La Société Française d’Écologie et d’Évolution n’a pas pu signer cette excellent tribune, mais la soutient pleinement.

Crises environnementales : 1 400 scientifiques appellent les candidats à la présidentielle et les médias à sortir « des discours de l’inaction »

« La technicité et la complexité des sujets, l’affirmation de leur caractère anxiogène, la conviction qu’ils dépassent les clivages politiques et n’ont qu’un faible intérêt pour le grand public – la promesse donc d’un audimat en berne –, sont souvent avancées pour justifier ce silence. Pourtant, selon la dernière enquête de l’Ademe (Agence de la transition écologique), l’environnement est une préoccupation majeure des Français, qui perçoivent de plus en plus les effets d’un climat qui change (+1,7 °C depuis 1900 en France). D’après l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), deux tiers d’entre eux sont déjà directement exposés aux risques climatiques. »

« Encore faut-il que les citoyens puissent décider en leur âme et conscience. Pour cela, les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent pouvoir s’exprimer, et donc être interrogés, sur des questions de fond.

Elles sont nombreuses. Ainsi, comment fait-on pour :

  • tripler le rythme des baisses des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2024, sans augmenter les inégalités sociales et territoriales ? Orienter les investissements de la France vers la neutralité carbone ? Agir sur les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane ? Développer les puits de carbone, alors que nos forêts souffrent déjà du climat qui change ?
  • réduire notre dépendance aux énergies fossiles, sans augmenter la précarité énergétique, en accompagnant la reconversion de certains emplois et en formant une main-d’œuvre qualifiée pour satisfaire les nouveaux besoins ?
  • intégrer les enjeux environnementaux dans les accords commerciaux internationaux, pour diminuer notre empreinte carbone, la déforestation importée, la consommation d’eau ou de plastiques ?
  • transformer les filières agricoles, industrielles, touristiques, pour répondre aux impacts du changement climatique, au renchérissement des matières premières, à l’adoption de nouvelles normes internationales, aux attentes des consommateurs ?
  • adapter les villes pour réduire leur vulnérabilité aux extrêmes chauds, secs et humides, selon une logique bas-carbone, tout en luttant contre l’habitat insalubre et le mal-logement, sans augmenter l’artificialisation des sols ?
  • se préparer à des événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, renforcer les systèmes de gestion de crise et d’assurance et engager des moyens à la hauteur des enjeux d’adaptation et de résilience ? Anticiper les déplacements de populations, d’infrastructures et d’activités, notamment sur les littoraux, et considérer dès à présent le devenir des territoires les plus exposés ?
  • peser sur la diplomatie mondiale du climat et de la protection de l’environnement, afin que les Etats respectent leurs engagements et que l’accord de Paris joue véritablement son rôle ?
  • œuvrer pour que l’éradication de la pauvreté dans le monde soit combinée avec l’adoption de modèles de développement durable et l’émancipation des femmes ? »