Contexte : À l’échelle mondiale, la surexploitation des espèces animales et végétales – par la surpêche ou les prélèvements illégaux sur les routes migratoires, par exemple – est l’une des principales causes de la perte de biodiversité, particulièrement dans le contexte actuel de changements environnementaux rapides (UNEP-WCMC, 2024). Dans ce contexte, la question de l’impact démographique des prélèvements cynégétiques fait l’objet de débats. Il est donc crucial d’évaluer le niveau et la manière selon lesquels ils affectent ou non la dynamique des populations, afin d’établir éventuellement des niveaux d’exploitation compatibles avec leur conservation. Les populations d’oiseaux migrateurs, en raison de leur grande mobilité, subissent diverses pressions anthropiques tout au long de leur cycle de vie, la chasse n’étant qu’une de ces pressions. Des études récentes menées en Europe révèlent un déclin marqué chez certaines espèces d’oiseaux d’eau, notamment le Fuligule milouin (Aythya ferina). Ces déclins s’accompagnent fréquemment de modifications dans la structure d’âge et de sexe des populations, avec par exemple une pénurie de femelles observée chez plusieurs espèces en déclin. Cependant, de nombreuses incertitudes demeurent concernant les causes de ces modifications, notamment en France, qui occupe pourtant une position cruciale dans la conservation de ces espèces. Ce rôle s’explique à la fois par l’importance du territoire français en tant que zone d’hivernage et de transit pour de nombreuses espèces, ainsi que par le niveau des prélèvements effectués au sein de ses frontières. Comprendre les mécanismes qui influencent la structure des populations d’oiseaux d’eau et leur lien possible avec la vulnérabilité de certains individus aux prélèvements cynégétiques est essentiel afin de mettre en place une gestion adaptative des populations. Cette approche requiert un renforcement de la collaboration entre chasseurs et scientifiques pour objectiver les débats sur l’exploitation de certaines espèces, en intégrant de manière impartiale les connaissances scientifiques aux pratiques de gestion, afin de promouvoir une chasse durable en France.

Problématique : L’ANCGE (Association Nationale des Chasseurs de Gibier d’Eau), en collaboration avec la FNC (Fédération Nationale des Chasseurs) et l’ISNEA (Institut Scientifique Nord Est Atlantique), coordonne une campagne nationale de collecte d’ailes d’oiseaux d’eau abattus lors de la chasse. Cette collecte d’échantillons biologiques a pour objectif d’enrichir les connaissances scientifiques sur ces espèces. Depuis 2013, entre 12 000 et 14 000 ailes sont collectées annuellement sur l’ensemble du territoire français, mais ce jeu de données conséquent n’a pour l’instant été analysé que de manière partielle. En parallèle, l’âge et le sexe des oiseaux capturés pour baguage est systématiquement enregistré. Ce projet a pour objectif d’analyser ces bases de données (plus de 10 ans) afin de répondre à quatre questions principales : (1) Existe-t-il des variations temporelles, à la fois intra et interannuelles, dans la structure d’âge et de sexe des communautés d’oiseaux à l’échelle nationale ? (2) Comment ces variations sont-elles liées aux tendances démographiques de ces espèces, telles qu’observées dans les comptages Wetlands ? (3) Y a-t-il des différences spatiales dans la répartition de l’âge et du sex-ratio au sein de ces populations, en lien avec l’origine et la structuration des populations sur les sites d’hivernage ? (4) La structure d’âge et de sexe diffère-t-elle entre les données issues des prélèvements cynégétiques et celles obtenues par baguage, ce qui pourrait indiquer une vulnérabilité accrue de certaines classes d’âge ou de sexe à la chasse ? Des données similaires provenant des prélèvements cynégétiques sont également disponibles dans d’autres pays européens (Royaume-Uni, Danemark, Suède et Finlande), et des demandes d’accès à ces données seront faites auprès des organismes gestionnaires avant le début du stage de l’étudiant, ce qui permettrait d’étendre les analyses à une échelle européenne.

Déroulement du stage et environnement d’accueil : Le stage aura lieu au sein de l’Office Français de la Biodiversité dans le Service Conservation et Gestion Durable des Espèces Exploitées. Le stagiaire sera basé dans les locaux de l’OFB à Pérols, près de Montpellier. L’encadrement sera réalisé par Julien Terraube (Chargé de recherche Gestion adaptative), et Matthieu Guillemain (Chef de Service Conservation et Gestion Durable des Espèces Exploitées). Le stage consistera principalement à analyser les données issues de ces différentes bases de données et se déroulera sur 6 mois à partir du mois de mars 2025.

Profil recherché pour les candidat·es :
–Deuxième année de master en écologie.
– Goût prononcé pour l’écologie quantitative et l’analyse de données.
– Bonne connaissance des outils d’analyses statistiques requise.
– Maitrise du langage de programmation R obligatoire.
– Intérêt marqué pour les enjeux complexes de conservation et de gestion de la biodiversité, incluant la collaboration avec divers partenaires.

Contacts : Pour postuler, veuillez envoyer par email un CV accompagné d’une lettre de motivation à julien.terraube@ofb.gouv.fr et matthieu.guillemain@ofb.gouv.fr, avant le 15 Décembre.

Littérature citée :
UNEP-WCMC, 2024. State of the World’s Migratory Species. UNEP-WCMC, Cambridge, United Kingdom.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: julien.terraube@ofb.gouv.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.