Description

Le chlordécone (CLD, C10Cl10O) est un insecticide organochloré utilisé de 1972 à 1993 dans les Antilles françaises pour lutter contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus). Il est considéré comme un polluant organique persistant pouvant perdurer plusieurs décennies voire plusieurs siècles dans les sols antillais. Il est à l’origine d’importantes problématiques sanitaires (ex. augmentation du risque de cancer de la prostate), économiques (ex. parcelles agricoles contaminées ne pouvant plus être utilisées pour certaines productions), et environnementales (ex. pollution des eaux et des sols). Il est donc important d’étudier ses effets sur les organismes présents dans les milieux naturels et de chercher des moyens de le dégrader.
Les études scientifiques mesurant l’impact de ce pesticide sur la biodiversité des sols en sont encore à leur début. Des résultats récents (Coulis et al., 2024) montrent que les vers de terre (et plus particulièrement les vers endogés) bioaccumulent le CLD. A contrario, les escargots géants africains (Lissachatina fulica) collectés sur des sols contaminés au CLD ne bioaccumulent pas ce pesticide dans leurs parties molles. Ces résultats qui peuvent être lié au régime alimentaire des espèces pourraient également cacher des voies d’excrétion du CLD qui sont très performante chez cette espèce d’escargot. Cependant, ces résultats préliminaires mériteraient des approfondissements pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.

Objectif

L’objectif général de ce stage sera de quantifier la bioaccumulation du chlordécone dans différentes espèces d’invertébrés du sol (vers de terre et escargots). Plus spécifiquement, le sujet de stage se focalisera sur la question du devenir du CLD dans l’escargot géant africain (Lissachatina fulica) collecté sur des sols ayant une large gamme de contamination en CLD. Nous faisons l’hypothèse que le chlordécone n’est pas réparti de façon homogène dans les différents organes. D’après la littérature sur la bioaccumulation de pesticides organiques dans des escargots, nous nous attendons à ce que la concentration en CLD soit plus importante dans l’hépatopancréas et plus faible dans le reste du corps mou (Baroudi et al., 2020).

Méthodologie

Pour tester cette hypothèse, nous allons récolter deux espèces de vers de terre (Eudrilus eugeniae, un ver de terre épigé et Pontoscolex corethrurus, une espèce endogée) ainsi que des escargots géants africains (Lissachatina fulica) dans des bananeraies et des forêts tropicales suivant un gradient de contamination au CLD et sur des sols ayant des caractéristiques physico-chimiques contrastées (andosol et nitisol).
Missions
Le stage se déroulera dans le cadre du projet ANR Chlor2Nou. Et plus spécifiquement dans le cadre de la thèse de Léa bataille, co-encadrée par Céline Pelosi et Mathieu Coulis. La mission principale du / de la stagiaire sera de mener les campagnes d’échantillonnages dans différentes bananeraies et forêts situées dans le centre et le nord de la Martinique, identifiées en amont du stage. Il / Elle récoltera les deux espèces de vers de terre d’intérêt, l’escargot géant africain et fera des prélèvements de sol sur chaque parcelle. Le / La stagiaire gérera également la préparation des échantillons au laboratoire après le terrain. Le / La stagiaire participera également à la mise en place et au suivi d’une expérience en conditions contrôlées visant à étudier l’effet des vers de terre sur le devenir du CLD et ses métabolites
Le / La stagiaire participera aussi à la mise en place et au suivi d’une expérience en conditions contrôlées visant à étudier l’effet des vers de terre sur le devenir du CLD et ses métabolites (aide pour le tamisage des sols, la récupération de vers de terre, la préparation des cosmes et l’arrosage).

Profil et compétences recherchées

– Etudiant.e en césure niveau Bac +4 ou +5 (université ou école d’ingénieur) dans un des domaines suivants : écologie, écotoxicologie, agronomie ou une discipline similaire,
– Intérêt fort pour les études de terrain,
– Une expérience en milieu tropical est un plus,
– Permis B nécessaire pour les déplacements,
– Travail en groupe,
– Autonomie,
– A l’aise avec le logiciel R

Modalités

– Lieu : Campus Agro-Environnemental Caraïbe (CAEC), CIRAD, au Lamentin, Martinique
– Durée : 6 mois
– Rémunération : stage gratifié à environ 600 euros / mois (4,35€ de l’heure)
– Le billet d’avion A-R est prit en charge par le CIRAD

Démarrage souhaité le 04/11/2024
Pour tout renseignement ou candidature, en envoyant un CV et une lettre de motivation, contactez par mail Léa Bataille (lea.bataille@cirad.fr), Céline Pelosi (celine.pelosi@inrae.fr) et Mathieu Coulis (mathieu.coulis@cirad.fr). Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15/10/2024.

Bibliographie

Baroudi, F., Al Alam, J., Fajloun, Z., Millet, M., 2020. Snail as sentinel organism for monitoring the environmental pollution; a review. Ecological Indicators 113, 106240. https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2020.106240
Coulis, M., Senecal, J., Devriendt renault, Y., Guerin, T., Parinet, J., Ting PAK, L., 2024. Fate of chlordecone in soil food webs in a banana agroecosystem in Martinique. Environmental Pollution 124874. https://doi.org/10.1016/j.envpol.2024.124874

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