L’étude des populations végétales relictuelles isolées est cruciale pour comprendre la persistance de la biodiversité face aux changements climatiques. Le Bouleau nain (Betula nana L.), espèce à répartition arctique-subarctique, illustre ce cas avec ses populations isolées dans quelques tourbières de la Margeride, en disjonction totale avec son aire de distribution depuis a minima 10000 ans. Contrairement aux populations nord-européennes, les individus de Margeride se développent au sein de tourbières, dans des sols saturés en eau, qui jouent potentiellement un rôle crucial en atténuant les extrêmes climatiques (thermiques et hydriques). Cependant, cette situation particulière pourrait être menacée par le réchauffement global, notamment à travers l’assèchement progressif des tourbières, posant ainsi la question de la résilience et de la pérennité de cette population marginale dans un futur plus chaud et plus sec.
Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur la réponse en croissance radiale de Betula nana face aux variations climatiques récentes, et plus particulièrement aux extrêmes climatiques.
L’analyse rétrospective des cernes de croissance d’arbustes nains et prostrés constitue une sous-discipline émergente de la dendrochronologie. Son essor récent est lié aux progrès des techniques de détection et d’interdatation des microcernes des arbustes arctico-alpins, a permis de mieux comprendre les facteurs de contrôle du phénomène d’expansion arbustive en cours en Arctique. En revanche, la réponse de ces arbustes au climat dans leurs populations relictuelles méridionales demeure largement inexplorée, alors même qu’il s’agit de populations potentiellement vulnérables.
L’objectif de cette recherche est donc de (1) échantillonner une population relictuelle de B. nana en milieu tourbeux en Margeride afin d’établir une chronologie de largeur de cerne, étude pionnière en contexte tempéré ; (2) Analyser la relation entre la croissance radiale annuelle et les fluctuations climatiques récentes, afin d’identifier les facteurs climatiques limitant la croissance.
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