Description et objectif
La décomposition de la matière organique dans les écosystèmes, c’est-à-dire sa transformation qui aboutit à la production de dioxyde de carbone et de nutriments, est la deuxième fonction écosystémique la plus importante pour le maintien de la vie sur Terre (Gessner et al., 2010). Elle peut être divisée en trois processus : les transformations physico-chimiques, microbiennes et animales. La plupart des transformations animales sont réalisées par une très grande diversité d’invertébrés, appelés détritivores. Dans les sols, leur présence augmente la décomposition de 50% en moyenne, surtout les détritivores de grand taille (macrodétritivores : e.g. vers de terre, isopodes). Toutefois, leur contribution peut-être très variable et demeure mal comprise (García-Palacios et al., 2021). En effet, face à la complexité des réseaux trophiques des sols (Wolkovich, 2016), un paradigme majeur un peu simplificateur prétend que les détritivores sont des consommateurs généralistes, préférant consommer des litières facilement accessibles, molles, hautement colonisées par des microorganismes et de hautes qualités nutritionnelles. Les recherches passées ont donc étudié majoritairement l’interaction détritivore-litière par le prisme des contraintes nutritionnelles et digestives uniquement, en ne mesurant souvent que des caractéristiques de la litière.
Récemment, un cadre conceptuel de l’interaction par paire détritivore-litière a été construit par une approche de concordance de traits (Marchand, Lecerf, et al., 2024). Un trait est une caractéristique mesurable d’un organisme à l’échelle individuelle. Ce cadre est en rupture avec le paradigme précédent puisqu’il fait l’hypothèse que la consommation d’une litière par un détritivore est gouvernée par cinq facettes séquentielles d’interactions, distinctes mais complémentaires (spatiale, biomécanique, digestive, élémentaire et énergétique), et régies par des traits du détritivore, de la litière et leur éventuelle concordance. Une partie de cadre a été mis à l’épreuve de travaux expérimentaux. Il a été ainsi démontré l’importance relative des facettes mécanique et élémentaire, et l’importance de mesurer des traits des détritivores et des litières (Marchand, Estabes, et al., 2024; Marchand, Pey, et al., 2024). Hors de ce nouveau cadre conceptuel, il a par ailleurs été démontré que le couplage des contraintes énergétiques et élémentaires améliorent les prédictions de l’interaction détritivore-litière (Ott et al., 2012; Ruiz et al., 2021). Il semblerait donc pertinent de considérer de manière simultanée les facettes élémentaire et énergétique par une approche de concordance des traits. Un autre argument majeur pour justifier cette approche conjointe est le fait que les contraintes énergétiques sont dépendantes de la température (Brown et al., 2016). Dans un contexte de dérèglement climatique, la hausse des températures pourrait complétement modifier ces règles d’interactions.
Le présent sujet de thèse aura pour objectif majeur d’établir les règles mécanistiques d’interaction entre un détritivore et une litière, relatives aux contraintes élémentaires et énergétiques, en mobilisant une approche par concordance de traits. Ces résultats contribueront à améliorer la compréhension et la prédiction de l’interaction détritivore-litière, et indirectement de la décomposition de la matière organique.

Contexte de réalisation
La réalisation de la thèse est soumise à la réussite du candidat sélectionné au concours de l’Ecole doctorale SDU2E qui aura lieu en mai-juin 2025.
La thèse sera supervisée par Benjamin Pey (Maître de conférences, INP Toulouse), Mathieu Santonja (Maître de conférences, Aix Marseille Université) et Sophia V. Hansson (Chargée de recherche, CNRS). Le poste sera basé au Centre de Recherche sur la Biodiversité et l’Environnement (Campus AgroToulouse, Toulouse, France), avec des visites prolongées à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (Marseille, France). L’équipe encadrante est spécialisée dans la compréhension du rôle des organismes dans la dynamique de la matière organique au sein des sols. L’ensemble des frais de fonctionnement de la thèse (missions, fonctionnement, etc…) seront largement couverts par des crédits déjà acquis par l’équipe encadrante. Le projet de thèse s’appuiera également sur un socle de connaissance robuste et d’un réseau de collaborateurs existant, issus d’une thèse récemment soutenue (Théo Marchand, thèse SDU2E 2020-2023, directeur : B. Pey) et d’un projet EC2CO récemment fini (projet Elementary, 2022-23). Ce contexte ouvre la porte à cette thèse qui ambitionne de répondre à des questions complexes encore non résolues concernant l’interaction détritivore-litière. Un nouveau projet dont les thématiques seront étroitement associées au présent sujet de thèse sera déposé en septembre 2025. Le doctorant pourra ainsi bénéficier de collaborations officielles et/ou informelles avec le réseau de collaborateurs déjà formé, et aussi potentiellement du cadre programmatique de ce nouveau projet et de son financement.
Le doctorant aura à mener des expérimentations en laboratoire et sur le terrain sur différents sites forestiers français. Il bénéficiera de l’environnement scientifique et technique des deux laboratoires pour mettre en place ses expérimentations (e.g. collaborations, aide technique, infrastructures expérimentales). Notamment, il bénéficiera de l’accès aux plateformes analytiques et aux laboratoires de (géo)chimie de l’Observatoire Midi-Pyrénées (Toulouse, France) qui lui permettront d’acquérir les données nécessaires au projet de thèse. Le doctorant aura par ailleurs l’opportunité d’encadrer les travaux de recherche d’au moins un stagiaire de Master 2.

Profil recherché
Etudiant.e de niveau M2 ou équivalent, en écologie, biologie ou sciences agronomiques ou environnementales. Expériences d’échantillonnage et/ou en laboratoire recommandées. Compétences en communication écrite et orale requises, maîtrise de l’anglais (niveau B2) requis. Compétences en analyses de données sous R recommandées. Une expérience internationale serait un plus. Compétences spécifiques : goût pour la manipulation d’organismes vivants, autonomie, travail en équipe, bonne santé physique pour travail de terrain, permis B. Au sein du CRBE et de l’IMBE, nous souhaitons refléter la diversité de la société et acceptons les candidatures de tous les candidats qualifiés.

Calendrier
Envoyer dans un premier temps le plus tôt possible votre C.V. et une lettre de motivation (2 pages maximum, expression de vos motivations mais aussi de comment vous envisagez de réaliser la thèse si vous êtes recruté.e) au mail suivant : benjamin.pey@toulouse-inp.fr
En cas de questions, n’hésitez pas à prendre contact au préalable. Les candidatures seront évaluées au fur et à mesure et des entretiens seront proposés aux candidats les plus en adéquation avec les prérequis de la thèse.

Plus d’informations concernant la thèse et le concours doctoral SDU2E :
http://sdu2e.obs-mip.fr/
Allez à la rubrique, « Faire une thèse à l’ED » puis « Propositions de sujets de thèse ouverts au concours pour l’attribution d’un contrat doctoral » pour trouver plus de détails sur le présent sujet de thèse.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: benjamin.pey@toulouse-inp.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.