Contexte et objectifs du stage :
Le suivi de l’usage des pesticides repose sur une diversité d’indicateurs — du simple tonnage de substances actives vendues à des indices intégrant la toxicité, la persistance ou la charge environnementale des produits. Ces indicateurs, développés à des fins réglementaires, techniques ou écotoxicologiques, ne décrivent pas toujours les mêmes facettes de la pression exercée sur les écosystèmes.
Un précédent travail de stage a mis en évidence des divergences spatiales et temporelles entre ces métriques d’usages des pesticides et a souligné qu’aucun n’offre à lui seul une vision complète des risques environnementaux. La question se pose désormais de savoir dans quelle mesure ces différents indicateurs traduisent réellement les pressions écologiques observables, et notamment leur lien avec la biodiversité.
Parallèlement, plusieurs études ont mis en évidence des impacts des pesticides — notamment des néonicotinoïdes — sur les oiseaux, via des effets directs ou indirects liés à la raréfaction des invertébrés. En France, Perrot et al. (2025) ont montré une relation négative entre l’usage d’imidaclopride et l’abondance des oiseaux insectivores du programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs), confirmant la sensibilité de ce groupe aux pressions phytosanitaires. Ces résultats offrent un cadre analytique solide pour confronter différents indicateurs d’usage des pesticides à des données de biodiversité indépendantes et spatialement explicites.

Le stage visera à :
1. Confronter différents indicateurs d’usage ou de risque des pesticides (quantités vendues, indicateurs réglementaires, indices écotoxicologiques, charge toxique, etc.) sur un même territoire et une même période.
2. Les relier à un jeu de données biodiversité, en particulier les données de suivi d’oiseaux du programme STOC (MNHN), en mobilisant le cadre d’analyse développé par Perrot et al. (2025).
3. Évaluer la cohérence entre les indicateurs : expliquent-ils les mêmes tendances de biodiversité ? Quels types d’indicateurs (quantitatifs vs pondérés par la toxicité) sont les plus prédictifs ?
4. Identifier les forces et limites de chaque indicateur pour la surveillance et la gestion des risques pour la biodiversité.

Méthodologie :
– Croisement spatial des données STOC (abondance et tendance d’espèces ou de guildes d’oiseaux : insectivores, granivores, généralistes) avec plusieurs métriques d’usage de pesticides calculés à l’échelle communale ou régionale (2013–2022) dans le cadre d’un précédent stage.
– Analyses statistiques : modèles linéaires mixtes ou modèles additifs généralisés (GAM/GAMM), comparaison de métriques d’ajustement (AIC, R² marginal/conditionnel), évaluation de la robustesse et de la colinéarité entre indices.
– Interprétation des convergences ou divergences entre indicateurs selon les types d’espèces, régions et périodes.

Profil recherché :
Formation en écologie
Connaissances en statistiques, et compétences en R (manipulation de données, analyses statistiques, spatialisation avec sf ou terra).
Intérêt pour les questions de surveillance environnementale et d’évaluation des politiques publiques.

Structure d’accueil : CESCO-MNHN

Responsables du stage : Karine Princé (CESCO-MNHN), Thomas Perrot (FRB), Colin Fontaine (CESCO-MNHN)

Références dans le domaine :
Möhring, N., Kanter, D., Aziz, T., Castro, I. B., Maggi, F., Schulte-Uebbing, L., Seufert, V., Tang, F. H. M., Zhang, X., & Leadley, P. (2023). Successful implementation of global targets to reduce nutrient and pesticide pollution requires suitable indicators. Nature Ecology & Evolution, 7(10), 1556–1559. https://doi.org/10.1038/s41559-023-02120-x
Perrot, T., Princé, K., Porcher, E., Wolfram, J., Schulz, R., & Fontaine, C. (2025). Weak recovery of insectivorous bird populations after ban of neonicotinoid in France, hinting at lasting impacts. Environmental Pollution, 127132.

Le contenu de cette offre est la responsabilité de ses auteurs. Pour toute question relative à cette offre en particulier (date, lieu, mode de candidature, etc.), merci de les contacter directement. Un email de contact est disponible: karine.prince@mnhn.fr

Pour toute autre question, vous pouvez contacter sfecodiff@sfecologie.org.