Notre équipe s’est engagée depuis 2020 dans le suivi écologique de 60 espaces de nature de l’Eurométropole de Strasbourg (ou EMS, 33 communes, 514 651 hab., 338 km²) afin de comprendre l’influence de variables locales et paysagères sur la diversité des communautés animales et végétales. Initié sur les communautés de plantes, cet observatoire (‘Evolville’) a rapidement intégré les abeilles sauvages en 2022, puis les mousses, les oiseaux et les chauves-souris en 2024, afin d’avoir une compréhension plus globale des effets de l’urbanisation sur la biodiversité. En parallèle des suivis de biodiversité, des relevés abiotiques réguliers telles les conditions climatiques (température, hygrométrie), la structure des sols, la gestion locale et les occupations des sols sont réalisés. Cet ample réseau de suivi a ainsi pour but de capturer les différentes dimensions du gradient d’urbanisation. En 2025, le déploiement de détecteurs de luminosité et de niveau sonore sur chaque site viendra compléter ce dispositif pour nous permettre de mesurer ces deux types de pollutions environnementales majeures et d’évaluer leurs effets sur les écosystèmes. Ce stage s’inscrit donc dans l’observation croissante et globale de la biodiversité de l’EMS, et dans la compréhension des dynamiques écologiques en réponse aux pressions urbaines.
D’un point de vue appliqué, par la standardisation et la couverture spatiale des données collectées, cet observatoire est un outil efficace d’évaluation des effets des politiques publiques sur la biodiversité, telle que la réduction de l’éclairage public en ville. A ce titre, l’EMS s’est engagée depuis 2018 dans l’extinction de l’éclairage des parcs et jardins publics entre minuit et 06h30, et depuis 2023 elle mène une expérimentation de réduction de l’éclairage des voies de circulation dans certains quartiers. Ces actions visent entre autres à restaurer une trame noire fonctionnelle pour la biodiversité.
Afin d’en évaluer le bénéfice, ce stage a donc pour objectif de comprendre la réponse fonctionnelle des écosystèmes urbains à la pollution lumineuse. Pour cela, il est vital de saisir les relations présentes entre différents niveaux trophiques (plantes, invertébrés et vertébrés prédateurs). Pour ce faire, nous proposons de relier les relevés de flore et d’activité de chauves-souris à un relevé des insectes nocturnes volants, incluant les papillons nocturnes. Les papillons nocturnes sont un niveau trophique intermédiaire essentiel, étant eux-mêmes pollinisateurs sensibles à la composition floristique et représentant des ressources alimentaires sélectionnées par les chauves-souris. L’information sur les communautés urbaines de papillons de nuit permettra donc d’évaluer les liens indirects (c-a-d via la ressource alimentaire) entre les facteurs anthropiques (entretien des sites, environnement proche, pollution lumineuse), la flore locale et l’activité des chauves-souris. Nous faisons l’hypothèse que ce lien plantes-pollinisateurs-chauves-souris est fortement perturbé par la pollution lumineuse dans le milieu urbain. En effet, cette dernière joue un rôle soit répulsif, soit attracteur, sur la faune nocturne en fonction des espèces, modifiant potentiellement les interactions spécifiques et les processus de régulation des populations sauvages en ville. En utilisant nos mesures d’intensité lumineuse sur site, nous pourrons évaluer si l’effet de la pollution lumineuse sur ce réseau trophique opère au niveau local (à l’échelle du site) ou bien paysager (à l’échelle du quartier). Dans un contexte de révision des politiques de gestion des espaces de nature en ville ainsi que de la pollution lumineuse, ce stage fournira à l’Eurométropole de Strasbourg un ‘éclairage’ scientifique sur lesquelles fonder les décisions du point de vue de la promotion de la biodiversité urbaine.

Ce stage aura donc pour but d’estimer simultanément :
(1) Les variables environnementales locales : luminosité nocturne, température, humidité, bruit. Ces données sont collectées en continu par l’Observatoire Evolville.
(2) Les niveaux d’activité de chasse et de déplacement des chauves-souris par l’analyse d’enregistrements acoustiques.
(3) La quantité et qualité de la principale ressource alimentaire des chauves-souris : les insectes nocturnes dont les papillons de nuit (abondance par taxon, taille).

Pour les chauves-souris, des enregistreurs sonores passifs (spectres audible et ultrasons à l’aide d’Audiomoths) sont installés pendant 2 nuits consécutives, une fois par mois en mai, juin, juillet et septembre (protocole depuis 2024 et sur un sous-échantillon depuis 2022). Le relevé des papillons de nuit sera réalisé à l’échelle du site pendant 2 nuits consécutives simultanément au suivi des chauves-souris, et à l’aide d’un piège lumineux autonome de faible intensité, peu impactant, et déjà utilisé en écologie urbaine (Villaroya et al. 2021). Le suivi floristique sera poursuivi sur les 60 sites d’étude par une botaniste expérimentée.

Ce projet suivra une approche écologique, naturaliste, et une méthode d’analyse statistique adaptée. Il se basera sur des approches d’analyse permettant de dissocier les effets directs et indirects de la pollution lumineuse via l’usage de modèles en équation structurelle (ou SEM ; Lefcheck, 2016) pour comprendre les effets complexes de la pollution lumineuse sur la chaine trophique.

Ce travail se fera en lien étroit avec les services « Ecologie du territoire » et « Eclairage public » de l’EMS. Il sera financé par la Zone Atelier Environnementale Urbaine (ZAEU). Depuis 2011, celle-ci a pour objet l’étude et la compréhension des relations entre une société et son environnement, en lien avec les questions sociétales.

Profil recherché et compétences souhaitées :
– Niveau Master. Cursus en Ecologie ou Biostats ;
– Compétences naturalistes (chiroptères, papillons ou insectes nocturnes en général) seront appréciées mais pas indispensables ;
– Autonomie, capacités rédactionnelles, esprit de synthèse, bonnes capacités de communication, intérêt pour le travail en équipe.

Conditions matérielles du stage :
– Durée : de mars à fin août (voir fin septembre si la formation le permet)
– Laboratoire d’accueil : LIVE – Institut de Botanique, 67000 Strasbourg
– Rémunération : gratification obligatoire du service publique, 3.90€/h, soit environ 580€ par mois pour un temps de travail de 35h par semaine.

Candidature :
A adresser à sotillo@unistra.fr et fchiron@unistra.fr
Les candidatures seront examinées au fil de l’eau et au plus tard le 15 novembre.
Avec CV et LM, merci.

Structure d’accueil* : Laboratoire Image Ville Environnement – UMR 7362 CNRS Université de Strasbourg

Responsables du stage :
Nom : Sotillo Alejandro
Tél : 03.68.85.09.90
Email : sotillo@unistra.fr

Nom : François Chiron
Tél : fchiron@unistra.fr

Références dans le domaine :
https://www.researchgate.net/profile/Francois-Chiron/research
https://www.researchgate.net/profile/Alejandro-Sotillo/publications

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: fchiron@unistra.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.