Période du stage :
Janvier à Juin-Juillet 2026 (6 mois)

Responsables du stage :
– Pierre de Villemereuil (MCF EPHE)
– Léa Koch (Doctorante EPHE)

Etat de l’art :
Notre équipe s’intéresse aux patrons et mécanismes d’accélération du rythme de vie associés au réchauffement climatique chez le lézard vivipare, Zootoca vivipara. Le lézard vivipare est un organisme ectotherme dont l’activité (fourragement, digestion, croissance, reproduction, etc.) est en grande partie déterminée par les températures extérieures. Des résultats obtenus en conditions expérimentales et par comparaison de populations naturelles montrent que sous l’augmentation des températures ambiantes, les individus croissent et se développent plus rapidement, atteignant la reproduction précocement mais à de plus petites tailles corporelles. Dans les conditions chaudes extrêmes, les juvéniles produits seraient en moins bonne condition corporelle et verraient leurs probabilités de survie décliner. Ainsi, par des compromis entre croissance, reproduction et survie, un investissement accru dans la croissance et la reproduction induit une réduction de la durée de vie. Cette accélération du rythme de vie peut être mise en lien avec la modification des patrons de sénescence – déclin des performances avec la prise d’âge – dont l’étude fait l’objet du présent projet de stage. La sénescence implique de nombreux processus complexes dont des mécanismes primaires de vieillissement comme la réduction de la taille des télomères de différents tissus, un processus dont la rapidité est généralement associée à la longévité et à l’apparition de maladies liées à l’âge chez les vertébrés. Le stage de recherche se focalisera sur ce marqueur biologique du vieillissement.
Des populations naturelles de lézard vivipare – localisée dans les Cévennes – sont suivies depuis plusieurs décennies. Parmi celles-ci, une population étudiée depuis 37 ans fait l’objet d’un suivi par capture-marquage-recapture, nous permettant d’accéder à l’histoire de vie ainsi qu’à différents traits des lézards chaque âge. Des tissus caudaux sont prélevés chaque année, nous donnant la possibilité d’extraire l’ADN pour des analyses bio-moléculaires comme la quantification de la longueur des télomères de ce tissu. Plus récemment, nous avons commencé à mesurer les performances locomotrices de chaque individu né et capturé sur la population, à chaque âge. Cela nous permet d’accéder à l’endurance et à la vitesse de sprint des individus, deux métriques résultant des compromis individuels effectués entre différentes composantes de la valeur sélective, telle que la croissance, la survie et la reproduction. L’étude de la relation entre ces performances, le rythme de vie (individus performants = rythme de vie rapide, individus peu performants = rythme de vie lent) et la sénescence est en cours de validation chez le lézard vivipare.
Parmi les travaux cités ci-dessus, certains ont montré que, parmi les populations les plus chaudes, et en fort déclin, de lézard vivipare, les individus naissent avec des télomères plus courts que la moyenne. Les télomères étant un marqueur de l’âge biologique des individus, cela signifie que les individus semblent naître « vieux ». Les auteurs de ces résultats ont proposé que les individus naissant avec des télomères courts expérimentent un rythme de vie plus rapide que la moyenne, peinant à survivre et se reproduire.

Objectifs du stage :
Dans le cadre du suivi longitudinal d’une population naturelle de lézard vivipare, nous souhaitons examiner les liens entre longueur des télomères et rythme de vie des individus. À ce titre, l’étudiant.e aura plusieurs objectifs :
1) À partir des extraits d’ADN, effectuer les mesures de longueur de télomères par une méthode de PCR quantitative (qPCR) ;
2) Analyse du lien entre la longueur des télomères et l’âge en population naturelle ;
3) Etude de la corrélation entre la longueur des télomères et des mesures de performances locomotrices (données déjà disponibles), à chaque âge ;
4) Étude de l’impact de la longueur des télomères à la naissance sur les patrons de sénescence des performances locomotrices.
5) Optionnellement : Participation à la campagne de terrain 2026, soit capture de lézards dans les Cévennes.

Les manipulations et analyses se concentreront sur les individus contactés en 2024 et 2025, pour lesquels nous avons et des tissus caudaux (accès à la longueur des télomères) et des données de performances locomotrices. Pour ces individus, nous aurons également accès à l’histoire de vie, liée au suivi longitudinal, ainsi qu’au pedigree.

Méthodes et compétences développées :
Biologie moléculaire (qPCR) ; Analyse de données ; Écologie évolutive ; Écophysiologie.

Planning prévisionnel
Deux à trois mois consacrés au travail de paillasse. Deux à trois mois d’analyse de données et rédaction du rapport de stage. Un mois de terrain optionnel.

Profil recherché :
Nous recherchons un.e étudiant.e de M2, avec une formation en biologie des organismes, écologie évolutive ou écophysiologie. L’étudiant.e sera formé.e au protocole de qPCR pour l’analyse des longueurs de télomères, néanmoins une expérience de laboratoire en biologie moléculaire est requise. Une maîtrise des outils statistiques basiques (notamment modèle linéaire sous R) est par ailleurs demandée. Enfin, une appétence pour l’herpétologie sera appréciée.

Contexte institutionnel :
Ce projet bénéficie d’un financement ANR via le programme de recherche TIPEX. Le stage se déroulera au sein de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB), au Jardin des Plantes du Muséum National d’Histoire Naturelle, à Paris.

Rémunération :
Le stage sera rémunéré. Les déplacements et logement de l’étudiant.e pendant la campagne de terrain seront couverts.

Références bibliographiques dans le domaine
1. A. Dupoué, et al., Lizards from warm and declining populations are born with extremely short telomeres. Proc Natl Acad Sci U.S.A. 119, e2201371119 (2022).
2. C. S. Han, G. Yang, Reproductive aging and pace-of-life syndromes: more active females age faster. Behavioral Ecology 32, 926–931 (2021).
3. E. Bestion, A. Teyssier, M. Richard, J. Clobert, J. Cote, Live Fast, Die Young: Experimental Evidence of Population Extinction Risk due to Climate Change. PLoS Biol 13, e1002281 (2015).
4. M. Giraudeau, F. Angelier, T. Sepp, Do Telomeres Influence Pace‐of‐Life‐Strategies in Response to Environmental Conditions Over a Lifetime and Between Generations? BioEssays 41, 1800162 (2019).
5. L. J. Fitzpatrick, M. Olsson, A. Pauliny, G. M. While, E. Wapstra, Individual telomere dynamics and their links to life history in a viviparous lizard. Proc R Soc B 288, 20210271 (2021).

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: lea.koch@etu.ephe.psl.eu

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.