Contexte
L’agriculture biologique (AB) et l’agriculture de conservation (AC) sont les principaux modes de production actuellement proposés comme alternatives à l’agriculture conventionnelle en grandes cultures. Plusieurs études ont montré un impact favorable de ces modes de gestion alternatifs sur les organismes du sol (Henneron et al., 2015 ; Appireddy et al., 2008) et les fonctions qu’ils assurent (Teasdale et al., 2007). Malgré tout, les dynamiques qui s’opèrent au sein des systèmes en transition sont moins bien documentées (Pelosi et al., 2015) et pourraient expliquer certains résultats variables et parfois contradictoires de la littérature qui s’intéresse aux impacts de ces modes de production (Bengtsson et al., 2005 ; Hole et al., 2005). Les systèmes sans travail du sol reposent beaucoup sur l’usage du glyphosate pour contrôler les adventices. Or, son interdiction risque de conduire à de nouvelles pratiques induisant des transitions, en particulier vers l’AB (avec un retour au travail du sol occasionnel) qui, pour l’instant, n’ont pas été étudiés. En parallèle, des agriculteurs en AB cherchent à réduire leur dépendance au travail du sol en s’inspirant de l’AC, induisant également des transitions dont les conséquences sur la biodiversité et les fonctions assurées sont méconnues.
Dans l’objectif d’approfondir les connaissances des effets des systèmes de grande culture sur la biodiversité taxonomique et fonctionnelle et les fonctions associées, les UMR Agronomie, EcoSys et EMMAH caractérisent la biodiversité du sol et les fonctions associées dans un réseau de parcelles de 32 agriculteurs, situés dans les régions Centre et Île-de-France, depuis 2018, avec le soutien de l’Office Français de la Biodiversité. La biodiversité est décrite de manière dynamique, intra- et inter-année, par une approche multi-taxons à différents niveaux trophiques (notamment les arthropodes épigés et la macro- et mésofaune).
Le post-doctorat proposé aura pour objectif d’analyser comment se structure la biodiversité en tenant compte à la fois (1) des perturbations générées par les techniques culturales et (2) des interactions trophiques possibles entre les organismes du sol. Il mobilisera pour cela un jeu de données acquis en 2024 dans 27 parcelles de colza, avec les possibilités de mobiliser des données des années précédentes pour approfondir certaines questions et pour relier la biodiversité aux services de régulation (régulation des ravageurs et fertilité du sol).
L’analyse des données sera réalisée par des approches fonctionnelles et trophiques permettant de décrire les communautés et par des analyses statistiques (modèles en équations structurales) mettant en évidence les relations directes et indirectes entre la méso- et macrofaune du sol (ex. collemboles) et les invertébrés épigés. La modélisation des relations trophiques s’appuiera sur plusieurs indicateurs écologiques et fonctionnels pour décrire ces relations. Nous proposons de caractériser les systèmes de culture selon la manière dont ils agissent comme un filtre envers les organismes, c’est-à-dire les traduire en gradients selon différents axes environnementaux (Gaba et al., 2017 ; Muneret et al., 2023 ; Chassain et al., 2024) puis d’analyser comment la composition fonctionnelle des communautés, ou l’abondance d’organismes présentant certains traits fonctionnels répond à ces gradients. La question sera alors de déterminer dans quelle mesure une description des systèmes de culture par les gradients de perturbations et de ressources qu’ils génèrent permet de mieux comprendre leurs effets sur la biodiversité que des catégories de modes de production.
La personne retenue sera affectée à l’UMR Agronomie (INRAE-AgroParisTech) à Palaiseau, et elle interagira avec les UMR EcoSys et EMMAH. Les travaux de l’UMR Agronomie contribuent à la production de connaissances et de méthodes pour concevoir et évaluer des systèmes de culture répondant aux enjeux du développement durable. Ils visent en particulier à faire évoluer les systèmes de culture de manière à répondre à différents objectifs : réduire leur dépendance aux intrants de synthèse, réduire leurs impacts environnementaux négatifs, permettre une rentabilité économique satisfaisante, réduire l’utilisation d’énergie fossile, permettre la production de biens divers. Pour cela, l’UMR Agronomie analyse des processus de régulation biologique, met au point des méthodes et outils de conception et d’évaluation de systèmes de culture innovants, analyse les relations entre l’organisation spatiale des systèmes de culture et les bioagresseurs, et évalue les performances des systèmes de culture à l’échelle globale.

Compétences requises
● Expérience de recherche en analyse de bases de données sur la biodiversité, en écologie des communautés, ou en agroécologie ;
● Maîtrise de R et de méthodes d’analyse de données avancées, incluant l’analyse de jeux de données multi-relationnels avec des variables aux déterminants multifactoriels ;
● Excellente capacité de communication orale et écrite, et capacité à collaborer avec plusieurs équipes de recherché ;
● Très bon niveau de publication et capacité à publier dans des revues à comité de lecture internationales.

Expérience appréciée
● Expérience de recherche en écologie fonctionnelle
● Connaissances en entomologie

Type d’emploi
CDD à temps plein de 18 mois. Selon la grille de rémunération de l’INRAE, le salaire mensuel brut sera compris entre 2600 et 3200 € selon l’expérience.

Début du contrat : Janvier 2025

Localisation
INRAE, UMR Agronomie
22, place de l’agronomie
91123 Palaiseau
https://agronomie.versailles-saclay.hub.inrae.fr

Candidatures
Les candidatures doivent être envoyées avant le 30 septembre 2024 à antoine.gardarin@inrae.fr.
Les candidatures doivent contenir une lettre de motivation, un CV avec une liste de publications et les coordonnées de deux personnes pouvant vous recommander.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: antoine.gardarin@inrae.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.