Contexte et problématique
Les changements climatiques en cours sont associés à des prédictions sur la réduction des précipitation annuelles, l’augmentation des température et l’augmentation en fréquence et en amplitude des événement extrêmes. La Méditerranée est particulièrement concernée par ces changements et les récentes périodes estivales en France méditerranéenne commencent à confirmer ces prédictions. Si les menaces d’inondations sont relativement bien perçues et anticipées, celles associées au risque incendie restent encore modestement perçues et les actions de prévention sont améliorables. Le risque de passer des incendies méditerranéens à de grands feux de plus grande envergure commence à être envisagé mais il reste peu ou mal anticipé. Parmi les stratégies déployées en France méditerranéenne face au risque incendie, il existe la démarche DFCI, donc la Défense des Forêts Contre les Incendies. Celle-ci consiste à gyrobroyer les bords des routes et de chemins pour créer des pares-feux. Cependant, l’impact de cette démarche DFCI sur la biodiversité reste peu étudié.
Simultanément, la crise de la biodiversité s’amplifie également et certains auteurs évoquent une 6ème crise d’extinction en cours expliqué par des divers impacts associés aux activités humaines. Cette forte érosion de la biodiversité s’accompagne d’une tendance à la standardisation des espèces, les espèces spécialisées dans leur écologie étant plus vulnérables et donc menacées que les espèces généralistes. C’est notamment le cas pour les insectes pollinisateurs qui connaissent un déclin important et reconnu. Là encore, la France méditerranéenne se distingue puisqu’elle héberge une forte richesse en biodiversité, mais elle concentre également les menaces et donc les enjeux de conservation. Et les incendies, comme conséquences des changements climatiques, font partie de ces menaces. C’est dans ce contexte qu’un stage de master a étudié l’an dernier l’impact du gyrobroyage lié à la démarche DFCI sur les communautés de plantes et d’abeilles sauvages dans le département de l’Hérault. En comparant des sites témoins à des sites gyrobroyés depuis presque 2 ans, nous avons démontré que les plantes herbacées ainsi que les abeilles sauvages sont au moins 3 fois plus abondantes et diverses dans les zones gyrobroyées. À cette occasion, plusieurs espèces protégées ont également été observées dans ces zones gyrobroyées. Cet impact positif du gyrobroyage s’explique surement par une réouverture du milieu (plutôt de la garrigue fermée en sites témoin) et par le fait que ces zones gyrobroyées s’apparentent à des trames vertes, donc des connexions écologiques. Ainsi la démarche DFCI pourrait adopter un double objectif de lutte contre les incendies et de marche en faveur de la biodiversité locale.
Cependant, la démarche DFCI est associée à un cout financier et technique important, et ce cout risque fortement d’augmenter à l’avenir au vu des prédictions climatiques, indiquant l’augmentation du risque incendie. Dans ce contexte, il est donc temps de rechercher à optimiser cette démarche d’un point de vue technique, financière et écologique dans l’objectif de pouvoir répondre au mieux à la future demande de DFCI.

Objectifs du stage
C’est dans ce contexte que le Département de l’Hérault a décidé d’optimiser sa pratique du gyrobroyage dans le cadre de la démarche DFCI mais aussi dans sa gestion environnementale de ses Espaces Naturels Sensibles (ENS). Dans le cadre de sa politique de conservation des secteurs remarquables de son territoire, ce département a aussi la particularité d’avoir de nombreux Espaces Naturels Sensibles (ENS) et donc de pouvoir mener des actions de conservation en faveur de la biodiversité. Le département de l’Hérault est également marqué par une fermeture progressive du paysage, un embroussaillement menant au stade forestier du fait de l’exode rural d’après-guerre.
Cet objectif d’optimisation de sa pratique du gyrobroyage (DFCI et gestion ENS) se déroulera sur plusieurs années. L’an dernier, nous avons fait le point sur les équipes DFCI en place, leur matériel et leur point de vue sur les possibilités d’optimisation. Pour cette deuxième année avec cet objectif, le stage de master proposé ici devra établir un historique de la démarche DFCI dans ce département, une estimation financière de cette démarche et surtout une cartographie des habitats naturels concernés par cette démarche ce qui correspond à au moins 2000 kms de bords de route ou chemin. Les deux premières étapes seront réalisées par des enquêtes auprès des différents acteurs concernés dans les services départementaux et les forestiers-sapeurs. Pour la cartographie des habitats, il s’agit surtout d’un travail de SIG afin d’établir les zones d’enjeux de biodiversité et de les confronter aux cartes de risque incendie ainsi qu’aux des zonages de biodiversité (espace protégé, TVB, Plans nationaux d’actions, SRCE…etc.). Enfin, ce stage devra adopter une démarche prospective sur l’usage et l’optimisation du gyrobroyage dans la démarche DFCI et la gestion des ENS en proposant des pistes d’amélioration.

Profil recherché
• Idéalement master 2, mais master 1 possible
• Intérêt pour la démarche scientifique et pour ses applications opérationnelles en conservation
• Intérêt pour le travail d’enquête et de prospectives
• Bonne maitrise des outils SIG
• Curiosité, adaptation et rigueur d’analyse pour recueillir et exploiter des données
• Aisance pour les interviews, initiatives et capacité de travail en équipe
• Capacités relationnelles et rédactionnelles
Conditions
• Lieu : stage basé au CEN Occitanie à Montpellier
• Encadrement : Fabien Lepine, Kevin Lambaere (CEN Occitanie) et Bertrand Schatz (CNRS, CEFE)
• Durée : 6 mois à partir de Mars 2021
• Gratification de stage selon la règlementation
• Voiture personnelle (remboursement des frais) pour les déplacements dans l’Hérault.
• Permis voiture indispensable, véhicule personnel recommandé.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: Fabien Lepine fabien.lepine@cen-occitanie.org, kevin.lambaere@cen-occitanie.org & Bertrand Schatz bertrand.schatz@cefe.cnrs.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.