Contexte :
La culture de la banane en Guadeloupe constitue un pilier de l’agriculture locale, mais fait face à des défis importants. Dans un contexte de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, l’utilisation de jachères enherbées ainsi que l’implantation de bandes enherbées entre les bananiers sont des pratiques agroécologiques de plus en plus encouragées pour les bénéfices environnementaux et agronomiques qu’elles peuvent apporter par rapport au maintien d’un sol nu. Aujourd’hui, la majorité des des couverts herbacés présents en bananeraie Guadeloupéennes sont composés de communautés de plantes herbacées s’installant spontanément dans les jachères et entre les bananiers.
Le maintien d’un couvert herbacé permanent permet d’apporter un certain nombre de “services” améliorant le fonctionnement des bananeraies, avec l’amélioration des caractéristiques physiques du sol (porosité, réduction de l’érosion…), mais aussi les caractéristiques chimiques et biologiques, en favorisant l’activité des microorganismes bactériens et fongiques, ainsi que de la macrofaune du sol. Cependant, certaines espèces s’installant dans ces couverts spontanés sont associées à des “disservices”, et considérées comme nuisibles par les agriculteurs à cause de leur compétition avec le bananier ou de la gêne qu’elles occasionnent pour le passage dans les parcelles (espèces lianescentes ou érigées à croissance rapide…).
L’utilisation d’engins agricoles pour détruire les bananeraies en fin de production et pour préparer le sol avant plantation peut influencer la composition des communautés du couvert spontané et les services/disservices associés. D’autre part, la vitesse de croissance et la composition des couverts herbacés sont aussi dépendantes de l’ombrage généré par la canopée formée par les bananiers, qui varie selon leur stade de croissance et leur densité de plantation. À ce jour, peu d’études ont permis de quantifier et de comparer précisément les effets de ces pratiques agricoles sur les services ou disservices apportés par les couverts spontanés. Dans ce contexte, une approche basée sur l’écologie fonctionnelle est particulièrement pertinente, car elle permet de mieux comprendre comment les différentes espèces interagissent entre elles et répondent aux perturbations et aux changement d’environnement, et ainsi de faire le lien entre les traits des espèces, leur réponse aux pratiques agricoles, et les services ou disservices qu’elles apportent aux systèmes de culture. Ces connaissances permettront d’améliorer la compréhension du fonctionnement des bananeraies en Guadeloupe et de proposer des pratiques agroécologiques pour la gestion de ces systèmes.

Objectifs du stage :
Ce stage vise à évaluer les l’influence des pratiques agricoles utilisées pour (i) la destruction des bananeraies au moment de la mise en place des jachères et (ii) la plantation de nouvelles bananeraies, sur la composition et les traits fonctionnels (caractéristiques morphologiques, physiologiques ou phénologiques des espèces) des communautés de plantes de couverture. Les traits fonctionnels des communautés des plantes de couverture seront mis en relation avec les services ou disservices apportés au système de culture, notamment en termes de contrôle des adventices nuisibles et de fertilité physique et biologique du sol. Pour cela, l’étudiant(e) participera au suivi d’un dispositif expérimental factoriel mis en place récemment, comparant deux modalités de gestion des jachères : (i) travail du sol intégral au moment de la destruction et avant la plantation ou (ii) destruction des bananiers sans travail du sol et travail du sol localisé avant la plantation; puis deux modalités de plantation: (i) organisation classique en “petit rangs/grands rangs, et (ii) plantation régulière et dense optimisant l’ombrage sur la strate herbacée. La personne recrutée participera au suivi des communautés végétales par relevés floristiques et mesures de traits fonctionnels, incluant traits foliaires comme la surface foliaire spécifique (SLA), traits racinaires et traits de la plante entière comme la hauteur maximale. Il/elle participera également aux mesures visant à évaluer les caractéristiques biologiques du sol, tels que l’évaluation de composition de la macrofaune du sol. Enfin, il/elle participera à la numérisation des données recueillies sur le terrain, à la réalisation d’analyses statistiques permettant de comparer les effets des différents traitements sur les communautés végétales et les caractéristiques physiques et biologiques du sol. D’autre part, la personne recrutée pourra être amenée à participer ponctuellement à d’autres essais en cours sur la station de recherche.

Profil recherché :
Master 2 en cours.
Formation en agroécologie, agronomie, écologie ou similaire.
Une ou des expérience(s) en travail de terrain, expérimentation au champs, identification des plantes, mesures de traits fonctionnels serait un plus.
Intérêt marqué pour l’agroécologie et les systèmes tropicaux.
Des compétences en gestion des jeux de données et analyses statistiques seront appréciées
Autonomie, rigueur scientifique, motivation pour le travail de terrain et les manipulations en laboratoire, capacité à travailler en équipe.

Informations pratiques :
Lieu : station CIRAD de Neufchâteau Capesterre-Belle-eau, Guadeloupe
Durée : environ 4-6 mois entre mi-janvier et mi-juillet 2026
Encadrement : au sein de l’UPR GECO, CIRAD
Possibilité d’hébergement en studio meublé indépendant sur la station du CIRAD (100 euros/mois)
Gratification selon les règles en vigueur (environ 670 Euros Net par mois)
Possibilité de prise en charge du billet A/R depuis la métropole

Candidature :
Envoyer CV et lettre de motivation à gregoire.blanchard@cirad.fr avant le 17/11/2025

Références bibliographiques:
Damour G, Navas ML, Garnier E. A revised trait-based framework for agroecosystems including decision rules. 2018. J Appl Ecol.; 55: 12–24. https://doi.org/10.1111/1365-2664.12986
Dorel Marc, Lakhia Steewy, Pététin Chloé, Bouamer Salah, Risède Jean-Michel. 2010. No-till banana planting on crop residue mulch: Effect on soil quality and crop functioning. Fruits, 65 (2) : 55-68.
https://doi.org/10.1051/fruits/20010001
Gaba S, Perronne R, Fried G, Gardarin A, Bretagnolle F, Biju-Duval L, Colbach N, Cordeau S, Fernández-Aparicio M, Gauvrit C, Gibot-Leclerc S, Guillemin J-P, Moreau D, Munier-Jolain N, Strbik F, Reboud X. 2017. Response and effect traits of arable weeds in agro-ecosystems: a review of current knowledge. Weed Research 57, 123–147.
https://doi.org/10.1111/wre.12245
Rakotomanga D, Kazakou E, Damour G, 2023. Functional structure and interactions within communities composed of cover crops and spontaneous species, along a cropping practices gradient. Agriculture, Ecosystems & Environment,
https://doi.org/10.1016/j.agee.2023.108476.
Violle, C., Navas, M.-L., Vile, D., Kazakou, E., Fortunel, C., Hummel, I. and Garnier, E. 2007, Let the concept of trait be functional!. Oikos, 116: 882-892.
https://doi.org/10.1111/j.0030-1299.2007.15559.x

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