Webinaire ASE2
Mardi 18 mars de 12h à 13h30
https://cnrs.zoom.us/j/91618746327?pwd=lVL2sEWOWzsSck5R3bwBSFdcWoIRKo.1
Derborence :
A la fin de la défense de sa thèse de doctorat en biologie sur la coexistence de deux formes d’organisation sociale au sein d’une même espèce de fourmis de la Vallée de Derborence, Amaranta n’a pas l’impression d’être parvenue à rendre compte de la réalité et la complexité de ces 6 longues années de recherches. Avec la complicité de l’artiste Simon Senn, rencontré dans le cadre du premier séminaire des Imaginaires des Futurs Possibles de 2019, le carnet de recherche d’Amaranta devient une pièce théâtrale dans laquelle on devine la nature de ce travail alerte, sensible et tendre, aussi technique qu’intime.
Ceci est le début du récit d’un cheminement personnel et intellectuel, celui de l’intégration d’un objet de recherche et d’un rôle de scientifique dans un territoire précis et dans un contexte social plus large. Derborence, la vallée de montagne qui au départ n’est qu’un site d’échantillonnage de fourmis, un canevas local pour la recherche scientifique globale, devient peu à peu un lieu de vie, où s’entremêlent progressivement des rencontres interpersonnelles, des conflits interspécifiques, des désaccords épistémologiques et des enjeux de gestion d’un paysage naturel.
Par cette réalité inéluctable du terrain, la neutralité de la scientifique en exploration est bousculée. Elle laisse ses données s’imprégner par l’expérience sensible du travail manuel. Loin d’y résister, elle se laisse emporter par la complexité. Débordant quelque peu du cadre académique, elle se mêle au terrain, essaye d’en être partie prenante, médiatrice… sans tout à fait réussir. Ainsi, le territoire devient un terrain de vie1 partagé par la scientifique, les bergères, les vaches et les fourmis.
Amaranta Fontcuberta est docteure en écologie évolutive, chercheuse pluridisciplinaire et médiatrice sciences-sociétés. Plus largement, elle s’intéresse au dialogue de savoirs et pratiques, et à confronter des perspectives humaines et non-humaines sur l’environnement. Après une thèse de doctorat en biologie à l’Université de Lausanne (UNIL), traitant du comportement, de l’écologie et de la génétique chez une espèce de fourmi alpine, elle est actuellement chercheuse à l’Institut de géographie et durabilité et au ColLaboratoire, Unité de recherche collaborative et participative de l’UNIL, où elle étudie les relations de voisinage entre humains et oiseaux en milieu urbain. Entre 2020 et 2023 elle collabore dans plusieurs projets arts-sciences (Théâtre de Vidy, La Grange- UNIL, Far Nyon), dont le spectacle Paysages Partagés (Théâtre de Vidy, EU). En 2024 elle présente à la Grange- UNIL le projet Éctones avec le collectif MALM, une installation immersive autour de l’exploration de zones de transitions en montagne.
Simon Senn est né en 1986 et vit à Genève. Il a obtenu un Bachelor of Fine Arts à la HEAD – Genève et un Master au Goldsmiths College à Londres. Il travaille principalement avec la vidéo et la performance, en explorant les effets de la technologie sur les relations humaines. Bien que ses vidéos ou installations soient généralement basées sur une certaine réalité, une fiction s’y mêle souvent. Be Arielle F (2020) est sa première proposition pour la scène, avec laquelle il a reçu le deuxième Prix d’encouragement pour les arts de la scène Premio en 2019. En 2021, il crée dSimon avec Tammara Leites, programmeuse s’intéressant au sujet des intelligences artificielles à travers le cas de ChatGPT. Dans Rohee (2024), il collabore avec la danseuse indienne Rohee Uberoi pour explorer l’infinie polysémie des archives numériques face à la tradition.
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