales sur les sites de reproduction semblent primordiales, surpassant celles des sites d’hivernage dans l’évolution du comportement migratoire. Cependant, de nombreux exemples montrent une forte conservation des zones d’hivernage sur de longues périodes (e.g. [4]), ce qui peut influencer l’évolution géographique de la migration.
Objectifs:
Dans ce contexte, ce projet vise ainsi à étudier l’évolution de la migration longue distance chez une espèce d’oiseau nicheur arctique (le guillemot de Brünnich, Uria lomvia) en supposant que cette évolution ait été conditionnée par le maintien d’aires d’hivernages ancestrales.
Au Svalbard, le suivi des oiseaux grâce à des technologies embarquées a révélé que ceux nichant à l’Ouest de l’archipel hivernent entre l’Islande et le Groenland, tandis que ceux à l’Est migrent vers la mer de Barents, où ils cohabitent avec les populations russes et du Nord de la Norvège.
Nous faisons l’hypothèse que l’archipel du Svalbard représente une aire de reproduction dérivée des populations néarctiques et sibériennes, ayant conservé leurs aires d’hivernage des derniers grands épisodes de glaciation. Valider cette hypothèse constituerait une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes migratoires.
Approche:
Plusieurs dizaines de Guillemots de Brünnich (n=130) ont été échantillonnés sur l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce en Arctique et dans l’Atlantique Nord (Svalbard, Norvège, Russie, Islande ou Canada). L’ensemble des individus a été génotypé selon une approche genotyping-by-sequencing (ddRADSeq) et aligné sur un génome de référence. Ce stage consistera donc essentiellement en de l’analyse de données déjà générées.
Contexte institutionnel
Le stage se déroulera de janvier à juin 2025 au sein du Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA), sur le site du Bourget-du-Lac (Université Savoie Mont Blanc). Il sera encadré par Glenn YANNIC (MCF), en étroite collaboration avec Paul DUFOUR (CEFE, CNRS), Sébastien LAVERGNE (LECA, CNRS) et Sébastien DESCAMPS (Norwegian Polar Institute).
Domaines de compétences souhaités :
1- Avoir des bases et de l’intérêt pour la phylogéographie, la biologie évolutive et la génétique des populations ;
2- Motivation, curiosité, enthousiasme ;
3- Posséder des aptitudes et de l’intérêt pour l’analyse statistique de bases de données volumineuses et pour l’utilisation de logiciels de programmation (R) et/ou de logiciels dédiés de façon automne ;
4- Rigueur, esprit d’équipe et aptitudes pour la communication orale et écrite (en français et en anglais).
Modalités de candidature :
Soumettre une lettre de candidature motivée, un CV complet incluant les relevés de notes de licence et M1 par courriel à Glenn Yannic avant le 15 novembre 2024.
Contact :
Glenn Yannic
Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA)
Univesité Savoie Mont Blanc
Le Bourget-du-Lac, France
Tél : 04 79 75 88 65
courriel: glenn.yannic@univ-smb.fr
References
[1] Dufour, P. et al. (2020) J. Biogeogr.; [2] Gomez-Bahamon, V. et al. (2020) Curr. Biol.; [3] Winger, BM. et al. (2019) Biol. Rev.; [4] Bairlein, F. et al. (2012) Biol. Lett.
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