L’agriculture biologique (AB) et l’agriculture de conservation (AC) sont les principaux modes de production actuellement proposés comme alternatives à l’agriculture conventionnelle en grandes cultures. Plusieurs études ont montré un impact favorable de ces modes de gestion alternatifs sur les organismes du sol (Henneron et al., 2015 ; Appireddy et al., 2008) et les fonctions qu’ils assurent (Teasdale et al., 2007). Malgré tout, les dynamiques qui s’opèrent au sein des systèmes en transition sont moins bien documentées (Pelosi et al., 2015) et pourraient expliquer certains résultats variables et parfois contradictoires de la littérature qui s’intéresse aux impacts de ces modes de production (Bengtsson et al., 2005 ; Hole et al., 2005). Les systèmes sans travail du sol reposent beaucoup sur l’usage du glyphosate pour contrôler les adventices. Or, son interdiction risque de conduire à de nouvelles pratiques induisant des transitions, en particulier vers l’AB (avec un retour au travail du sol occasionnel) qui, pour l’instant, n’ont pas été étudiés. En parallèle, des agriculteurs en AB cherchent à réduire leur dépendance au travail du sol en s’inspirant de l’AC, induisant également des transitions dont les conséquences sur la biodiversité et les fonctions assurées sont méconnues.
Les connaissances sur les arthropodes épigés (vivant à la surface du sol) sont obtenues par des piégeages avec des pots Barber, d’utilisation répandue. Toutefois, ces pièges n’informent que sur le lieu d’activité et de circulation des organismes et ne permettent pas d’obtenir des informations sur les lieux de reproduction, de ponte et d’hivernation de ces derniers. De plus, les mesures d’activité-densité obtenues peuvent être influencées par la disponibilité des ressources alimentaires dans la parcelle et ne reflètent pas nécessairement l’impact des perturbations antérieures du sol, car les arthropodes peuvent se redistribuer dans le paysage. La connaissance des lieux d’hivernation est alors déterminante pour comprendre les complémentarités entre habitats cultivés et les aménagements écologiques avoisinants.
Le post-doctorat proposé a pour objectif de participer à la quantification des effets de systèmes de culture contrastés et de bandes fleuries sur l’hivernation des arthropodes épigés. Il contribuera également à la compréhension des interactions pouvant exister entre les bandes fleuries et les systèmes de culture dans les parcelles adjacentes (par exemple, une complémentarité d’habitats). Il mobilisera pour cela un jeu de données acquis en 2021 et 2022. Des tentes à émergence ont été placées, de la fin d’hiver à l’été, dans des bandes fleuries et des parcelles, cultivées selon différents systèmes de culture. Les arthropodes émergés ont été triés et identifiés. Parallèlement, une caractérisation des états du milieu et des habitats a été effectuée. Des enquêtes ont été réalisées auprès des agriculteurs. Elles permettront de décrire les systèmes de culture via des gradients de perturbations qu’il s’agira de caractériser.
Nous proposons de caractériser les systèmes de culture selon la manière dont ils agissent comme un filtre envers les organismes, c’est-à-dire les traduire en gradients selon différents axes environnementaux (Gaba et al., 2017 ; Muneret et al., 2023 ; Chassain et al., 2024) puis d’analyser comment la composition fonctionnelle des communautés, ou l’abondance d’organismes présentant certains traits fonctionnels répond à ces gradients. La question sera alors de déterminer dans quelle mesure une description des systèmes de culture par les gradients de perturbations et de ressources qu’ils génèrent permet de mieux comprendre leurs effets sur la biodiversité que des catégories de modes de production.

La personne retenue sera affectée à l’UMR Agronomie (INRAE-AgroParisTech) à Palaiseau. Les travaux de l’UMR Agronomie contribuent à la production de connaissances et de méthodes pour concevoir et évaluer des systèmes de culture répondant aux enjeux du développement durable. Ils visent en particulier à faire évoluer les systèmes de culture de manière à répondre à différents objectifs : réduire leur dépendance aux intrants de synthèse, réduire leurs impacts environnementaux négatifs, permettre une rentabilité économique satisfaisante, réduire l’utilisation d’énergie fossile, permettre la production de biens divers. Pour cela, l’UMR Agronomie analyse des processus de régulation biologique, met au point des méthodes et outils de conception et d’évaluation de systèmes de culture innovants, analyse les relations entre l’organisation spatiale des systèmes de culture et les bioagresseurs, et évalue les performances des systèmes de culture à l’échelle globale.

Compétences requises
● Expérience de recherche en analyse de bases de données sur la biodiversité, en écologie des communautés, en écologie fonctionnelle ou en agroécologie ;
● Connaissance du fonctionnement des agroécosystèmes et de la réponse de la biodiversité aux changements environnementaux ;
● Maîtrise de R et de méthodes d’analyse de données avancées, incluant l’analyse de jeux de données multi-relationnels avec des variables aux déterminants multifactoriels ;
● Excellente capacité de communication orale et écrite, et capacité à collaborer avec plusieurs équipes de recherché ;
● Très bon niveau de publication et capacité à publier dans des revues à comité de lecture internationales.

Type d’emploi
CDD à temps plein de 15 mois. Selon la grille de rémunération de l’INRAE, le salaire mensuel brut sera compris entre 2600 et 3200 € selon l’expérience.

Début du contrat : automne 2025

Localisation
INRAE, UMR Agronomie
22, place de l’agronomie
91123 Palaiseau
https://agronomie.versailles-saclay.hub.inrae.fr

Candidatures
Les candidatures doivent contenir une lettre de motivation, un CV avec une liste de publications, les coordonnées de deux personnes pouvant vous recommander, et doivent être envoyées à antoine.gardarin@inrae.fr.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: antoine.gardarin@inrae.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.