Laboratoire impliqué : Laboratoire EcoSystèmes et Sociétés En Montagne (LESSEM), INRAE
Nom et qualité des encadrants de la thèse : Dr. Philippe Janssen (Chargé de recherche, INRAE) & Dr. André Evette (Ingénieur-Chercheur, HDR, INRAE)
Adresse des lieux de déroulement de la thèse : INRAE Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement, 2 Rue de la Papeterie, 38402 Saint-Martin-d’Hères, France
Tél : +33 4 76 76 28 79
Courriel : philippe.janssen@inrae.fr
Titre :
Restaurer la biodiversité riveraine en réactivant la dynamique fluviale : étude des facteurs contrôlant la structure et la dynamique des communautés végétales et animales des marges démantelées du Rhône moyen
Contexte et objectifs :
Les activités humaines entraînent des changements environnementaux qui impactent les écosystèmes et la biodiversité associée (IPBES, 2019). Parmi la diversité des écosystèmes menacés, les écosystèmes riverains, i.e. les espaces de transition entre écosystèmes terrestres et aquatiques (Naiman & Decamps, 1997), tiennent une place de choix (Nilsson et al., 2005). Très riches en biodiversité (González et al., 2017) et assurant de nombreux services écosystémiques (Riis et al., 2020), ces milieux sont également très vulnérables aux changements globaux en cours. Massivement aménagées pour produire de l’électricité et protéger les biens et les personnes, la plupart des rivières européennes ont une dynamique hydro-sédimentaire altérée (Belletti et al., 2020), avec de lourds impacts sur la biodiversité (Reid et al., 2019). Ces modifications ont également entrainé des changements dans la composition des communautés avec des blocages dans les trajectoires de succession notamment liés à l’arrivée d’espèces exotiques (Richardson et al., 2007). Prises de manière cumulée, ces altérations abiotiques et biotiques font que les écosystèmes riverains concentrent des enjeux de restauration d’une grande importance (González del Tánago et al., 2021).
Le présent projet de thèse vise à développer des connaissances fondamentales et appliquées sur la réponse de la biodiversité riveraine à des actions ciblant la restauration de la connectivité latérale en rivière. Placées dans le contexte plus général de la restauration de processus écologiques (Beechie et al., 2010) via la suppression de contraintes déconnectant le lit de sa plaine d’inondation (Knox et al., 2022), les travaux réalisés chercheront à identifier et quantifier les changements dans la structure et la dynamique des communautés en réponse à la restauration, dans un contexte de milieux fortement anthropisés. Pour ce faire, il est proposé d’étudier les communautés végétales et animales (invertébrés) riveraines à la réactivation de la dynamique fluviale, i.e., via le démantèlement d’anciens ouvrages de protection des berges (Thorel et al., 2018), sur plusieurs sites le long du fleuve Rhône (Janssen et al., 2021). En mobilisant des approches taxonomiques et fonctionnelles, à différentes échelles spatiales et temporelles, le long de gradients environnementaux contrastés (granulométrie et topographie), on cherchera à interroger la fonctionnalité des habitats riverains recréés et à évaluer les effets des travaux sur l’état de conservation des communautés et des espèces des marges alluviales. D’un point de vue scientifique, ces connaissances nouvelles apparaissent essentielles pour mieux identifier et comprendre les processus structurant les communautés le long des gradients environnementaux recréés, quantifier l’influence des paramètres qui contrôlent les changements dans la structure taxonomique et fonctionnelle des communautés, et caractériser leurs trajectoires de succession (dynamiques de colonisation, d’établissement et de persistance). D’un point de vue opérationnel, ces connaissances apporteront des éléments tangibles pour appréhender l’état de dégradation des milieux riverains très anthropisés, évaluer la plus-value écologique des actions de restauration réalisées, et enfin proposer des leviers d’actions et des stratégies de restauration mieux adaptés à ces milieux.
Dans la continuité des connaissances acquises ces dernières années sur le fonctionnement des communautés végétales riveraines du Rhône (Janssen et al., 2019, 2020, 2022), ces travaux permettront d’analyser la réponse de nouveaux groupes taxonomiques (e.g., araignées, hémiptères, coléoptères, orthoptères) mais aussi de creuser des questions plus opérationnelles intéressant les gestionnaires, notamment liées à la valeur patrimoniale des habitats recréés et des communautés associées, incluant la problématique des espèces exotiques envahissantes. D’un point de vue pratique, la thèse s’appuiera sur des jeux de données sur la végétation collectés depuis 2017 sur plusieurs sites , des jeux de données existants et compilés par plusieurs gestionnaires (Syndicat de rivière, Réserve naturelle) et des données nouvelles qui devront être collectées sur le terrain à partir de protocoles dédiés. Spécifiquement, et pour répondre aux objectifs de la thèse, le/la doctorant(e) (1) réalisera une revue de la littérature scientifique portant sur la réponse des communautés d’invertébrés terrestres aux paramètres clés structurant les habitats et les communautés végétales des marges alluviales, et aux travaux de restauration des milieux riverains ; (2) mobilisera les jeux de données issus des suivis pluriannuels des communautés végétales établies sur les zones démantelées pour en étudier la dynamique temporelle ; (3) développera des approches méthodologiques pour suivre les invertébrés terrestres et étudier leur réponse aux habitats riverains recréés.
De manière plus générale, les travaux planifiés durant la thèse s’insèreront dans une forte dynamique collective régionale de compréhension du système fluvial Rhodanien, pour lequel les enjeux écologiques et sociétaux sont forts. Cette dynamique permettra au candidat d’interagir avec plusieurs chercheuses et chercheurs spécialistes des hydrosystèmes au sein du programme scientifique interdisciplinaire pour le suivi de la restauration du Rhône, RhônEco. Des opportunités de collaborations pourront également être développées au sein de l’Observatoire Hommes-Milieux Vallée du Rhône et de la Zone Atelier Bassin du Rhône, mais aussi via des rencontres et des échanges avec les gestionnaires du fleuve, très impliqués dans la restauration écologique des marges du Rhône (Compagnie Nationale du Rhône, Syndicats de rivière, Conservatoire d’espaces naturels…).
Mots-clés : Biodiversité, Casiers Girardon, Connectivité latérale, Démantèlement, Invertébrés, Restauration écologique, Rhône, Végétation, Zone riveraine
Profil recherché
Niveau d’études : Bac+5
Formations recommandées : Sciences écologiques et environnementales, biologie de la conservation et écologie de la restauration, écologie des communautés végétales et animales.
Compétences :
– Bonnes connaissances en écologie.
– Intérêts marqués pour la restauration écologique des hydrosystèmes et des milieux associés.
– Motivé par le travail de terrain et la collecte de données naturalistes (entomologie, botanique, paramètres environnementaux).
– Maitrise de logiciels de traitements et d’analyse de données (en particulier R).
– Capacités rédactionnelles et d’expression (maîtrise de l’anglais).
– Forte rigueur pour appliquer les protocoles de terrain, traiter les données et interpréter les résultats.
– Capacités d’initiative, aptitude au travail en autonomie mais aussi en équipe.
Caractéristiques du contrat :
Durée : 3 ans
Contrat : Contrat doctoral INRAE (environ 1750 € net mensuel). Financement acquis dans le cadre du programme scientifique interdisciplinaire pour le suivi de la restauration du Rhône : RhônEco (https://www.rhoneco.fr).
Période du contrat : automne 2025 à automne 2028
Modalités des candidatures :
Faire parvenir un CV, une lettre de motivation circonstanciée, les coordonnées de deux référents (maîtres de stage et enseignants) et les résultats du Master 1 et 2 par mail à philippe.janssen@inrae.fr avant le 1er juin 2025.
Audition en visioconférence par le comité de sélection des candidat(e)s retenu(e)s sur dossier entre la fin juin et la mi-juillet.
Bibliographie :
Beechie, T.J., Sear, D.A., Olden, J.D., Pess, G.R., Buffington, J.M., Moir, H., et al. (2010) Process-based principles for restoring river ecosystems. BioScience, 60(3), 209–222. https://doi.or/10.1525/bio.2010.60.3.7
Belletti, B., Garcia de Leaniz, C., Jones, J., Bizzi, S., Börger, L., Segura, G., et al. (2020) More than one million barriers fragment Europe’s rivers. Nature, 588(7838), 436–441. https://doi.or/10.1038/s41586-020-3005-2
González del Tánago, M., Martínez-Fernández, V., Aguiar, F.C., Bertoldi, W., Dufour, S., García de Jalón, D., et al. (2021) Improving river hydromorphological assessment through better integration of riparian vegetation: Scientific evidence and guidelines. Journal of Environmental Management, 292, 112730. https://doi.or/10.1016/j.jenvman.2021.112730
González, E., Felipe-Lucia, M.R., Bourgeois, B., Boz, B., Nilsson, C., Palmer, G., & Sher, A.A. (2017) Integrative conservation of riparian zones. Biological Conservation, 211(Part B), 20–29. https://doi.or/10.1016/j.biocon.2016.10.035
IPBES. (2019) Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services. S. Díaz, J. Settele, E. S. Brondizio E.S., H. T. Ngo, M. Guèze, J. Agard, A. Arneth, P. Balvanera, K. A. Brauman, S. H. M. Butchart, K. M. A. Chan, L. A. Garibaldi, K. Ichii, J. Liu, S. M. Subramanian, G. F. Midgley, P. Miloslavich, Z. Molnár, D. Obura, A. Pfaff, S. Polasky, A. Purvis, J. Razzaque, B. Reyers, R. Roy Chowdhury, Y. J. Shin, I. J. Visseren-Hamakers, K. J. Willis, and C. N. Zayas (eds.). IPBES secretariat: Bonn, Germany.
Janssen, P., Evette, A., Piégay, H., & Pont, B. (2021) Rétablir la connexion latérale des rivières en démantelant d’anciens ouvrages de protection : premiers résultats d’une étude pluriannuelle sur le Rhône. Sciences Eaux & Territoires, (81), 1–9.
Janssen, P., Piégay, H., & Evette, A. (2020) Fine‐grained sediment deposition alters the response of plant CSR strategies on the gravel bars of a highly regulated river. Applied Vegetation Science, 23(3), 452–463. https://doi.or/10.1111/avsc.12494
Janssen, P., Piégay, H., & Evette, A. (2022) The taxonomic structure but not the functioning of riparian herbaceous communities varies with hydrological conditions on a large, highly regulated river: Evidence from a 2‐year replicated study. Ecohydrology, 15(3), e2405. https://doi.or/10.1002/eco.2405
Janssen, P., Piégay, H., Pont, B., & Evette, A. (2019) How maintenance and restoration measures mediate the response of riparian plant functional composition to environmental gradients on channel margins: Insights from a highly degraded large river. Science of the Total Environment, 656, 1312–1325. https://doi.or/10.1016/j.scitotenv.2018.11.434
Knox, R.L., Wohl, E.E., & Morrison, R.R. (2022) Levees don’t protect, they disconnect: A critical review of how artificial levees impact floodplain functions. Science of The Total Environment, 837, 155773. https://doi.or/10.1016/j.scitotenv.2022.155773
Naiman, R.J., & Decamps, H. (1997) The ecology of interfaces: riparian zones. Annual review of Ecology and Systematics, 28(1), 621–658. https://doi.or/10.1146/annurev.ecolsys.28.1.621
Nilsson, C., Reidy, C.A., Dynesius, M., & Revenga, C. (2005) Fragmentation and flow regulation of the world’s large river systems. Science, 308(5720), 405–408. https://doi.or/10.1126/science.1107887
Reid, A.J., Carlson, A.K., Creed, I.F., Eliason, E.J., Gell, P.A., Johnson, P.T.J., et al. (2019) Emerging threats and persistent conservation challenges for freshwater biodiversity. Biological Reviews, 94(3), 849–873. https://doi.or/10.1111/brv.12480
Richardson, D.M., Holmes, P.M., Esler, K.J., Galatowitsch, S.M., Stromberg, J.C., Kirkman, S.P., et al. (2007) Riparian vegetation: degradation, alien plant invasions, and restoration prospects. Diversity and distributions, 13(1), 126–139.
Riis, T., Kelly-Quinn, M., Aguiar, F.C., Manolaki, P., Bruno, D., Bejarano, M.D., et al. (2020) Global overview of ecosystem services provided by riparian vegetation. BioScience, 70(6), 501–514. https://doi.or/10.1093/biosci/biaa041
Thorel, M., Piégay, H., Barthélémy, C., Räpple, B., Gruel, C.R., Marmonier, P., et al. (2018) Socio-environmental implications of process-based restoration strategies in large rivers: should we remove novel ecosystems along the Rhône (France)? Regional Environmental Change, 18(7), 2019–2031. https://doi.or/https://doi.org/10.1007/s10113-018-1325-7
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