Présentation du projet :
Les plateaux continentaux représentent les écosystèmes marins les plus productifs et concentrent 20% de la production primaire marine malgré la faible proportion de la surface océanique qu’ils représentent (~9%) (Chavez et al., 2011). Cela leur confère une grande valeur écologique (Costanza et al., 1997) et les rend essentiels pour de nombreuses activités économiques humaines, notamment celles relatives aux pêcheries (Halpern et al., 2008). Communément, au sein des plateaux continentaux, la matière est produite et assimilée au travers de deux voies trophiques, une voie pélagique (i.e., dans la colonne d’eau) et une voie benthique (i.e., au fond de l’océan), leur importance respective pouvant varier d’un écosystème à un autre (Cresson et al., 2020). Il est donc aujourd’hui nécessaire d’affiner notre compréhension du fonctionnement écologique des plateaux continentaux, notamment celui du compartiment bentho-demersal et des zones circalittorales, habituellement peu considérées.
Concernant le Golfe de Gascogne, les études menées jusqu’ici sur le fonctionnement trophique bentho-démersal l’ont été à des échelles limitées spatialement (Baie de Vilaine, Grande Vasière, quelques transects côte large). La description du fonctionnement trophique bentho-démersal, à l’échelle du plateau du GdG, s’est essentiellement reposée sur un modèle de flux (Lassalle et al., 2011). Ce modèle a permis de mettre en lumière les flux de matières détritiques importants qui bénéficient aux espèces exploitées. Cependant, même si ce type de modélisation permet d’avoir une caractérisation des flux, il n’appréhende pas sa potentielle variabilité spatiale quantitative ou structurelle et ses conséquences écologiques. Des travaux récents, ciblant les composantes d’invertébrés épi-mégabenthiques et de poissons bentho-démersaux, ont permis de mettre en évidence sept entités spatiales distinctes dénommées ‘benthiscapes’ (projet Bentroph, Outrequin et al. en révision). Dans ce cadre, une approche fonctionnelle a permis de montrer la variabilité spatiale du fonctionnement des communautés d’invertébrés épi-mégabenthiques à l’échelle du plateau nord-Gascogne. Ces communautés répondent à différents processus environnementaux qui vont structurer le réseau trophique à l’échelle du plateau continental.
Cependant, les sources et la diversité trophique relatives à chaque benthiscape n’ont pas encore été pleinement étudiées. Il est donc essentiel d’approfondir si les différences fonctionnelles observées entre les benthiscapes se retrouvent dans des différences de fonctionnement trophique. Ce stage propose de s’appuyer sur des données isotopiques déjà disponibles (issues de la campagne EVHOE 2022), à une échelle spatiale encore jamais explorée pour le GdG.
Ce stage propose donc d’étudier (i) la variabilité spatiale du positionnement et des niches isotopiques d’invertébrés et de poissons bentho-démersaux sur le plateau nord Gascogne, (ii) comment les benthiscapes préalablement définis rendent compte de cette variabilité spatiale, et (iii) les sources et voies trophiques mises en œuvre à cette échelle et les relations entre benthiscapes.
Au-delà du progrès des connaissances sur le fonctionnement trophique du compartiment bentho-démersal du nord du GdG, cette recherche contribuera à la réflexion pour la définition d’entités de gestion, à l’image des ‘ecological production units’ définies pour le compartiment pélagique dans d’autres régions du monde (e.g., Bell et al., 2021). Le golfe de Gascogne étant un écosystème qui accueille de plus en plus d’activités économiques, des conflits concernant l’utilisation de l’espace et de ses ressources peuvent émerger (Pınarbaşı et al., 2020). Cela incite à développer les approches de planification spatiale qui requiert un grand nombre de données et une bonne connaissance des habitats et de leur fonctionnement pour une bonne gestion.
Porteurs :
• Tutelles : IARA : Pablo Brosset, Hervé Le Bris / Ifremer : Pascal Laffargue
• Sites du stage : Rennes – Institut Agro
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